THÈME III - LA FRANCE ET L'EUROPE AU XIXE SIÈCLE IV -

THÈME III - LA FRANCE ET L'EUROPE AU XIXE SIÈCLE IV - CONQUÊTES COLONIALES ET INÉGALITÉS

PROBLÉMATIQUE - En quoi la conquête de nouveaux territoires par les puissances européennes a-t-elle conduit à la formation de sociétés coloniales injustes, inégalitaires?

A - La conquête de territoires immenses par les états européens au XIXe siècle

L'industrialisation des pays européens s'accompagne d'une croissance démographique importante. 

Mieux nourris par une production agricole en hausse (utilisation d'engrais performants, nouvelles semences et nouvelles espèces cultivées comme le maïs ou la pomme de terre qui enrichissent l'alimentation des populations) mieux soignés grâce aux progrès de la médecine (vaccination, meilleure hygiène) et mieux éduqués (meilleure hygiène) grâce aux politiques d'éducation nationales, qu'au cours des siècles précédents, la population européenne double entre 1800 et 1900 (elle passe de 200 à 400 millions d'européens).

Nombreuses et bien équipées, les armées européennes (canons à percussion centrale, navires cuirassés à vapeur, fusils à répétition) se rendent maîtresses de territoires indépendants extra-européens mais aussi d'anciennes colonies alors aux mains d'états dont le pouvoir s'effondre (par exemple: l'Algérie, ancienne possession ottomane, est conquise par les armées françaises à partir de 1830 sans intervention ottomane pour s'y opposer). 

B - Mais la conquête coloniale ne se fait pas sans résistance 

Un personnage en particulier incarne la résistance algérienne à l'invasion, l'émir Abd-El-Kader (1808-1883) qui organise la résistance à l'invasion française à partir d'Oran puis de l'intérieur du pays de 1831 à 1847.  

La prise de la smala d'Abd-El-Kader par le duc d'Aumale (fils du roi Louis-Philippe) à Taguin, en Algérie, le 16 mai 1843, par Horace Vernet, 1843 (détail) . Le duc d'Aumale est visible à droite, sur son cheval blanc.


Louis-Napoléon Bonaparte (neveu de Napoléon Ier et futur Napoléon III empereur des Français à partir du 2 décembre 1852) alors prince-président de la Deuxième République  annonce à l'émir Abd-El-Kader sa libération en octobre 1852, huile sur toile par Ange Tissier, vers 1860.

Une autre figure de la résistance à la colonisation, Samory Touré (1830-1900). 

 Samory Touré



Chef de guerre d'origine bambara-mandingue (né dans la future Guinée) et converti à l'Islam, il est le fondateur de l'empire Wassoulou qui s'oppose à la domination française entre 1878 et 1898 dans toute l'Afrique de l'Ouest. Capable de réunir sous son autorité des populations diverses, de commercer et de négocier avec les Anglais du Sierra Leone pour obtenir des armes auprès contre les Français, il exige néanmoins la fourniture régulière de captifs aux populations animistes qu'il a soumis, ce qui le rendra impopulaire, particulièrement en Côte d'Ivoire.  

  
L'Empire Wassoulou vers 1885

 Cavaliers du sud du Sahara, pays mandingue (fin du XIXe siècle)


Femme mandingue du Sénégal (haut) et du Mali (bas), années 2000


C - La mise en place de sociétés inégalitaires dans les colonies

Malgré les résistances locales (révoltes, oppositions puis mouvements politiques pour l'indépendance) et nationales (en France, par exemple, les partis socialistes et communistes s'opposent à la colonisation) la majorité des pays extra-européens connaîtront une période de colonisation.

Exemple : Période coloniale de l'Algérie (1830-1962), du Maroc (1912-1946), du Niger (1900-1960, du Mali (1895-1960).  

Une date particulièrement importante : La conférence de Berlin (15 novembre 1884 à Berlin et finit le 26 février 1885) conférence internationale aboutissant à un véritable partage de l'Afrique entre les puissances européennes. 




Question : D'après la gravure, quelle place est laissée aux populations africaines pour exprimer leur point de vue à la conférence de Berlin? Quel support documentaire sert de support au partage du continent? 



Questions : Identifiez le chancelier allemand O. Von Bismarck . Quel rôle est assigné à l'Afrique sur cette caricature? Et à Bismarck? 

La société coloniale : les inégalités institutionnalisées
"Au moment où commence la guerre d'indépendance, l'inégalité est institutionnalisée au sein de la population d'Algérie. Une série d'ordonnances et de lois promulguées entre 1944 et 1947 met certes fin au code de l'indigénat, qui avait privé de facto la plupart des « musulmans d'Algérie» de tout pouvoir politique. Ces réformes n'établissent pas pour autant une égalité entre « Français musulmans » et  « Français non musulmans » dans les départements algériens. Les droits civils diffèrent. L'accès au pouvoir politique également. Toutes les femmes algériennes restent privées du droit de vote. L'instauration d'un « double­ collège » (« collège musulman » et « collège de droit commun ») pour les élections locales et nationales revient à établir une égalité des pouvoirs entre les deux catégories de population, niant ainsi la prépondérance démographique des Français musulmans, ne leur accordant qu'une citoyenneté minorée. A cette inégalité, s'ajoute le trucage régulier des scrutins. Il faut attendre les ordonnances de novembre 1958, prises après le retour au pouvoir du général de Gaulle, pour que les Algériens, hommes et femmes, accèdent aux mêmes droits politiques que les autres citoyens français. Cette égalité, trop tardive, n'aura existé que les quatre dernières années de la colonisation."

Source : atelier de cinéma populaire "Grand ensemble"

EXERCICE : 1. Rédigez un court paragraphe mettant en lumière les inégalités présentes dans la société algérienne de la fin de la colonisation. 2. Pourquoi, pour l'auteur, l'égalité réelle est-elle "arrivée trop tard"?

 Des parachutistes dans la Casbah d'Alger en 1957 ("bataille d'Alger")

D - Droit de vote et émancipation féminine

 Alfred Bramtot, un bureau de vote en 1891, Mairie des Lilas

Questions : 1. Observez le tableau, dans quelle mesure le vote, en 1891, était-il différent dans son déroulé? (Autrement dit, quels éléments du vote contemporain (aujourd'hui) n'existaient pas à l'époque?) 2. Identifiez les personnages présents, qui semble riche? Qui semble pauvre? Dans quelle mesure le vote les rend-t-il tous égaux au sein du scrutin? 3. Qui est absent de cette scène? Qui ne peut voter à l'époque, même majeure?

Le droit de vote en France, quelles évolutions?  
1789 : Pendant l'Ancien Régime, les français ne votent que pour des scrutins locaux (élections professionnelles dans les corporations municipales, élus aux assemblées locales comme certains parlements, désignation d'envoyés aux états-généraux). Le vote se fait par ordre et il est censitaire (payant). Les femmes en sont largement exclues sauf dérogation exceptionnelle (les veuves votent parfois). Le roi n'est évidemment pas élu. 
1791: Avec la révolution tout change. Les votes nationaux apparaissent (élection des députés de l'Assemblée nationale) mais le suffrage demeure censitaire et indirect. Les électeurs votent pour élire des électeurs de second degré qui éliront les députés de l'Assemblée nationale.
1792 : Après la proclamation de la Première république (22 septembre 1792) le suffrage universel masculin devient la norme. Il restera le suffrage par excellence de toute la période montagnarde.
1795 : Après la chute de Robespierre le suffrage censitaire fait son grand retour
1804 : L'Empire napoléonien s'appuie sur un suffrage complexe à trois degrés et sur des listes d'aptitude très contrôlées. Le suffrage redevient universel mais il est tellement indirect et contrôlé qu'il n'est plus réellement démocratique. Par le plébiscite, c'est-à-dire un vote ou l'on répond par "oui" ou par "non" à une question, Napoléon fait ratifier par le peuple ses plus grandes décisions. 
1815 : Le vote censitaire est rétabli. 
1820 : Création du "double-vote", les plus riches peuvent voter deux fois.  
1830 : Le cens est abaissé de 300 à 200 francs par la Monarchie de juillet (Louis-Philippe) et l'âge du droit de vote passe de 30 à 25 ans.
1848 : La Seconde république octroie le suffrage universel masculin aux Français (hommes de plus de 21 ans).
1848 : Napoléon III (neveu de Napoléon Ier) est élu président de la République, il prend le titre de Prince-Président puis devient empereur à partir du 2 décembre 1852. Comme son oncle il appuiera largement son régime sur le plébiscite mais le suffrage universel est conservé mais encadré (création de liste de candidats officiels, obligation pour les candidats de jurer fidélité à la constitution impériale de 1852). 

QUESTION : Sélectionnez 5 dates importantes de la chronologie précédente, justifiez votre choix.

"Le passé, le présent, le futur"                                          (près de la femme "FRANCE")

QUESTION : De quel type de dessin s'agit-il ici? Qui sont les souverains représentés? Quelles critiques sont ici adressées aux deux dirigeants? 

Vers 1904, des suffragettes.

QUESTION : Quelles raisons sont ici invoquées pour justifier le soutien au droit de vote des femmes? Quand les femmes obtiendront-elles finalement le droit de vote en France?



THÈME III - LA FRANCE ET L'EUROPE AU XIXe SIÈCLE III - LES MOUVEMENTS OUVRIERS


THÈME III - LA FRANCE ET L'EUROPE AU XIXe SIÈCLE 

III - LES MOUVEMENTS OUVRIERS

Tout au long du XIXe siècle (1801-1900) les dures conditions de travail des ouvriers dans les usines (travail des enfants, journée de douze heures, salaires bas, accidents du travail nombreux) sont dénoncées par les ouvriers lors de grèves et de manifestations.

En 1884, de février à avril, la Grande grève des mineurs d'Anzin regroupe plus de 10 000 grévistes pendant deux mois. 


Une gravure de la fin du XIXe siècle représentant des grévistes auprès d'un chevalement à Anzin, lors de la grève des mineurs de 1884. 
Cette grande grève de 1884 inspirera Germinal à Émile Zola.

Qui fait grève? Pourquoi? Comment? Des historiens comme Stéphane Sirot étudient les grèves, c'est l'histoire sociale. 

Pour organiser leur mouvement et centraliser leurs revendications les ouvriers se fédèrent dans des associations professionnelles, les syndicats, autorisés à partir de mars 1884. 

Auparavant, seules de petites associations et mutuelles locales étaient tolérées. Avec la loi de 1884 sur la liberté syndicale, de grands syndicats nationaux regroupant des milliers de travailleurs sont créés comme la C.G.T. (Confédération Générale du Travail) en 1895.

Les mouvements de revendication ouvriers donneront naissance à deux courants de pensées politiques majeurs des XIXe et XXe siècle : le communisme et l'anarchisme.

Communisme : doctrine politique visant à instaurer une société sans classe via la suppression de la propriété privée au profit de la propriété collective. Le courant politique dominant du communisme est le marxisme, un courant politique dérivé des écrits du philosophe allemand Karl Marx (1818-1883).


Anarchisme : doctrine politique et sociale visant à l’établissement d’une société égalitaire rejetant le principe d’autorité. Les différentes écoles de pensées anarchistes rejettent les institutions représentant une autorité contraignante comme l’État ou l’Église. Pour les anarchistes, seules doivent exister la coopération et l’autogestion libre entre individus. Pierre-Joseph Proudhon est le premier penseur politique à théoriser l’anarchisme politique.



Document 1. "La continuation" Une affiche de propagande maoïste (manufacture populaire d’affiches de Canton (?), Chine, années 1960).


Question 1. DESCRIPTION : Présentez et décrivez le document, identifiez les personnages présents (dans le désordre : Mao Zedong (1893-1976), Lénine (1870-1924), Staline (1878-1953), Karl Marx (1818-1883), Friedrich Engels (1820-1895)) décrivez le fond de l’affiche, décrivez la position des bustes. 
 
Question 2. EXPLOITATION : En vous basant sur votre réponse à la question 1, quelle idée est défendue par cette affiche chinoise ? (Justifiez votre proposition)



Un symbole anarchiste, le "A dans l'O" (pour « organisation autonome ») :


Un symbole communiste, la faucille et le marteau croisé :



Question 3 : D’après vous que peuvent symboliser la faucille et le marteau croisés ?