Thème 2 : Territoires, populations et développement: quels défis?
CHAPITRE 1 - Des trajectoires démographiques différenciées : les défis du nombre et du vieillissement.
A) Un monde de plus en plus peuplé.
La population mondiale (qui correspond au nombre d'êtres humains (hommes, femmes et enfants) vivant sur Terre à un instant donné) est en constante augmentation depuis le XVIIIe siècle.
En effet, la population mondiale était estimée début 2020 à 7,8 milliards d'humains alors qu'elle était estimée à 6,1 milliards en 2000, et autour d'à peine 1,6 milliard d'individus au début du XXe siècle (en 1900). En 1800, malgré les guerres et les épidémies, elle avait déjà atteint 1 milliard de personnes quand elle était d'environ 600 millions d'individus en 1600.
Mais on constate aujourd'hui que l'augmentation de la population tend à ralentir
avec la baisse mondiale générale de l'indice de fécondité (c'est à dire le nombre moyen d'enfants par femme).
Les continents les plus peuplés sont en 2020 l'Asie (59% de la population mondiale, 4,6 milliards d'habitants) et l'Afrique (17% de la population du monde pour 1,3 milliard d'individus). L'Europe, avec 700 millions d'habitants ne représente que 9% de la population mondiale.
Schéma présentant l'évolution de la population mondiale et les estimations de l'ONU pour le futur.
1. Comment caractériser mathématiquement la hausse de la population mondiale à partir de 1940?
2. Mener une recherche pour déterminer les causes de croissance de la population mondiale au XXe siècle?
B) Un monde de plus en plus vieux?
Aujourd'hui, l'accroissement de la population mondiale est porté à majorité par 2 continents, l'Asie et l'Afrique, mais avec d'énormes disparités en terme de trajectoire.
Ainsi, au Niger, le taux de fécondité par femme est passé de 8 enfants par femme en 1970 à 6 enfants en 2020 quand à Taïwan, il est passé de 6 enfants par femme en 1960 à 1 en 2020.
Un taux de fécondité en baisse induit sur le long terme le vieillissement général de la population. Dans les pays les plus riches, principalement en Europe et en Asie orientale une phase de vieillissement est déjà visible. Les personnes faisant moins d'enfants et vivant plus vieux, l'âge moyen augmente. Ce phénomène de transition démographique devrait aussi se produire dans les pays les plus pauvres, cette transition étant déjà en marche par exemple au Maghreb ou en Afrique du Sud.
ÉTUDE DE CAS - L'évolution de la population en Tunisie.
Document 1. Localisation de la Tunisie.
Document 2. Le témoignage d'Imen, 16 ans, jeune tunisienne de Sfax.
"Avant de faire des enfants, je veux finir mes études et voyager. Ma grand-mère a eu son premier enfant à 15 ans et n'a jamais quitté son village, cela me semble inconcevable. C'était peut-être bien pour elle. Elle ne se plaint jamais. Mais moi, je veux aller étudier en Amérique ou en Europe et travailler avant de faire des enfants. Je pense aussi travailler. Si l'on a trop d'enfants, c'est impossible de travailler. Et puis je veux pouvoir leur offrir des vêtements, les emmener en vacances, leur offrir des jouets, des études. C'est plus facile de faire tout ça s'il on n'a peu d'enfants. Moi, je pense n'avoir qu'un ou deux enfants. Je pense que c'est suffisant."
Document 3. Un avortement en Tunisie.
"Je viens faire un témoignage par rapport à mon expérience d'ivg en
Tunisie. Je fais ce témoignage pour deux raisons : la première, c'est pour
partager cette expérience pour celles qui, comme moi ces
dernières semaines, cherchent désespéramment des témoignages en Tunisie,
et la deuxième, c'est pour pouvoir évacuer toute cette pression des
derniers jours.
Alors, commençons par le commencement: 23 ans, célibataire, avec mon copain depuis plus d'une année, mais nous avons des rapports que depuis quelques mois. On fait beaucoup attention, mais c'est quand même arrivé. En général mes règles sont juste réglées comme une horloge, donc au premier jour de retard, je commence déjà à avoir des doutes. J'attends quelques jours, puis je vais dans une clinique, je demande à voir un gynécologue, et là on me m'envoie auprès d'une dame, gynécologue, qui me pose comme première question: Est-ce que vous êtes mariée? je dis oui, juste pour être tranquille, car en Tunisie, malgré tout, c'est encore très mal vu d'avoir des rapports hors mariages. Elle me demande la date de mes dernières règles, si je prends la pilule (je dis que non), puis me dis de la contacter quand j'aurai le résultat.
Je vais au laboratoire d'analyse, et 2 heures après, verdict: c'est positif mais le taux d'hormones est encore bas. Je recontacte la gynécologue pour un rendez-vous le lendemain dans son cabinet pour une échographie.
C'est le choc pour moi, première fois que je tombe enceinte, j'en parle avec mon copain, il me soutient et la décision est claire, on ne peut pas le garder, on est encore tous les deux étudiants, on ne peut pas se marier et puis hors de question de le garder hors mariage dans une société très conservatrice et pleine de préjugés.
Et à partir de ce moment, début d'une longue période de stresse et d'angoisse. C'est la première fois que ça m'arrive, je ne peux en parler à personne et donc je regarde sur le net, et là je tombe sur tout et n'importe quoi, mais très peu de témoignages sur la Tunisie.
Je dors très mal cette nuit, le lendemain je vais à mon rendez-vous avec la gynécologue, je fais l'échographie, mais il n'y a rien, les ovaires se préparent, mais on ne voit rien, et là elle croit que je vais le garder, je lui dis quand dans tous les cas je ne le souhaite pas et là elle me lance un regard avec une moue désapprobatrice, ça me met encore plus mal à l'aise. Elle me dit qu'il va falloir attendre encore quelques jours pour être sûr de la grossesse.
Je dois donc attendre une semaine sous stress. J'habite avec ma famille, je ne dois donc rien montrer, surtout à mes parents. je compte les jours et je continue à lire sur internet, je me dis que je vais opter pour une ivg médicamenteuse, une ivg par aspiration me faisait peur, et je n'ai pas trouvé de témoignages concret en Tunisie. Enfin, 5 jours après, je retourne voir la gynécologue, elle me fait une autre écho, et on voit le petit sac. Je le vois et j'ai les larmes aux yeux. Je lui demande la procédure pour avorter, elle me demande pourquoi je souhaite le faire, et je lui sors quelque chose comme "je suis pas prête", mais je comprends qu'elle sait que je ne suis pas mariée et là elle me dit qu'il faut que j'aille au planning familial, que eux ils vont pouvoir se "charger de moi", je lui demande si elle ne peut pas me prescrire une ivg médicamenteuse, mais elle me dit que non, il vaut mieux aller au planning familial, elle me fait une lettre avec l'échographie, puis elle me souhaite bon courage. Je sors pour payer, et elle me dit que c'est bon: l'humiliation, comme si j'étais un cas social. J'insiste pour payer et je pars.
Mon copain m'attend dehors, j'espérais pouvoir en finir ce jour là, mais là il fallait aller au planning familial. J'entre et on me dit qu'il faut revenir le lundi. Je ne pouvais pas imaginer passer encore un weekend avec ce stress, je me dis que je veux en finir le plus tôt possible, même si je dois faire une ivg par aspiration. On va donc à la première clinique qu'on trouve, j'attends un peu et on me dit que je peux voir le gynécologue de suite. Il était 12h00. Je vois le gynécologue, un homme vieux de plus de 60 ans, très gentil, il ne me pose pas beaucoup de questions, me rassure, me fait une écho, me dis que je suis à 3 semaines de grossesse, demande si je suis à jeun, je dis que oui, il me demande si je souhaite le faire de suite, je dis oui. Je remplis une fiche, j'attends quelques minutes, je vais à la caisse, puis on me monte au bloc, on me demande de me déshabiller, tout le monde est très gentil, on me demande de mettre ma culotte sous l'oreiller avec une serviette hygiénique, on m'installe sur la table, je lève les jambes, c'est le moment le plus dur. Puis on m'injecte le produit pour l’anesthésie et à peine quelques secondes plus tard, je perds conscience. Je me réveille trente minutes après, c'est fini. J'ai quelques douleurs, mais rien d'insupportable, physiquement tout va bien. Le docteur me dit que tout va bien, il me donne des antibiotiques pendant 5 jours pour tout risque d'infection, je prends un café au lait avec beaucoup de sucre, tout le monde est gentil et sans jugement, et je peux sortir. Je sors à avant 14h. Je suis soulagée, terriblement soulagée que ce soit fini, mais je suis aussi très triste, à cause de mon expérience avec la première gynécologue qui m'a jugé et m'a mis une pression encore plus grande et un stress encore plus grand. Donc là je suis dans ma chambre, j'ai pris mes antibiotiques, je me repose et j'écris ce témoignage. C'était une expérience difficile, surtout sur le plan psychique, que je ne souhaite à aucune fille, surtout dans une société conservatrice, et un conseil, si vous vous sentez mal à l'aise avec un médecin, changer en, car personne n'a le droit de vous juger. Bon courage à tous."
Alors, commençons par le commencement: 23 ans, célibataire, avec mon copain depuis plus d'une année, mais nous avons des rapports que depuis quelques mois. On fait beaucoup attention, mais c'est quand même arrivé. En général mes règles sont juste réglées comme une horloge, donc au premier jour de retard, je commence déjà à avoir des doutes. J'attends quelques jours, puis je vais dans une clinique, je demande à voir un gynécologue, et là on me m'envoie auprès d'une dame, gynécologue, qui me pose comme première question: Est-ce que vous êtes mariée? je dis oui, juste pour être tranquille, car en Tunisie, malgré tout, c'est encore très mal vu d'avoir des rapports hors mariages. Elle me demande la date de mes dernières règles, si je prends la pilule (je dis que non), puis me dis de la contacter quand j'aurai le résultat.
Je vais au laboratoire d'analyse, et 2 heures après, verdict: c'est positif mais le taux d'hormones est encore bas. Je recontacte la gynécologue pour un rendez-vous le lendemain dans son cabinet pour une échographie.
C'est le choc pour moi, première fois que je tombe enceinte, j'en parle avec mon copain, il me soutient et la décision est claire, on ne peut pas le garder, on est encore tous les deux étudiants, on ne peut pas se marier et puis hors de question de le garder hors mariage dans une société très conservatrice et pleine de préjugés.
Et à partir de ce moment, début d'une longue période de stresse et d'angoisse. C'est la première fois que ça m'arrive, je ne peux en parler à personne et donc je regarde sur le net, et là je tombe sur tout et n'importe quoi, mais très peu de témoignages sur la Tunisie.
Je dors très mal cette nuit, le lendemain je vais à mon rendez-vous avec la gynécologue, je fais l'échographie, mais il n'y a rien, les ovaires se préparent, mais on ne voit rien, et là elle croit que je vais le garder, je lui dis quand dans tous les cas je ne le souhaite pas et là elle me lance un regard avec une moue désapprobatrice, ça me met encore plus mal à l'aise. Elle me dit qu'il va falloir attendre encore quelques jours pour être sûr de la grossesse.
Je dois donc attendre une semaine sous stress. J'habite avec ma famille, je ne dois donc rien montrer, surtout à mes parents. je compte les jours et je continue à lire sur internet, je me dis que je vais opter pour une ivg médicamenteuse, une ivg par aspiration me faisait peur, et je n'ai pas trouvé de témoignages concret en Tunisie. Enfin, 5 jours après, je retourne voir la gynécologue, elle me fait une autre écho, et on voit le petit sac. Je le vois et j'ai les larmes aux yeux. Je lui demande la procédure pour avorter, elle me demande pourquoi je souhaite le faire, et je lui sors quelque chose comme "je suis pas prête", mais je comprends qu'elle sait que je ne suis pas mariée et là elle me dit qu'il faut que j'aille au planning familial, que eux ils vont pouvoir se "charger de moi", je lui demande si elle ne peut pas me prescrire une ivg médicamenteuse, mais elle me dit que non, il vaut mieux aller au planning familial, elle me fait une lettre avec l'échographie, puis elle me souhaite bon courage. Je sors pour payer, et elle me dit que c'est bon: l'humiliation, comme si j'étais un cas social. J'insiste pour payer et je pars.
Mon copain m'attend dehors, j'espérais pouvoir en finir ce jour là, mais là il fallait aller au planning familial. J'entre et on me dit qu'il faut revenir le lundi. Je ne pouvais pas imaginer passer encore un weekend avec ce stress, je me dis que je veux en finir le plus tôt possible, même si je dois faire une ivg par aspiration. On va donc à la première clinique qu'on trouve, j'attends un peu et on me dit que je peux voir le gynécologue de suite. Il était 12h00. Je vois le gynécologue, un homme vieux de plus de 60 ans, très gentil, il ne me pose pas beaucoup de questions, me rassure, me fait une écho, me dis que je suis à 3 semaines de grossesse, demande si je suis à jeun, je dis que oui, il me demande si je souhaite le faire de suite, je dis oui. Je remplis une fiche, j'attends quelques minutes, je vais à la caisse, puis on me monte au bloc, on me demande de me déshabiller, tout le monde est très gentil, on me demande de mettre ma culotte sous l'oreiller avec une serviette hygiénique, on m'installe sur la table, je lève les jambes, c'est le moment le plus dur. Puis on m'injecte le produit pour l’anesthésie et à peine quelques secondes plus tard, je perds conscience. Je me réveille trente minutes après, c'est fini. J'ai quelques douleurs, mais rien d'insupportable, physiquement tout va bien. Le docteur me dit que tout va bien, il me donne des antibiotiques pendant 5 jours pour tout risque d'infection, je prends un café au lait avec beaucoup de sucre, tout le monde est gentil et sans jugement, et je peux sortir. Je sors à avant 14h. Je suis soulagée, terriblement soulagée que ce soit fini, mais je suis aussi très triste, à cause de mon expérience avec la première gynécologue qui m'a jugé et m'a mis une pression encore plus grande et un stress encore plus grand. Donc là je suis dans ma chambre, j'ai pris mes antibiotiques, je me repose et j'écris ce témoignage. C'était une expérience difficile, surtout sur le plan psychique, que je ne souhaite à aucune fille, surtout dans une société conservatrice, et un conseil, si vous vous sentez mal à l'aise avec un médecin, changer en, car personne n'a le droit de vous juger. Bon courage à tous."
Document 4. Évolution de l'indice de fécondité par femme en Tunisie.
Document 5. Évolution de la population tunisienne (en milliers d'individus).
Document 6. Comparaison des pyramides des âges (1960 et 2014) de la Tunisie.
1.Localisez la Tunisie.
2.Présentez les documents.
3.Quelle évolution a connu à partir de 1992 le taux de fécondité de la Tunisie?
4.Que peut-on dire de l'évolution de la population tunisienne entre 1991 et 2010, en termes de nombre et en terme de % de répartition des classes d'âge? (Appuyez-vous sur les documents 4, 5 et 6).
5.En vous appuyant sur les documents 2 et 3, expliquez pourquoi les femmes tunisiennes souhaitent pour certaines avoir moins d'enfants que les femmes des générations précédentes.
6.Quelles sont les moyens de contraception et d'interruption volontaire de grossesse dont disposent les femmes tunisiennes?
7.Quelles sont les raisons qui poussent la jeune femme du document 3 à avorter?
8.Quels sont les freins qu'elle rencontre alors?
9.Quelles humiliations dénonce-t-elle?
9.Pourquoi, pour la jeune femme du document 2, est-il sans doute plus dur de garder un enfant hors-mariage en Tunisie, mais également plus dur d'avorter, qu'en Europe?
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