EMC TERMINALES - Axe 2 : Repenser et faire vivre la démocratie

 EMC TERMINALES - Axe 2 : Repenser et faire vivre la démocratie


Questionnement : comment construire l’avenir de la démocratie dans un monde

d’incertitudes ?


I - Premier axe : liberté d’expression et médias


Laurent Berger, le président du syndicat CFDT, syndicat réformiste, a déclaré en interview le 5 avril 2023 : “il y a une crise démocratique dans le pays” en parlant de la France contemporaine. 

Pour comprendre cette phrase, il faut déjà s’interroger sur les conditions du débat démocratique. 


On peut citer : 

  • les élections libres, 

  • une constitution équilibrée, 

  • des citoyens exerçant la souveraineté, ou votant librement pour leurs représentants qui exerceront cette souveraineté.


L’une des conditions d’expression de la démocratie, c’est un débat démocratique. Un débat démocratique, c’est un débat qui garantit la liberté d’expression au sein de la collectivité souveraine. Un débat démocratique permet l’expression d’opinions, d’avis, pluriel.  


La liberté d’expression n’est pas absolue. Certaines opinions (appel aux meurtres, négation d’évènements historiques, racisme, homophobie, transphobie) ne sont pas admises. Il est introduit par l'article 24 bis et punit « d'un an d'emprisonnement et de 45 000 € d'amendes ceux qui auront contesté, par un des moyens énoncés à l'article 23, l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité ».


Pour garantir cette expression plurielle, des débats aux conditions de réalisations équitables sont organisés. Un exemple, les débats menés lors de la campagne électorale précédant les élections présidentielles françaises où chaque candidat est invité et à le même temps de parole. Un organisme public, l’ARCOM (ex-CSA) est garant des temps de parole, lors des débats et sur l’ensemble des grilles de programmes au cours de la campagne.


Quelles sont les conditions du débat démocratique ? 

Les différentes opinions existantes dans le pays doivent pouvoir être exprimées puis il appartient aux médias de les relever, de les différencier, de les présenter et de les commenter. 

Chaque média possède ses sensibilités, sa ligne éditoriale. Pour les grands titres de presse : Le Monde, Libération, Le Figaro, Le Parisien, Ouest-France, les sensibilités vont du centre droit (Le Figaro) à la gauche de gouvernement (Libération). 

Il ne faut pas être naïf et savoir que l’objectivité la plus complète n’existe pas. 

Dans les journaux, les pages “Tribunes” permettent l’expression des avis divergents et de compléter les faits. Les articles présentant des faits doivent être séparés du contenu “éditorial” de type tribunes, éditorial, avis.  


Comment les médias participent-ils au débat démocratique ?

Les médias permettent de synthétiser l’information. Problème en France, ils sont très concentrés et largement verrouillés. Les plus grands groupes d’information appartiennent à moins de 20 personnes. 


Qui sont les 5 plus grands propriétaires de médias ? 


  • Patrick Drahi, né en 1963 en Israël , Patrick Drahi a fondé Altice en 2002 , une entreprise spécialisée dans les télécommunications et les médias. Il est devenu milliardaire grâce à l’expansion rapide de sa société, qui a acquis plusieurs opérateurs de téléphonie mobile et de câbles à travers le monde. En plus de ses activités dans le télécom, Patrick Drahi a commencé à investir dans les médias en France dans les années 2010, avec l’acquisition notamment de SFR Média, de titres de presse comme Libération et l’Express mais aussi des chaînes de télévision comme RMC et BFMTV.


  • Vincent Bolloré, né en 1951 en Bretagne, Vincent Bolloré est le PDG du groupe Bolloré, une entreprise spécialisée dans la logistique, le transport, les médias et les énergies fossiles. Il a pris les rênes de l’entreprise familiale dans les années 1980 et l’a développé à l’international. En plus de Canal+, et Direct Matin, il possède également la société de production de films Studio Canal. 


  • Arnaud Lagardère, né en 1961 à Boulogne Billancourt, il est le PDG du groupe Lagardère, une entreprise spécialisée dans les médias, l’édition et la distribution de presse, également, via Matra , la famille Lagardère a réalisé des revenus importants dans l’aérospatial, l’automobile et l’armement. 


  • Martin Bouygues, il est le PDG du groupe Bouygues, une entreprise diversifiée dans le secteur de la construction , des médias, des télécommunications et de l’énergie. Il prend les rênes de l’entreprise familiale en 1989 et poursuit la croissance du groupe en diversifiant ses activités. Il a acquis la chaîne de télévision TF1 en 1987 et des radios RTL et RFM en 2000 . 


  • Xavier Niel est le fondateur de l’opérateur de téléphonie Free. Il est également un investisseur actif dans les startups et entreprises technologiques en France et dans le monde. En 2010, il a acquis une participation majoritaire dans le groupe le Monde, avant d’investir dans d’autres médias tel que l’OBS et Médiapart. 


on peut ajouter : 


  • La famille Dassault : Depuis 2004, la famille Dassault, dont la fortune est estimée à plus de 20 milliards d’euros par Forbes, est propriétaire du groupe Le Figaro. Le Figaro détient également les médias en ligne Wansquare et La lettre de l’Expansion, spécialisés dans l’information économique et financière.

  • François Pinault : Autre grand nom du luxe avec son groupe Kering, François Pinault, dont la fortune s’élève à 37 milliards d’euros d'après Forbes, détient au travers de sa holding personnelle Artemis, l’hebdomadaire Le Point. Il fait également partie du consortium propriétaire de Point de vue, le magazine des têtes couronnées. 


Les propriétaires de médias ont tendance à intervenir dans les rédactions qui leur appartiennent, dès lors, l’éthique de vérité des médias peut-être brisée. Ci-dessous, la carte dressée par Acrimed de la concentration des médias en France. 



Quelques exemples d'ingérence dans les médias par des propriétaires : 


En janvier 2021, Vincent Bolloré, l’un des principaux actionnaires de Vivendi, a nommé Arnault De Puyfontaine qui a licencié 140 journalistes dont les plus hostiles à Vincent Bolloré.


En 2015, Canal+ avait prévu de diffuser un documentaire sur le Crédit Mutuel (partenaire financier du groupe Bolloré). Vincent Bolloré est personnellement intervenu pour déprogrammer ce documentaire au prétexte d’une partialité du reportage jamais démontrée. Il semble plus probable qu’il s’agisse d’éviter une déstabilisation du Crédit Mutuel, un groupe ami.


En 2016, l’émission satirique Les Guignols de l’Info est supprimée sur décision de Vincent Bolloré. 


II - Réseaux sociaux : quelle éducation ?

Synthèse: Les usagers, particulièrement les plus jeunes doivent faire attention à l'addiction, à la perte de temps, au harcèlement, aux Fakes News, à la propagande, création “d’une bulle d’opinion” ( disparition de la contradiction ), aux drops shippings frauduleux, à l’isolement, pornographie pour les mineurs, pedophilie. Donc il est important de limiter les usages et que les parents contrôlent. L’incitation au suicide ou aux comportements dangereux est passible selon le code pénal de 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. 


III - Démocratie, exemplarité et transparence


La république met en place des politiques de lutte contre la corruption, des mesures concernant l’exigence de transparence financière des acteurs politiques et le financement des campagnes électorales (pour cela, est créé en 2014 le PNF, Parquet National Financier). Les abus de pouvoir des élus, exercés dans le cadre de leur fonction, sont jugés par les juges administratifs (tribunaux administratifs, cours administratives d’appel, et Conseil d’Etat). Sans politique d’action contre la corruption, la défiance vis-à-vis des institutions grandit et l'abstention se développe. Elle fragilise la démocratie en rendant les élections peu représentatives. 


Les mesures visant à la moralisation de la vie publique.

En terme d’action juridique, en 2013 est créée la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique, par exemple, qui demande et contrôle les déclarations de patrimoine des députés. Également le mouvement #metoo et les mobilisations de lanceurs d’alerte parfois collectif, permettent de faire émerger de nouvelles affaires. La limite étant que le travail de la justice doit être possible, complémentairement à #metoo. L’information des citoyens doit se faire dans le respect du droit à la défense, de la présomption d’innocence et du respect à la vie privée. 



IV - Conscience démocratique et relations internationales : la défense des droits de

l’Homme


Les pays du monde, particulièrement les démocraties libérales coopèrent en matière de police (Interpol) et de justice. En matière de justice, par exemple, s’est développé un droit pénal international pour punir spécifiquement les crimes liés aux génocides, aux crimes de masse et aux violences extrêmes. 


Le droit international moderne est né des traités de paix européens des XVIIème-XVIIIème siècle, comme le traité de Westphalie en 1648. Puis, spécifiquement, les crimes de guerre sont dénoncés par la Convention de Genève (première forme 1864, les plus importantes sont celles de 1906, 1929, 1949). La notion de génocide, défini comme la volonté de détruire une population entière. Il existe pour juger de ces crimes le TPI, tribunal pénal international de La Haye, créé en 2002.