TERMINALES GENERALE 2022-2023 - LA MONTEE DU FASCISME

 I - La montée du fascisme et l'émergence des totalitarismes en Europe

A - Le terreau fertile des espoirs de paix déçus


Après la signature de l'armistice entre les Alliés (ou Triple Entente) et l'ex Triple Alliance (ou Triplice) le 11 novembre 1918, les espoirs de paix en Europe sont très rapidement déçus . Si les grands empires centraux sont bien démantelés suite à la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919 et des traités annexes concernant le sort de l'Empire ottoman et de l'Autriche-Hongrie, la guerre continue en Europe sous une forme larvée. 


En Allemagne, des groupes paramilitaires, les "corps francs" se battent à l'Est pour garantir la frontière du Reich contre une possible expansion polonaise. 


En Russie, la Révolution russe d'octobre 1917 débouche sur une guerre civile qui se poursuit jusqu'en 1921, date à laquelle l'Armée rouge (l'armée mise en place par le régime bolcheviks) triomphe des armées "blanches" (troupes fidèles au régime impérial du tsar). Le tsar est exécuté dans l'Oural avec toute la famille impériale (le couple impérial et ses 5 enfants) le 17 juillet 1918, à 50 ans. La France et l'Angleterre, qui avaient pris le parti de lutter contre les Bolcheviks à partir de 1917 évacuent leurs dernières troupes en 1920.


En Allemagne le ressentiment est très fort. L'armée allemande est rentrée en Allemagne avec armes et bagages en 1918, le sol allemand n'a pas été marqué par le conflit et les régiments d'infanterie sont mobilisés pour lutter contre les insurrections communistes et socialistes comme celle menée par les Spartakistes à Berlin en janvier 1919. La fin de l'insurrection, le 15 janvier 1919, est marquée par l'assassinat par le lieutenant de cavalerie Vogel de la révolutionnaire et militante féministe Rosa Luxemburg. Son compagnon Karl Liebknecht est également assassiné.

Rosa Luxembourg en 1915


En Italie, au sortir de la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles n'a pas donné satisfaction à l'État royal italien. Si l'Italie a obtenu le Sud-Tyrol ainsi qu'une partie de l'Istrie, Fiume et l'Albanie promises à l’entrée en guerre ne lui sont pas données. La guerre a épuisé l’économie italienne. La lire (monnaie italienne) a dévissé et le coût de la vie a été multiplié par quatre. La révolte agraire gronde. 


En septembre 1919 le poète Gabriele d'Annunzio décide de créer un mouvement paramilitaire et encourage les régiments italiens voisins de Fiume (aujourd'hui Rijeka, en Croatie) à envahir la ville pour provoquer son rattachement à l’Italie. 


Fiume est occupée par des troupes italiennes, françaises, britanniques et américaines depuis l’armistice de novembre 1918. La ville de Fiume est à l'époque majoritairement italophone, mais ses faubourgs et son arrière-pays sont peuplés de slovènes et de croates. Les grandes puissances refusent cette annexion, les États-Unis, par leur président Woodrow Wilson (l’homme des “14 points”) rejette les demandes d'annexion du gouvernement italien, représenté par le président du Conseil Vittorio Emanuele Orlando un statut de ville libre est proposé mais le poète Gabriele d'Annunzio encourage le premier ministre Orlando, en installant à Fiume un gouvernement révolutionnaire pro-rattachement. Les fascistes sympathisent immédiatement avec les "arditi" de d’Annunzio mais leur intervention échoue car la pression internationale entraîne l'intervention de l'armée régulière italienne en Noël 1920 (c’est le “Noël sanglant” qui s’achèvent par la morts de 54 morts, dont 22 rebelles). 


Cette action devient un exemple pour le mouvement fasciste qui a soutenu d’Annunzio et qui reprend la “chemise noire” de l'uniforme des "arditi" de Gabriele d’Annunzio pour son propre mouvement. 


Parallèlement le mouvement fasciste se fédère. En mars 1919 deux réunions populaires consacrent la création de phalanges les “Faisceaux de combats”, d’abord “faisceaux de combat milanais”, qui deviennent fin mars les “faisceaux de combat italiens”. Le programme fasciste naissant se propose comme : nationaliste, réactionnaire, pro-ordre mais aussi économiquement interventionniste. Benito Mussolini est alors influencé par Michele Bianchi, ancien socialiste proche d’anarchistes et favorable à l’interventionnisme économique. 


En 1920 le mouvement fasciste s’affirme clairement et définitivement comme “pro-ordre”, les chemises noires (membres actifs et armés du parti fasciste) regroupées en “squadre d'azione” (“escouades d’action”)  mettent à sac le journal socialiste Avanti! (avec lequel Michele Bianchi avait collaboré). Dans les campagnes les chemises noires aident à l’écrasement des révoltes agraires dans la plaine du Pô (en Émilie-Romagne). De grands industriels et propriétaires financent alors les “squadre” qui participent à mater l'agitation socialiste.  


Plusieurs lois gouvernementales sont favorables aux chemises noires. On peut citer la « circulaire Bonomi », qui garantit les 4/5 de leur solde aux 50 000 officiers démobilisés qui souhaiteraient rejoindre les faisceaux.

Le gouvernement soutient les fascistes. Quand les villes de Ravenne et Bologne élisent des maires de gauche, les squadristes s’opposent aux nominations, les “gardes rouges” socialistes prennent aussi les armes et des émeutes éclatent. Le 21 novembre 1920 elles font 11 morts à Bologne en Émilie et en Romagne (plaine du Pô). 


En 1921 et 1922 les violences continuent. Si les fascistes entrent au parlement italien les socialistes deviennent puissants. Un équivalent au “chemises noires” voit le jour à gauche, les “arditi del popolo”. Ces milices antifascistes règnent à Bologne et dans les quartiers populaires d’Italie du Nord. En réponse, le gouvernement appuie l’abandon des poursuites judiciaires contre les fascistes et ferme les yeux sur leurs actions violentes, anti socialistes et anti communistes. 


Aux élections de 1921, les députés fascistes sont minoritaires et Benito Mussolini ne peut appliquer son programme. Les fascistes ne dominent pas le gouvernement des droites, créé. Mais à gauche, en réaction à la nomination de ce nouveau gouvernement, la grève générale est promulguée par les organisations ouvrières. 


Les fascistes aident un peu partout en Italie à briser la grève partout sauf à Parme où plusieurs dizaines de squadristes sont tués. 


Ces événements violents ouvrent la route du pouvoir à Benito Mussolini et aux fascistes. 


B - Un frontière floue entre guerre et politique


En Allemagne comme en Italie, la violence politique devient la norme. Intimidations et assassinats politiques se succèdent. 


Un exemple encore, de cette violence, en Allemagne, le 24 juin 1922 le ministre des affaires étrangères Walther Rathenau est assassiné dans sa voiture par des membres de l'organisation d’extrême-droite : Consul


Étude de documents Walter Rathenau


Document 1 : portrait de Walter Rathenau vers 1922


Document 2. Stefan Zweig écrit sur Walter Rathenau en 1942:

 « Ses paroles coulaient comme s'il avait lu un texte écrit sur une feuille invisible et il donnait cependant à chacune de ses phrases une forme si accomplie et si claire que sa conversation, sténographiée, aurait constitué un exposé parfaitement propre à être imprimé tel quel. […] Il y avait dans sa pensée je ne sais quoi de transparent comme le verre et par là même d'insubstantiel. J'ai rarement éprouvé plus fortement que chez lui la tragédie de l'homme juif qui, avec toutes les apparences de la supériorité, est plein de trouble et d'incertitude. […] Toute son existence n'était qu'un seul conflit de contradictions toujours nouvelles. Il avait hérité de son père toute la puissance imaginable, et cependant il ne voulait pas être son héritier, il était commerçant et voulait se sentir artiste, il possédait des millions et jouait avec des idées socialistes, il était très juif d'esprit et lorgnait du côté du Christ. »


Document 3. Un journal berlinois s'étonne de l'attitude des ouvriers berlinois face à la nouvelle de son assassinat par le groupe secret paramilitaire Consul en 1922: 

« Le directeur d'une des plus grandes entreprises du monde avait été tué et des ouvriers communistes venaient pleurer sur sa tombe et maudire ses meurtriers. »


Document 4:  Hellmut von Gerlach, un journaliste pacifiste ami de Walther Rathenau parle de lui: 

« Bien que juif il a soutenu la campagne de guerre totale pendant la guerre 1914-1918. Grâce à lui et à sa politique l'armée allemande est sauvée et peu entraîner ses hommes en Russie suite à la signature des accords de Rapallo. Il est la réfutation vivante de la théorie antisémite qui veut que le judaïsme soit nocif pour l'Allemagne. »


1.Présentez les documents. 

2.Brossez le caractère de Walter Rathenau. De quel genre d'homme s'agissait-il? 

3.Comment a-t-il aidé à la reconstruction de l'armée allemande après l'armistice de 1918? 

4.Pourquoi son assassinat en 1922 est-il injuste en plus d'être criminel?

5.Finalement, pour quelle raison a-t-il été assassiné?


C. 1922-1939 : L’essor des totalitarismes 


Entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale, la majorité des pays d'Europe bascule dans l'autoritarisme, voire le totalitarisme. En 1920, l'amiral Horthy, un militaire nationaliste, prend le pouvoir en Hongrie. En 1926, en Pologne, le maréchal Pilsudski devient l'homme fort d'un régime autoritaire. Il gouverne alors, sans partage. En Espagne, la guerre civile (1936-1939) amène au pouvoir le général Franco, qui gouverne au nom du roi d'Espagne presque seul. 


Les démocraties, jusqu'en 1945, sont minoritaires sur le continent européen. 


II - Différents régimes totalitaires en Europe


"Führer, wir folgen dir.'' ``Alle sagen ja!” “Guide nous te suivons! Tout le monde dit oui!” affiche nazi du début des années 1930.


1) Présentez le document et décrivez-le.

2) Par quels moyens cette affiche met-elle en avant une dimension de fidélité quasi féodale au régime et même, au personnage d'Hitler?

3) En quoi ce phénomène est-il inquiétant pour la suite démocratie (la République de Weimar) en Allemagne?


“En avant, pour la victoire du communisme!” 


1) Présentez le document et décrivez-le. 

2) Quel personnage est mis en avant ici et comment?

3) Peut-on rapprocher cette affiche de l'affiche précédente? Pourquoi?


A - Comment définir le totalitarisme ?


Un régime totalitaire est un régime politique basé sur le contrôle le plus complet possible et l’encadrement le plus strict possible de ses citoyens. Les régimes totalitaires sont caractérisés par l’affirmation d’un parti unique, qui n'admet aucune opposition, et dont l'État (dont l’expression est de plus en plus totale dans la société) tend à encadrer voir diriger la totalité des activités publiques et privées de la société (vie politique, vie économique, vie sociale et familiale). 


L’ambition de l'État totalitaire est de tendre à contrôler l’ensemble des champs sociaux (économie, culture, organisation de la société) jusque dans la sphère privée (famille, religion). Pour y parvenir, les régimes totalitaires tendent à supprimer toute expression qui leur est opposée, ou étrangère. 


B - Une définition née après la Seconde Guerre mondiale, chez la philosophe politique Hannah Arendt


L’expression s’impose après la Seconde Guerre Mondiale lorsque la philosophe Hannah Arendt publie Les Origines du totalitarisme, en 1951 (The Origins of Totalitarianism). Le but du mot “totalitarisme” est de mettre en évidence combien les régimes totalitaires n’ont pas seulement comme objectif de s’exprimer et de contrôler la sphère publique politique comme sociale mais aussi la sphère privée (familiale et intime). Pour Hannah Arendt, les états totalitaires ont à cœur de quadriller progressivement toute la société et tout le territoire, en imposant à tous les citoyens, jeunes comme âgés, l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle tout individu est considéré comme ennemi de l’état et du peuple. 


Hannah Arendt exilée à Paris en 1933


Hannah Arend en 1944, émigrée aux États-Unis


Hannah Arendt à la fin des années 1960


Deux régimes constituent pour Hannah Arendt les régimes totalitaires les plus absolus : L’URSS de Staline et l’Allemagne nazi.


Quels sont pour Hannah Arendt les processus ou facteurs d’installation du totalitarisme? 


Hannah Arendt appuie sa théorie sur plusieurs concept : 

  • La dynamique : le régime totalitaire tend à circonscrire la société et à se construire progressivement par des actions et des mobilisations plurielles (journées à thèmes dans l’Allemagne nazi comme la journée de la famille aryenne ou “front du travail”, meetings de Nuremberg, en URSS les différentes campagnes de mobilisation de la jeunesse, les grands défilés).

  • La dictature d’un parti unique (parti communiste en URSS et parti nazi en Allemagne). 

  • La désignation et la lutte contre un ennemi (réel ou supposé) : juifs en Allemagne et “koulaks” (riches fermiers), capitalistes et anti-communistes en URSS.

  • Les purges. Polices politiques (“Gestapo” “Geheime Staatspolizei” en Allemagne et NKVD “Naródnyy Komissariát Vnútrennikh Del” en URSS) sont chargées de traquer et d'éliminer les ennemis réels ou supposés de l’état totalitaire.

  • Le rêve d’un pays ou d’un monde remodelé par l’idéologie : “victoire mondiale du communisme et dictature du prolétariat” pour l’URSS et “Reich millénaire épuré” pour la doctrine nazie. 

  • L’omniprésence de la bureaucratie. Les représentants élus ne sont plus au centre de la vie politique. Les administrations publiques, entièrement et directement dépendantes du chef suprême enflent, deviennent redondantes, et constituent petit à petit le cœur de l'administration du régime (SA puis SS en Allemagne, NKVD, KGB et komsomols en URSS). 

  • La politique de la peur. La population est invitée à dénoncer les opposants, supposés ou réels dont la traque et les jugements sont mis en scène. Opposants ou suspects sont regroupés dans des camps (“goulags” “Glavnoe Upravlenie Lagerei” en URSS, camps de concentration et d’extermination en Allemagne nazie).  

  • Un interventionnisme économique fort, particulièrement en URSS ou après l’épisode de la NEP, l’état devient économiquement omnipotent. L’économie est alors entièrement nationalisée. 


III - Quelle chronologie pour l’installation des totalitarismes européens? 


A - En Italie.


Prenant prétexte de l’insurrection de Parme, conséquence de la nomination du gouvernement d’union des droites, les fascistes décident de marcher sur Rome. 


L’armée est assez puissante pour écraser les marcheurs et Benito Mussolini craignant le bain de sang reste calfeutré à Milan, prêt à fuir en Suisse. Pourtant, Victor-Emmanuel II refuse d’utiliser la violence et reçoit les marcheurs et le 30 octobre 1922, le roi charge Benito Mussolini de former le nouveau gouvernement. Le chef du fascisme Benito Mussolini quitte Milan pour Rome, pour devenir Premier ministre à Rome. 


Des marcheurs à Rome, en 1922.


Benito Mussolini vers 1920, avec l’état-major squadriste


Par les chemins noirs, une bande-dessinée de David B. dont l’action se déroule dans Fiume insurgée


L’Italie est souvent qualifiée de régime politique autoritaire, dans la mesure où le régime mussolinien est un régime politique qui par divers moyens (comme la propagande, l’encadrement de la population, et la répression des opposants) cherche la soumission et l'obéissance de la société, mais ne pourra jamais intervenir dans les champs privés au degrés d’encadrement et de répression atteint par exemple dans les régimes totalitaires allemands ou soviétiques.


Néanmoins le régime fasciste italien est bien un régime antidémocratique. En 1926, les lois fascistissimes rendent illégale toute opposition. Les partis politiques non fascistes sont interdits, les députés non-fascistes sont déchus. La presse est censurée, une police secrète, l’OVRA (Organisation de vigilance et de répression de l'antifascisme) est instaurée.

Mais l’Italie fasciste n’atteindra jamais le degré de répression visible en Allemagne ou en URSS.  Et, par exemple, si l’Italie fasciste est antisémite, le gouvernement fasciste ne met en place de déportation des Juifs que dans le Nord occupé par les troupes allemandes et à partir de 1943 seulement.


B - L’ascension hitlérienne en Allemagne.


Si l’armée allemande est bien vaincue en France et qu’un armistice est signé le 11 novembre 1918, l’armée allemande reste puissante. Elle n’est pas désarmée au front et les soldats allemands qui reviennent au pays à partir de 1918 ont encore les armes à la main et on assiste à la même “brutalisation” de la société qu’en Italie.

C’est un pays en révolution qui les accueille. Le 9 novembre 1918, la République de Weimar a été proclamée et la révolution communiste gronde. Le 23 novembre 1918, puis du 5 janvier au 12 janvier 1919, lors la révolution spartakiste qui secoue Berlin avec à sa tête, en autres, les leaders socialistes Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, le chancelier Friedrich Ebert social-démocrate (qui dirige le Conseil des commissaires du peuple, le gouvernement né de la Révolution allemande de novembre 1918 qui avait abouti à la proclamation de la république) n’hésite pas à faire appel à l’armée pour mater la révolte. Par ailleurs, socialistes, anarchistes et communistes sont divisés. Si Karl Liebknecht est favorable à une révolution violente, l’autre dirigeant de la ligue spartakiste, Rosa Luxembourg souhaite encore négocier avec le chancelier Ebert.


Face à la Révolution naissante, Friedrich Ebert n’hésite pas à faire appel à l’armée et aux corps francs (des unités militaires autonomes, irrégulières) pour écraser le mouvement révolutionnaire. L’armée devient ainsi, dès 1919, l’arbitre du pouvoir, elle qui sort d’une guerre de 4 ans. En 1929, les trois jours de la répression consécutive aux grèves illégales du 1er mai feront 33 morts. 

 

Une voiture blindée et ses occupants membres des corps-francs dans une rue de la capitale allemande, Berlin, en 1919.


L’Allemagne est appauvrie, le déficit public est colossal après la guerre et le déficit budgétaire atteint 6,5 milliards de dollars. 


Mais la République est instable et n’a pas le soutien des forces de l’ordre et de l’armée. Ainsi plusieurs coups de force d’extrême-droite déstabilisent le pouvoir allemand : on peut citer le putsch de Wolfgang Kapp en 1920, l’assassinat le 24 juin 1922 du ministre des Affaires étrangères Walter Rathenau par l'Organisation Consul, un groupe terroriste d'extrême droite opposé à sa volonté de rapprochement avec les Alliés. La pression d’extrême-droite est constante, une armée clandestine, la « Reichswehr noire », qui va rassembler plus de 20 000 hommes, tente un putsch octobre 1923 qui échoue, maté de justesse par l’armée régulière. Enfin, le mois suivant a lieu une nouvelle tentative contre la république à Munich en Bavière : le putsch de la brasserie Bürgerbräukeller (“La cave à bières du citoyen”) fomenté par Adolf Hitler dirigeant du NSDAP (parti nazi) fondé en 1919. Malgré l'échec du putsch, l’emprisonnement d’Hitler et l’interdiction temporaire de son parti, le NSDAP fondé en 1920 deviendra au cours des années 1920 l'une des principales forces politiques de la République de Weimar, avant d’amener sa fin.


Hitler en “lederhose” (culotte de peau) vers 1926 


Hitler en short en 1927 


Après la crise économique liée à l’hyperinflation en 1923, l'économie de l'Allemagne se redresse, mais une nouvelle crise économique frappe le pays en 1929. Nous l’avons déjà vu, la crise allemande a largement pour cause le retrait des capitaux étrangers et en premier lieu américain. 


En Allemagne, le taux de chômage atteint en 1932 plus de 25 % de la population active du pays. Comme en France, le gouvernement allemand du chancelier Brüning choisit une politique de déflation : les loyers sont réglementés à la baisse, les salaires sont baissés, les dépenses publiques diminuées de 25 %, les salaires des fonctionnaires de 10 %, l’allocation chômage est baissée de 14 %, les impôts sont augmentés de 15 %, de nouvelles taxes sur le tabac, le sucre ou encore la bière sont votées, ce qui mécontente au final l’ensemble de la population et aggrave la récession. Et si l’Angleterre et la France peuvent compter sur leurs empires coloniaux pour garantir un minimum d’exportation à leurs économies métropolitaines, ce n’est pas le cas de l’Allemagne qui ne peut bénéficier de cette politique dite de “préférence impériale” son empire colonial ayant été liquidé en 1918 par les puissances alliées victorieuses. La colère populaire gronde en Allemagne. Alors que le président Paul Von Hindenburg gouverne de plus en plus par décrets et se refuse à appliquer la constitution de la République de Weimar, le pays s’enfonce dans la crise. C’est le moment où les grandes familles industrielles allemandes décident de soutenir Hitler pour en finir avec les gouvernements conservateurs nommés par Hindenburg et incapables d’apporter des réponses aux problèmes économiques du pays. 


En effet Hitler a effectué un an de prison après le putsch manqué de la “brasserie” (qu’il qualifiera lui-même “d’année d’études payée par la République”) au cours duquel il a mis en ordre son idéologie raciste, antisémite, nationaliste et autoritaire et repensé l’organisation du NSDAP dans son ouvrage “Mein Kampf” (“Mon Combat”). C’est le virage réactionnaire et autoritaire du parti nazi, qui le voit rompre avec ses objectifs socialistes (pourtant encore présents dans le nom du parti). 


Ainsi, en 1929, il prend position en faveur de l’indemnisation des anciens princes allemands et pour le respect de l’ordre et des traditions rurales. Ce virage conservateur du NSDAP est remarqué et même appuyé par de riches financiers et industriels allemands qui le soutiennent désormais et le financent comme les familles Krupp et Thyssen, qui souhaitent soutenir un homme proche du peuple, susceptible d’être élu, mais anti internationaliste et anti communiste et qui ne menacera pas la propriété privée. Ainsi, si Hitler ne représente que 2% des voix aux élections de 1928 le parti nazi obtient 18,3% des votes aux élections de 1930 puis 37,4% aux élections de 1932, puis “seulement” 33,1% aux élections de novembre 1932.


Et c’est malgré ces résultats en baisse qu’Hitler, après un mois de tractation, est appelé par le président Paul Von Hindenburg pour devenir chancelier du Reich, le 30 janvier 1933.   


Les scores nazis aux différentes élections de 1924 à 1933.


Intimidations des SA lors des législatives de mars 1933 


Dès le 1er février, Adolf Hitler fait dissoudre le parlement allemand, le Reichstag par le président Paul Von Hindenburg. Lors de la campagne électorale qui précède les élections de mars 1933, les SA (le Sturmabteilung “détachement tempète” dirigé par Ernst Röhm et formé dès 1920 est la première milice du parti nazi, initialement chargée de la sécurité des meetings elle devient une force d’intimidation dans les années 1920 et participe au putsch de la brasserie)  et les SS (Schutzstaffel ou “section de protection” créée en 1925 la SS est chargée de protéger les dirigeants du parti, de fait, sous la direction de Himmler elle devient une milice nazi entièrement inféodée au Fürher, bien plus maléable que l’ancienne SA), les deux milices du parti nazi, reçoivent des pouvoirs d'auxiliaires de la police et intimident les électeurs. Les réunions des Parti communiste (KPD), Parti social-démocrate (SPD) et des autres partis d'opposition sont émaillées d’incidents provoqués par les nazis, les opposants du NSDAP sont brutalisés, assassinés. Pour marquer les esprits : SA, SS, et jeunesses hitlériennes multiplient défilés et retraites nocturnes aux flambeaux.

Dans la nuit du 27 au 28 février 1933 survient l'incendie du Reichstag. S’appuyant sur une possible responsabilité communiste Adolf Hitler fait adopter par le président Hindenburg le « décret pour la protection du peuple allemand » ou Reichstagsbrandverordnung qui supprime toutes les libertés individuelles garanties par la Constitution de la République de Weimar. Également, Paul Von Hindenburg légalise par décret la Schutzhaft ou « détention de protection » qui permet d'arrêter et d'emprisonner sans aucun contrôle ni limite de temps un suspect.

En à peine un mois la démocratie est détruite en Allemagne, plus de 10 000 communistes sont arrêtés en Prusse, dont le chef du parti communiste, Ernst Thälmann. À l’été 1933 ce sont 200 000 personnes qui sont internées, entre 7000 et 9000 seront tuées. De nombreux militants de gauche fuient l’Allemagne.

De nombreuses figures allemandes s'exilent, comme Thomas Mann, Bertolt Brecht et Albert Einstein dès 1933. Les premiers camps de concentration nazis provisoires apparaissent pour internés les militants communistes, socialistes, et sociaux-démocrates. Le 20 mars 1933, moins d’un mois après l’incendie du Reichstag Heinrich Himmler, le chef de la SS et des polices du Reich, inaugure le premier camp de concentration (de Dachau près de Munich en Bavière). En 1937 c’est au camp de Buchenwald d’ouvrir ses portes et en 1939 le camp féminin de Ravensbrück est inauguré. En 1939, sept camps existent : Dachau, Sachsenhausen (1936) au nord de Berlin, Buchenwald (1937) près de Weimar, Neuengamme (1938) près de Hambourg, Flossenbürg (1938), Mauthausen (1938) et Ravensbrück (1939). Ils remplacent les multiples camps locaux et prisons politiques ouverts à la suite de la répression démarré en février 1933. En 1934, après la mort du président du Reich Paul von Hindenburg, Hitler prend officiellement le titre de Führer, et en 1935 le drapeau nazi devient l'unique drapeau national de l'Allemagne.

Des sections SA (Sturmabteilung) défilent dans Dortmund en 1933 (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). La démocratie allemande est déjà mise au pas.

Les premiers camps de concentration nazis provisoires apparaissent pour internés les militants communistes, socialistes, et sociaux-démocrates. Le 20 mars 1933, moins d’un mois après l’incendie du Reichstag Heinrich Himmler, le chef de la SS et des polices du Reich, inaugure le premier camp de concentration (de Dachau près de Munich en Bavière).

En 1937 c’est au camp de Buchenwald d’ouvrir ses portes et en 1939 le camp féminin de Ravensbrück est inauguré. En 1939, sept camps existent : Dachau, Sachsenhausen (1936) au nord de Berlin, Buchenwald (1937) près de Weimar, Neuengamme (1938) près de Hambourg, Flossenbürg (1938), Mauthausen (1938) et Ravensbrück (1939). Ils remplacent les multiples camps locaux et prisons politiques ouverts à la suite de la répression démarré en février 1933.

En 1934, après la mort du président du Reich Paul von Hindenburg, Hitler prend officiellement le titre de Führer, et en 1935 le drapeau nazi devient l'unique drapeau national de l'Allemagne. L'ancien pays est balayé.

Des sections SA (Sturmabteilung) défilent dans Dortmund en 1933 (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). La démocratie allemande est déjà mise au pas


La 1re division SS Leibstandarte SS Adolf Hitler entre 1935 et 1942


Dans chaque école, famille, la délation règne. Les opposants au nazisme sont traqués et toute manifestation publique ou privée d'opposition ou de réserve face au régime hitlérien est proscrit.


Enfin, un dirigisme économique est mis en place, Hitler, avec l'appui des grands patrons allemands fait supprimé les syndicats au profit d'une organisation unique : le "front du travail". Pour soutenir l'économie le parti nazi s'appuie sur la "théorie de l'espace vital" : l'Allemagne doit agrandir son territoire pour augmenter sa production agricole et les consommateurs allemands doivent acheter allemand pour soutenir l'économie nationale, l'idée étant de permettre un fonctionnement autarcique du régime.


Par ailleurs, Hitler pratique une coûteuse politique de relance basée sur le réarmement et l'équipement (comme la construction d'autoroutes) à crédit. Ainsi, en 1937, naît la Coccinelle, née de la volonté d'Hitler de créer une automobile familiale bon marché. Cette planification et ce dirigisme d'état économique est financé largement par l'épargne forcée, la hausse des impôts et le crédit. En 1939, les finances du Reich sont proches de la banqueroute. Seule une guerre victorieuse peut permettre, par le pillage ou des réparations astronomiques, de sauver les finances du gouvernement allemand.


QUESTIONS LECTURE


  1. Présentez l’auteur de l’ouvrage choisi. /2

  2. Présentez l’ouvrage choisi. /2

  3. Présentez les principaux personnages du livre choisi. /2 

  4. Présentez le synopsis de l'ouvrage choisi. /2

  5. Quels liens pouvez-vous faire entre l’ouvrage lu et la Grande dépression ? /4

  6. Quelle vous semble être la position de l’auteur vis-à-vis de la Grande dépression, de ses conséquences ? /4

  7. Dans le champ politique, où situer l’auteur ?  /2

  8. Votre avis sur l’ouvrage. /2





TERMINALES OPTION HGGSP 2022-2023 THEME DEUX : Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution.

Pour introduire le cours j'ai choisi de vous présenter la jaquette couleurs d'une édition munichoise de 1936 du livre La Guerre Totale du général allemand Erich Ludendorff. 



Erich Ludendorff en uniforme de généralissime allemand (il est généralissime de la Deutsches Heer pendant la Première Guerre mondiale, de 1916 à 1918).

Le livre est initialement édité pendant la Première Guerre mondiale, et réédité plusieurs fois, dont une fois dans cette édition populaire à jaquette illustrée.


La jaquette est intéressante car derrière un intéressant titre rouge inspiré par le constructivisme (courant artistique d'origine russe dont les figures de prou furent Alexandre Rodtchenko, Vladimir Tatline, Varvara Stepanova ou encore Vladimir Maïakovski), et évoquant également les travaux du Bauhaus allemand et du courant de la Nouvelle Objectivité, proche du constructivisme un photomontage présente la manière dont Ludendorff, et surtout, là, en 1936 le régime hitlérien pensent la guerre. Car avant de faire la guerre il faut la penser. 

Et que nous donne à voir ce photomontage en noir et blanc ? 
Il nous donne à voir une vision inversée de la pensée guerrière la plus classique, pour Ludendorff, et surtout pour les nazis qui s'inspireront et modifieront sa doctrine et la rendront plus radicale encore : ce n'est pas l'armée qui doit pas être au service de la société (les civils) mais c'est la société qui doit être au service de l'effort de guerre. Et même, comme le montre le scientifique (le savant en blouse) qui encadre une mère et son enfant : le corps social doit-être refondu, modifié, organisé, au profit de l'armée. 

Dans le champ politique nazi, les points extrêmes de cette action de modelage du corps social sont : la mise en place de l'Aktion T4 et la création des Lebensborns. 

Le terme Aktion T4 sert à nommer la campagne d'extermination par assassinat des adultes handicapés physiques et mentaux, allemands et autrichiens, menée par le régime nazi de septembre 1939 à août 1941, et qui a fait de 70 000 à 80 000 victimes.

Aktion T4 est le nom retenu après 1945 pour cette action conduite sous la direction du Bureau central T4 de la chancellerie du Führer. Même si cette action cessa officiellement en août 1941, l'extermination des handicapés, enfants et adultes se poursuivit tout au long de la Seconde Guerre mondiale. En outre, une grande partie de ses exécutants ont été recrutés pour l’Aktion Reinhard du programme de la destruction des Juifs d'Europe.

Fondée sur un terreau idéologique fertile prônant une politique eugéniste active, antérieure au nazisme mais exacerbée par celui-ci, favorisée par une intense campagne de propagande en faveur de la stérilisation et de l'« euthanasie » des handicapés, elle est le fruit d'une décision personnelle d'Adolf Hitler ; celui-ci en confie l'exécution à la chancellerie du Führer, dirigée par Philipp Bouhler. Mise en œuvre par des médecins nazis convaincus par les thèses du régime, et du personnel issu de la SS, elle se traduit par des mises à mort à grande échelle et au moyen de chambres à gaz spécialement construites à cet effet dans six centres dédiés à ces opérations. Bien que des efforts soient déployés pour garder l'opération secrète, celle-ci devient de plus en plus connue au fil des mois, ce qui suscite des protestations qui contribuent à son arrêt officiel, l'objectif exterminateur que les nazis s'étaient fixé ayant de toute manière été atteint. La stérilisation ou l'exécution des enfants et adultes handicapés du Reich demeure par ailleurs courante pendant toute la durée de la guerre, au mépris des droits humains. 

Le Lebensborn (fontaine de vie) était une association à but eugéniste de l'Allemagne nationale-socialiste, patronnée par l'État et gérée par la SS. Le but du Lebensborn était d'accélérer la création et le développement d'une race aryenne parfaite, pure et dominante. Le terme « Lebensborn » est un néologisme formé à partir de « Leben » (« vie ») et « Born » (« fontaine », en allemand ancien). Le journaliste, écrivain et cinéaste Marc Hillel l'a traduit en français par « Fontaines de vie ».

Le programme de création des Lebensborns vit le jour le 12 décembre 1935 dans le cadre de la politique d'eugénisme et de promotion des naissances. Le chef suprême des SS Heinrich Himmler en fut le créateur. Il s'agissait à l'origine de foyers et de crèches, les pères, en grande majorité des SS, étaient invités à concevoir au moins quatre enfants avec leur épouse légitime. 

À la faveur de la guerre, la SS transforma certains de ces centres en lieux de rencontre plus ou moins furtive où des femmes considérées comme « aryennes » pouvaient concevoir des enfants avec des SS inconnus, puis accoucher anonymement dans le plus grand secret et remettre leur nouveau-né à la SS en vue de constituer l'élite du futur « Empire de mille ans ». 

Également, durant la Seconde Guerre mondiale, dans les pays occupés par la Wehrmacht, plusieurs dizaines de milliers d'enfants, dont les caractéristiques physiques correspondaient au « type aryen » mis en avant par le régime, furent arrachés à leurs parents dans les pays conquis pour être placés dans ces centres.

Plusieurs cliniques et crèches du Lebensborn ont vu le jour hors d'Allemagne, dont une en France, Westwald, à Lamorlay près de Chantilly. 


Viols ritualisés, vols d'enfants, assassinats de masse et génocide, Himmler était prêt à tout pour réaliser son rêve, celui d'une Allemagne future épurée dont les individus ressembleraient aux canons de beauté nazi et cela quel qu'en soit le prix humain en terme de démographie mais aussi psychologique et social. 

1.1 Penser la guerre et les conflictualités. 


La guerre peut être définie comme : un état de conflit armé entre plusieurs groupes (religieux, politiques, ethniques). Si le dictionnaire Le Robert restreint sa définition aux seuls affrontements militaires entre armées, le monde actuel offre des situations asymétriques que l'on peut qualifier de guerre sans pour autant assister à des conflits de type classique armée(s) contre armée(s). Quelques exemples : la guerre civile espagnole ou la guerre d'indépendance irlandaise et sa poursuite en Irlande du Nord par les attentats perpétrés par l'IRA. Autre exemple les actions menées contre les "narcos" au Mexique de 2006 à aujourd'hui. 


Le mot conflit rassemble toute les formes de guerre (conflits armées) et plus largement les conflictualités, mot qui désigne les formes d'affrontements guerriers non armés (embargo, boycott, guerre idéologique). 


La paix correspond quant à elle à un état de repos des groupes considérés, ils sont le plus souvent humains mais pas seulement. Il est possible de s'intéresser aux conflits animaux. C'est le cas de la géographe Laine Chanteloup, spécialiste des meutes de loups. 



Les guerres restent rares durant la préhistoire. Des affrontements liés à l’accès aux ressources sont concevables mais les archéologues ne possèdent aucune preuve archéologique d'affrontements guerriers. 


Si des témoignages de prédation entre humains existent (en Espagne) il n'est pas impossible qu'il s'agissent de charognes dépecées. En Israël, des squelettes d'individus parfois jeunes et ayant été blessés par des javelots ont été trouvés mais il peut là encore s'agir de blessures accidentelles (chasse). 


C'est la révolution néolithique qui installe les sociétés humaines dans la guerre. Avant la sédentarisation des humains, la guerre n'est pas souhaitable, ni supportable par les micro sociétés humaines. Les individus d'un clan sont peu nombreux, perdre les hommes valides de la micro société peu entraîner la disparition de celle-ci. Par ailleurs la densité humaines est faibles et les hominidés, particulièrement les homo erectus, semblent avoir plutôt recherché l'évitement social, d'où la rapide extension géographique de l'espèce. 


Par contre, la création des premiers états et civilisations sédentaires amène, avec la création des premières frontières les premiers conflits armées. La Chine, l'Inde, mais aussi la Mésopotamie et l'2gypte, les premiers grand empire, sont les premiers lieu de la guerre attestés historiquement. Au XXXIIe siècle avant notre ère, la palette de Narmer témoigne déjà d'une pratique aboutie de guerre mais aussi du discours héroïque et politique entourant celle-ci. 


L'une des faces de la palette de Narmer (v. 3185 à 3125 avant notre ère), découverte en 1898, elle est conservée au musée égyptien du Caire. Avec la stèle du roi serpent et la massue du roi scorpion, elle fait partie des plus anciens objets royaux égyptiens connus. 


Dès le Néolithique, les artefacts liés à la guerre se confondent avec les instruments du pouvoir. Les dirigeants se doivent d'être présentés comme : courageux, valeureux, bons meneurs d'hommes, fiers et forts. L'autorité des dirigeants est assise par une propagande intense, qui les lient aux Dieux et à des êtres fabuleux. Ainsi Narmer, unificateur de la Haute et de la Basse-Egypte est également représenté vainqueur de deux serpopards (animal mythique). 


Dans l'Antiquité les auteurs font surtout l'apologie des chefs de guerre, voire de leur propres guerre, comme Jules-César dans son ouvrage, La guerre des Gaule, composé après le siège d'Alésia en trois au cours de l'année 52 avant Jésus-Christ. Il faut savoir que cette rédaction rapide est possible car des esclaves secrétaires, mais aussi le chef du secrétariat Aulius Hirtius, le jurisconsulte Trebatius, accompagnent César en Gaule, et l'aident lors de la rédaction des Commentaires à ordonner la chronologie des événements. Ils y joignent des descriptions ethnographiques ou géographiques tirées d'auteurs grecs, et trient les données factuelles (notes dictées, lettres, rapports aux Sénat) rassemblées durant la guerre. César n'a rédigé que la version définitive.


La guerre, durant l'Antiquité, et même le Moyen-Âge est longtemps un événement non codifié et emprunt de mysticisme. Que l'on pense à l'histoire romaine ou les prodiges guident les guerriers où au Moyen-Âge ou les rois francs guettent les prodiges et en appelle aux puis à Dieu, tel Clovis à la bataille de Tolbiac en 496


Avec l'émergence des États modernes et l'arrivée de l'artillerie, les conceptions guerrières changent. La guerre doit être pensée sur le long terme, et les liens sacrés et interpersonnels disparaissent au profit de la mise en avant de la technique, des moyens financiers et humains, du droit et de la rationalité. La guerre se professionnalise. 


L'un des grands penseurs modernes de la guerre et du droit des gens (ou droit international) est le néerlandais Hugo Grotius (1583-1645).



Hugo Grotius (1583-1645)


Deux de ses livres ont un impact considérable dans le domaine naissant du droit international : De Jure Belli ac Pacis (Le Droit de la guerre et de la paix) et son Mare Liberum (De la liberté des mers). 


Grotius influence largement sur l'évolution de la notion de « droit ». Avant Grotius, les droits sont compris comme inhérents aux objets et largement intemporels. Suite à ses travaux les droits sont compris comme liés aux personnes et dès lors fongibles, transmissibles et mouvants, Il deviennent l'expression d'une capacité d'agir, un moyen de réaliser quelque chose comme une capacité, dans un mouvement de pensée assez platonicien (distinction "en puissance" "en actes").


Il est l'un des premiers penseurs à définir expressément l'idée d’une société unique d'États, régie non par la force ou la guerre, mais par des lois effectives et par un accord mutuel visant à faire respecter la loi. Il influence de façon posthume la rédaction du traité de Westphalie (1648).


Le traité de Westphalie (ou paix de Westphalie), est un trio de traités signés en Allemagne, le 24 octobre 1648, concluent simultanément deux séries de conflits en Europe : La guerre de Trente Ans, conflit majeur qui a impliqué l'ensemble des puissances du continent dans le conflit entre le Saint-Empire romain germanique et ses États allemands protestants en rébellion et la guerre de Quatre-Vingts Ans, où les Provinces-Unies révoltées affrontèrent la monarchie espagnole.


Véritables congrès internationaux, de nombreuses puissances européennes y sont représentées. Trois traités signés à l'issue des réunions : - La paix de Münster, du 30 janvier 1648 entre l'Empire espagnol et les Provinces-Unies ; - Le traité de Münster, du 24 octobre 1648, entre l'Empereur du Saint-Empire romain germanique et la France (et leurs alliés respectifs), - Le traité d'Osnabrück du 24 octobre 1648 également, entre l'Empereur du Saint-Empire romain germanique et l'Empire suédois.

Modifiant profondément les équilibres politiques et religieux en Europe, particulièrement le Saint-Empire, ces deux traités sont aussi à la base du « système westphalien », expression utilisée pour désigner par la suite le système d'équilibre international des forces instaurées par ces deux traités.

 

Au XVIIIème siècle l'artillerie mobile s'est généralisée en Europe. Les canons deviennent plus réduits en calibre, plus mobiles, et standardisés. Ces calibres divers et réduits permettent l'organisation de manœuvres, de mouvements rapides sur le terrain. Le canon n'est plus une arme tactique largement immobile, une arme de siège, mais peut maintenant être mobilisé dans l’affrontement entre deux corps d'armée. 


En France, à partir de 1764 et jusqu'à sa mort en 1789, Jean-Baptiste de Gribeauval réforme l'artillerie française pour en faire une artillerie moderne, efficace et standardisée.





Pour aller plus loin : https://www.musee-armee.fr/collections/explorer-les-collections/portofolios/le-systeme-gribeauval.html


Finalement, c'est l'armée républicaine de 1792 qui profitera massivement des réformes de Jean-Baptiste de Gribeauval (bataille de Valmy, 1792) puis les armées de l'Empereur Napoléon Bonaparte lors des guerres de l'Empire entre 1804 et 1815. 


Un homme va synthétiser les leçons des guerres napoléoniennes : Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz (1780-1831). Dans un ouvrage posthume, il fait la typologie des guerres et offre une grammaire pour leur compréhension et leur conceptualisation. Il définit la guerre comme : « un acte de violence dont l'objectif est de contraindre l'adversaire à exécuter notre volonté. Et il n’y a pas de limite à la manifestation de cette violence. » Pour lui, « La guerre n'est que le prolongement de la politique par d'autres moyens. »


Il met en avant les nécessités politiques de la guerre, comme la formation d'alliances ou l'adéquation des moyens de la guerres à ses fins, quitte à en changer. Mais aussi les principes de sa conduite comme la plus grande facilité pour une armée régulière à mener une guerre défensive plutôt qu'offensive, ou les nécessités d'une bonne connaissance du terrain, et le rôle des espions. 


Carl Philipp Gottlieb von Clausewitz (1780-1831)



Question sur le texte : " Relire Clausewitz pour mieux comprendre la guerre en Ukraine ", par Mourad Djebabla (Professeur au Collège militaire royal de Saint-Jean-sur-Richelieu, Groupe de recherche en histoire de la guerre et de la stratégie, Canada)
1. Présentez le document (nature, auteur, date, contexte de création, lieu)
2. Relevez le vocabulaire inconnu.
3. En quoi la guerre en Ukraine est-elle une guerre lisible aisément à l'aune de la théorie clausewitzienne de la guerre ? (Justifiez)
4. Quelles sont les failles du camp russe mises en évidence par la guerre en Ukraine, selon l'auteur ?
5. En quoi consiste la "trinité" clausewitzienne ?
6. Quelles étapes et facteurs de la guerre en Ukraine met en évidence l'auteur, lesquels sont clairement à l'avantage des Ukrainiens ?
7. Quelle conclusion tire l'auteur pour la poursuite de la guerre ?

Le modèle clausewitzien basé sur des acteurs, ou belligérants, bien visibles et donc identifiables aisément est particulièrement bien adapté pour rendre compte des guerres européennes des XVIIIème, XIXème et XXème siècle.


On peut citer :

- La guerre de Trente Ans (1618-1648),  

- La guerre de Sept Ans (1756-1763),

- Les guerres révolutionnaires (1792-1795),

- Les guerres menés par le Consulat et l’Empire (1799-1815),

- La guerre de Crimée (1853-1856),

- La guerre franco-prussienne de (1870-1871), 

- Les Première et Deuxième Guerre mondiale (1914-1918 puis 1939-1945, voire 1937-1945 si l’on considère le théâtre asiatique de Mandchourie).


La théorie clausewitzienne est déjà moins pertinente pour rendre compte des campagnes coloniales ou des guerres civiles et de sécession. Dans ce type de conflits, on peut citer la Guerre de Quatre-Vingt Ans (1568-1648) marquée par la révolte des Pays-Bas doublée d’une guerre civile à base religieuse entre territoires catholiques du Sud et protestants au Nord, qui deviendront les Pays-Bas, la révolte de Vendée (ou Chouannerie 1792-1800, marquée par la « conspiration de la machine infernale » le 24 décembre 1800), la Guerre Civile Américaine (1861-1865). 


Dans le cadre colonial, un exemple peu connu, celui des “Pavillons noirs” (en chinois Hei qi jun). Ces troupes irrégulières combattent en Indochine les troupes coloniales françaises. Les pavillons noirs, rebelles chinois commandés par Liu Yongfu (1837-1917, futur gouverneur de l’île de Formose, aujourd’hui Taïwan) et expulsés de Chine en 1864 vers le Tonkin après l'écrasement de leur révolte de 1850-1864, sont engagés par le pouvoir Annamites (Viêt-Nam) pour lutter contre des tribus montagnardes entre le fleuve Rouge et la rivière Noire. Ils arborent des bannières noires (rappelant aux européens le Jolly Roger des pirates, d’où leur nom de “pavillons noirs”), mais aussi blanches et rouges. 


Après le début de la colonisation française, les Pavillons noirs harcèlent les troupes françaises sur le fleuve Rouge. Un corps expéditionnaire commandé par Henri Rivière est envoyé pour traquer ces hommes qualifiés de “pirates” par le gouvernement de la IIIème République en 1881. Les Pavillons noirs obtiennent alors le soutien de la Chine impériale et affrontent les Français au côté des troupes chinoises.


Les pavillons noir affrontent la légion étrangère lors du siège de Tuyen-Quang (province du Tonkin) en 1885.


En juin 1885, vaincus, la troupe est dissoute mais Liu Yongfu est autorisé à rentrer en Chine. Néanmoins des groupes isolés continuent à harceler les Français jusqu’en 1887. 


Des penseurs contestent aussi l’ordre clausewitzien. Pour Ludendorff (1865-1937), déjà vu, la politique doit se militariser pour pouvoir conduire une guerre totale. Pour le penseur français Michel Foucault (1926-1984); il faut renverser la formule de Clausewitz et considérer que c’est la politique qui constitue une continuité de la guerre, démilitarisée mais non pacifiée. Pour Raymond Aron (1905-1983) politique et guerre constituent un unique continuum. Il ajoute que la politique change plus fortement la guerre que la guerre ne modifie le politique. Il s’appuie ici sur la formule de Georges Clemenceau (1841-1929) : “La guerre est une affaire trop sérieuse pour être laissée à des militaires”


Le penseur allemand Carl Schmitt (1888-1885), s’intéressant à la guérilla menée par les mouvements d’opposition à l’occupation française de l’Espagne (1807-1814) met en évidence combien la guerre échappe souvent à l’idée d’un conflit bien réglé entre États souverains. Pour René Girard, dans Achever Clausewitz, paru en 2007, il ne faut retenir de Clausewitz que l’idée d’un duel de masse. 


Aujourd’hui, même si les conflits actuels, entre la Russie et l’Ukraine ou l’Arménie et l'Azerbaïdjan, mettent en évidence le retour d’affrontements interétatiques classiques. La majorité des conflits contemporains sont des conflits infra étatiques : guerre civile, sécession de province. 


Les deux plus grandes zones de conflits, en se basant sur le nombre de morts sont : le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne. Durant la guerre froide, les gouvernements américains et soviétiques géraient leur affrontement idéologique ainsi que les affrontements secondaires naissants entre leurs alliés. Ainsi les “deux grands” surveillaient les situations conflictuelles et avaient tendance à maîtriser les éventuels dérapages. Contrairement à une idée reçue, la fin du monde bipolaire n’a pas débouché sur une explosion de violences en termes de nombre de conflits. Selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri, http://first.sipri.org), le nombre de conflits a diminué de moitié depuis 1989. Mais leur caractère a drastiquement été modifié : les guerres civiles, souvent ethnico-religieuses, sont plus nombreuses désormais que les conflits interétatiques.


Ainsi, le Sipri ne recensait plus de guerres interétatiques en 2007, ce qui est remis en cause aujourd'hui avec la reprise des grands affrontements régionaux, mais sur la même année, l'institution relevait 14 conflits armés avec pour enjeu le renversement du gouvernement en place ou le contrôle de territoires. Parmi ces derniers, quatre ont coûté plus de 1 000 vies par an : en Irak, en Afghanistan, au Sri Lanka et en Somalie. 


En 2010-2020, c’est la Syrie, l’Afghanistan et l’Irak, puis les théâtres africains qui ont été les plus meurtriers. 


Ce qui est également nouveau, c’est l'immixtion d’acteurs régionaux dans des conflits infra étatiques voisins. Ainsi, au Yémen, l’Arabie soutient le gouvernement d’obédience sunnite de Sanaa contre les rebelles houthistes, soutenu par le gouvernement iranien.  


Par ailleurs, l’usage irréfréné du terrorisme marque ses nouveaux conflits (11 septembre 2001, prise d’otages de Beslan le 1 septembre 2004, attentats du 13 novembre 2015 à Paris). 


Pour aller plus loin : Dix attentats qui ont changé le monde : Comprendre le terrorisme au XXIe siècle, par Cyrille Bret, 9 septembre 2020. 



Pour aller plus loin : https://www.monde-diplomatique.fr/publications/l_atlas_un_monde_a_l_envers/a53907#:~:text=Parmi%20ces%20derniers%2C%20quatre%20ont,la%20violence%20(...)


Un membre des forces spéciales russes à Beslan, septembre 2004.

LE MOYEN-ORIENT : ENJEU DE CONFLIT

Jusqu’à la Première Guerre la région du Moyen-Orient est dominée par la puissance ottomane (l’Empire ottoman, puissance impériale originaire d’Asie centrale et héritière du pouvoir des dynasties califales arabes). Le sultan-calife ottoman dirige un territoire immense : de l’Océan indien à la Mer Méditerranée. 


Au XIXème siècle, sa puissance vacille, l’Empire ottoman est contesté dans la région. Les puissances occidentales profitent de sa fragilité (il est qualifié “d’homme malade” par le tsar Nicolas Ier). 


Par exemple, au Liban, à la suite des massacres des Maronites par les Druzes de 1840 à 1860, les grandes puissances de l'époque (la France, le Royaume-Uni, l'Autriche-Hongrie, la Russie, la Prusse) envoient des forces armées (on parle de “corps expéditionnaire”) et obligent l'Empire ottoman à créer une province (mutasarrifiya) autonome du Mont-Liban en 1861. Elle doit être dirigée par un gouverneur, sujet ottoman chrétien, sous la surveillance des consuls européens. Un conseil consultatif central, majoritairement composé de chrétiens, est également mis en place sur une base communautaire proportionnelle. C'est pendant cette période d'autonomie que sont créés les premiers conseils municipaux élus au Liban. Le vilayet de Beyrouth (province), détaché du vilayet de Syrie en 1888, devient le pôle économique du Levant. Le chemin de fer de Beyrouth à Damas, le premier de la région, ouvre en 1895. Le gouvernement français de Napoléon III était intervenu pour protéger les populations chrétiennes et installer de fait un protectorat sur le pays. La France finance la construction d'écoles et favorise les minorités chrétiennes libanaises. Après la Première Guerre mondiale, l’Empire ottoman est démantelé : la SDN (Société des nations) décide la partition de l’Empire ottoman, et place la majorité de ses territoires sous mandats des puissances occidentales. 


Les années 1919 à 1948 constituent le temps des “mandats”. Ces projets de mandats ont été imaginés par les Alliés dès mai 1916, à la faveur de la Révolte arabe et des accords Sykes-Picot. Les territoires de l'ancien empire ottoman sont alors placés sous la tutelle de pays vainqueurs de la guerre, la France et l’Angleterre. 


Par ailleurs, en 1917, la déclaration Balfour a rendu publique la volonté anglaise de favoriser l’émergence d’un “foyer national juif”. 


En 1922, l’Empire ottoman s’effondre, en 1923 la Turquie (dirigée par Mustafa Kemal) est victorieuse des armées grecques mais accepte la fin de sa présence dans la péninsule arabe. 


Les pays arabes vont alors prendre leur indépendance. 


L’Irak obtient sa pleine indépendance en 1932, à sa tête un roi, la monarchie dure jusqu'en 1958 et est remplacée par une république. Le 14 juillet 1958 : le roi d’Irak Fayçal II (dernier souverain hachémite) est renversé et tué par le Général Kassem. 

Abdelaziz ibn Saoud devient roi d’Arabie saoudite en 1932. Les anciens territoires de la puissance ottomane se divisent et donnent naissance à des royaumes ou à des républiques autoritaires. 


L’année 1932 marque l’échec des premières tentatives du “panarabisme”, les pouvoirs arabes, religieux comme politiques, échouent à s’unir, l’éphémère royauté hachémite soutenue par le pouvoir anglais en témoigne.  


Parallèlement, le foyer national juif se développe.

 



Carte originale des accords Sykes-Picot, mai 1916.


En 1936-1939, la Palestine est le théâtre de heurts entre juifs et musulmans, c’est la “rébellion arabe” ou “révolte arabe”. Son échec militaire aboutit au démantèlement des forces paramilitaires arabes et à l'arrestation ou à l'exil de ses dirigeants. Elle provoque le renforcement des forces paramilitaires sionistes (la Haganah et l’Irgoun), notamment avec le soutien des Britanniques. Sur le plan politique, elle pousse les dirigeants arabes envoyés en exil, parmi lesquels le grand mufti de Jérusalem, Mohammed Amin al-Husseini, à choisir le camp de l'Allemagne nazie à la veille de la Seconde Guerre mondiale.


Bien que vaincus militairement, les Arabes palestiniens obtiennent des concessions politiques. Le Livre blanc britannique de 1939 impose une limitation de l'immigration juive et du transfert de terres arabes à des Juifs, et promet la création d'un État unitaire dans les dix ans, dans lequel Juifs et Arabes partageront un gouvernement qui permettrait de préserver les intérêts de chaque communauté. Cette proposition est rejetée par la communauté juive palestinienne et ses forces paramilitaires, qui se lancent à leur tour dans une révolte générale qui est cependant interrompue par la Seconde Guerre mondiale.


Après la Seconde Guerre mondiale, la puissance mandataire britannique livre une guerre asymétrique contre les différents courants du sionisme et contre les noyaux de la rébellion arabe. Avec la Seconde Guerre mondiale, l’immigration juive vers la Palestine s’accélère. 


Des migrants juifs sur un bateau vers 1947.


Un nouveau plan de partage, cette fois proposé par l'ONU, qui s’est prononcé en faveur d'un partage de la Palestine en novembre 1947 est rejeté par les forces locales. Le 14 mai 1948, le dirigeant sioniste David Ben Gourion chef de l’Agence juive et de la Haganah proclame l’indépendance d’Israël. Une nouvelle guerre éclate, dont les israéliens sont victorieux. C’est la première guerre israélo-arabe. 


La guerre des Six Jours, provoquée par les pays arabes, du 5 au 10 juin 1967, est une nouvelle victoire israélienne. Elle provoque un nouvel exode palestinien depuis la Cisjordanie vers la Jordanie, ainsi que l'arrivée en Israël de près de 600 000 Juifs en provenance des pays arabes, chassés de chez eux. Les mouvements de populations ont débouché sur le problème des réfugiés palestiniens, qui sont près de 5 millions aujourd'hui. Israël présente elle une minorité d'environ 2 millions d'Arabes israéliens.


Soldats arabes pendant la guerre des 6 jours, en 1967


En 1973, une nouvelle guerre éclate, la Guerre du Kippour. Les troupes égyptiennes et syriennes attaquent par surprise Israël le 6 octobre, lors de la fête du Yom Kippour ou « jour du pardon ». Leur objectif est de reconquérir les territoires occupés par les Israéliens depuis juin 1967. Jusqu'au 9 octobre, l'armée israélienne est en position de retrait ou défensive. A compter du 10 octobre, elle reprend l'initiative et commence des mouvements d'encerclement des troupes égyptiennes. Le cessez-le-feu du 24 octobre consacre la victoire de l'armée israélienne. La résolution des Nations-Unis 338 réaffirme la nécessité d'une « paix juste et durable au Moyen-Orient ».


Soldats des forces armées israéliennes traversant le canal de Suez, le 6 octobre 1973, pendant la guerre du Kippour.


DES ESPOIRS DE PAIX


Les accords de Camp David signés le 17 septembre 1978, par le président égyptien Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin, sous la médiation du président des États-Unis, Jimmy Carter, marquent la première étape dans le processus de reconnaissance d’Israël par l’Egypte, ils marquent le premier traité de paix entre Israël et un pays arabe : le traité de paix israélo-égyptien de 1979.


En 1993, avec les accords d'Oslo, Yasser Arafat accepte officiellement l'existence d'Israël, en rupture avec la politique de destruction d'Israël de son organisation politique, l'OLP, initialement créée en Egypte. Mais en 1995, Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien et favorable à la paix avec la Palestine, est assassiné.  

  L’enterrement d’Yitzhak Rabin en 1995. Auprès du cercueil est visible le Président américain de l’époque, Bill Clinton.


En 2000, Yasser Arafat refuse le plan de création d'un état palestinien proposé par le gouvernement d'Ehud Barak, car il ne comprend pas le droit au retour des réfugiés palestiniens.


En 2008, le Hamas se dit prêt à accepter une hudna islamique (trêve temporaire), dans le cas ou Israël accepterait les revendications palestiniennes de frontières sur la ligne verte et l'acceptation des réfugiés palestiniens. Le Hamas et le Jihad Islamique ont pour objectif de conquérir Israël et de le remplacer par un État islamique.


Aujourd’hui, le processus de paix est au point mort. Le gouvernement actuel, dirigé par Benjamin Netanyahu, considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, intègre des partis d'extrême droite et les ultra orthodoxes. Seulement cinq femmes siègent dans ce gouvernement.