A - Un temps de redécouverte des modèles antiques et de dépassement des canons artistiques médiévaux
À partir du XVe siècle sont découverts ou remis en valeur les monuments et les arts issus de l’Antiquité gréco-romaine.
Ainsi, la république de Venise ramène de ses campagnes militaires des statues antiques grecques qu’elle expose devant ses monuments publics comme les lions de l’Arsenal (des sculptures antiques représentant des lions et ramenées des îles grecques collectés jusqu'au XVIIIe siècle).
Les lions et lionnes grecs de l'Arsenal de Venise
Le lion du Pirée (le port antique d'Athènes) ramené à Venise au 17ème siècle
On peut citer également les chevaux de la basilique Saint-Marc à Venise. Ces quatre chevaux de bronze doré auraient été réalisés en Grèce au IVe siècle av. J.-C. et installé sur l'île de Rhodes ou celle de Chios puis transférés à Constantinople puis installé dans l'hippodrome de la ville que l'empereur Constantin érigea en nouvelle capitale de l'Empire romain à partir de 330 après Jésus-Christ. Les chevaux sont toujours présents dans la ville quand en 1204, durant la Quatrième croisade, les troupes vénitiennes participent au sac (pillage) de la ville. Le doge Enrico Dandolo fait alors saisir les chevaux et les fait transporter à Venise sur des galères.
Ramenés à Venise, ils sont installés sur la façade de la basilique Saint-Marc en 1254 pour symboliser la puissance de la ville de Venise et le triomphe de la foi catholique sur la foi orthodoxe.
Ces chevaux sont ensuite copiés et servent d'inspiration à de nombreux sculpteurs (comme Donatello) ou graveurs (Dürer) de la Renaissance. Pétrarque (un écrivain du 14ème siècle) les cite comme "chefs d’œuvre de l'art antique". Ils sont un symbole de la redécouverte de l'art antique.
Les chevaux de Saint-Marc
À Rome, à la fin du xve siècle, un jeune homme tombe dans un trou sur les pentes au nord du Colisée et découvre à l’intérieur des salles voûtées ornées de fresques, les fresques de la « domus aurea » le palais de Néron achevé en 69 après J.-C. et presque aussitôt partiellement détruit et enseveli.
Ainsi découvertes ces fresques antiques inspirèrent un nouveau style de décoration plein de fantaisie, le « grotesques » (de « grotte »). Les célèbres artistes Raphaël et Michel-Ange, descendent alors à leur tour, descente qui révéla chez eux l’envie de mettre au jour l’art antique et de s’en inspirer. Raphaël en tira ainsi la majeure partie de son inspiration pour la décoration des Loges de Raphaël dans le palais papal du Vatican.
Les fresques de la Domus Aurea
Les grotesques réalisées par Rafael au Vatican entre 1518 et 1519
En 1506 est découvert lors de travaux de terrassement sur la colline antique de l'Esquilin le "groupe de Laocoon", une célèbre statue hellénistique décrite par l'historien Pline puis perdue. Rafael est subjugué par le réalisme de la sculpture. La découverte du Laocoon bouleverse l'art européen du XVIème siècle.
Dans la foulée de ces découvertes les princes italiens (comme Côme de Médicis né en 1389 et mort en 1464 et qui règne sur la ville de Florence) et les papes (comme le pape Jules II né en 1443 et mort en 1513) soutiennent les artistes en leur commandant des œuvres (comme les fresques de la chapelle Sixtine réalisées pour Jules II par Michel-Ange entre 1508 et 1512).
La création du monde, l'une des plus célèbres fresque peinte dans la chapelle Sixtine par Michel-Ange.
B - Un temps d'avancées scientifiques majeures
La Renaissance est également un temps majeur de progrès scientifiques et techniques.
Favorisés par l'effritement du pouvoir de l’Église et l'émergence de grands princes et rois puissants qui financent académies, écoles et universités les sciences modernes émergent. La connaissance n'est dès lors plus basée sur les textes religieux, leurs commentaires ou les avis rendus par les autorités religieuses mais sur l'observation vérifiée et l'étude des textes antiques (donc païens) et des sciences arabes découvertes à la faveur des croisades.
Un bon exemple de ce processus de découverte puis de dépassement des sources antiques et enfin de réécriture par l'observation est celui des études anatomiques réalisées par André Vésale.
Né en 1514, André Vésale se passionne très tôt pour les sciences naturelles et les squelettes. Né à Bruxelles près du "mont de la potence" dans une famille de médecin il aurait très jeune collectionné les ossements animaux et humains (ossements récupérés près du gibet voisin). Après avoir étudié à Bruxelles puis à Louvain il vient étudier à Paris en 1533. Il réside à Paris éloigné du centre-ville (il habite rue de la Grange-aux-Belles) mais tout près du gibet de Montfaucon (sans doute l'actuelle place du colonel Fabien). Il est également régulièrement vu déterrant des ossements dans le vieux cimetière médiéval des Innocents.
Il étudie de nouveau à Louvain (en Belgique) puis à Padoue (en Italie). Il obtient son doctorat à Padoue en 1537 puis est nommé par le Sénat de Venise à un poste de lecteur en chirurgie. Au sein de la république de Venise il enseigne l'anatomie en se basant sur ses propre dissection. Fidèle lecteur du médecin antique grec du IIe siècle Galien, dont les textes sont connus en Europe via les traductions et synthèses produites par les savants arabes du XIe et XIIe siècle comme Avicenne (980-1037), il est étonné par les différences qu'il constate entre les organes humains tels qu'il les voit lors de ses dissections et les descriptions qu'en avait fait Galien.
André Vésale acquière rapidement la certitude que les travaux de Galien s'appuient non pas sur des dissections d'homme, mais sur des dissections de singes, sans doute des macaques d'Afrique du Nord ou singes magots. André Vésale réécrit dès lors complètement l'anatomie humaine au prisme de ses observations, aboutissant avec l'aide d'artistes et d'imprimeurs à la production de traités de médecines et d'anatomie qui seront la base de la naissance de la médecine moderne en Europe.
Planches anatomiques réalisées sous la direction d'André Vésale.
C - Affirmation du pouvoir royal et conflits religieux
La Renaissance est aussi une période de remise en cause du pouvoir de l'Eglise et de concentration des pouvoirs politiques, militaires et judiciaires dans les mains du roi.
La façon de penser des hommes se transforme, surtout à partir du XVIe siècle. Les intellectuels de la Renaissance mettent désormais au centre de leurs préoccupations l'homme et ses besoins. Les connaissances s'inspirent désormais de l'observation et non plus seulement des textes religieux. L'Antiquité païenne (les textes hérités de la Rome antique et de la Grèce antique) devient également un modèle, une inspiration.
Un nouveau modèle d'homme apparaît : l'humaniste. Les humanistes souhaitent un plus grand accès des hommes à la connaissance. Ils communiquent par lettres et font imprimer également des livres pour faire circuler leurs idées. Léonard de Vinci, mais aussi Erasme de Rotterdam sont deux humanistes célèbres.
Au début du XVIe siècle, l'Eglise catholique voit son rôle remis en cause. En 1517, Martin Luther, un moine allemand publie ses "95 thèses", un pamphlet dirigé contre le pape et le fonctionnement de l'Eglise catholique. Luther est à l'origine de la création d'une église dissidente à l'Eglise catholique, l'Eglise réformée. On parle aussi de protestants.
En France, il est rejoint par Jean Calvin, le fondateur du calvinisme. Calvisme et luthéranisme sont les deux plus grands courants du protestantisme.