LA SECONDE GUERRE MONDIALE - UNE GUERRE D’ANNIHILATION? (PARTIE I) - TERMINALES GENERALE 2022-2023

 LA SECONDE GUERRE MONDIALE - UNE GUERRE D’ANNIHILATION?

 

1/ Les origines de la Seconde Guerre mondiale : révisionnisme des pays vaincus lors de la Première Guerre mondiale et convergence de conflits régionaux d'annexion. 


A/ Les prémices (1935-1939).

 

Nous l’avons vu, le gouvernement italien qui s'était engagé aux côtés de l'Entente (les Alliés) en 1915 n'a pas obtenu satisfaction lors de l'armistice de 1918, l’Italie ne reçoit pas les gains territoriaux attendus. 


Benito Mussolini intègre aux thèses fascistes l’idée d’une expansion du territoire italien très tôt, mais c’est surtout à partir de 1935, avec le lancement de la seconde guerre (dite d'Abyssinie) par le régime fasciste contre l'Ethiopie. En 1935 l'Italie, qui a colonisé l'Érythrée à partir de 1869 se lance en effet dans la conquête de l’Éthiopie, pays indépendant dirigé par le Négus Haïlé Sélassié Ier


En Asie, en 1937, le Japon qui occupe entièrement la Corée depuis 1905 se lance dans la conquête du Nord de la Chine.

 

En Europe centrale, l'Allemagne nazi se lance dans une politique de conquête des territoires peuplés de minorités ou à majorité germanophones et ou d'ethnies germaniques.


Pour mener à bien ce projet, la conscription est introduite par les Nazis le 16 mars 1935 en violation du Traité de Versailles. Les effectifs de l'armée allemande sont augmentés à plus de 500 000 hommes. Parallèlement, d’immenses crédits sont votés pour reconstituer une armée allemande puissante et plus largement mécanisée. 


La kriegsmarine lance la construction de croiseurs de 26 000 tonnes et de sous-marins (c’est le plan Z). 

De nouvelles usines d’armement sont créées pour fabriquer des chars comme le Panzer I. 

La Luftwaffe (armée de l'air) est officiellement recréée à partir du 11 juin 1935. Elle reçoit dans l’année ses premiers Heinkel 111, performants bombardiers.


Un Heinkel 111 en 1935 sans doute sur un aérodrome allemand. L’avion, un bombardier ultra performant, sera utilisé tout au long du conflit. La légion Condor, en Espagne, utilisera massivement le Heinkel 111. 


De 0,91 millions de Reichsmark en 1933, les dépenses allemandes pour l’armement sont augmentées à 38, 6 millions de Reichsmarks (inflation corrigée) en 1938 ! 


Hitler dénonce le traité de Versailles mais aussi les traités ayant aménagé celui-ci. Ainsi, contrairement aux dispositions du Traité de Locarno de 1925, par lequel le gouvernement allemand reconnaissait à la fois l'inviolabilité de ses frontières Ouest (avec la France le Luxembourg, la Hollande et la Belgique) et la démilitarisation de la Rhénanie, Hitler dénonce le traité et 7 mars 1936 et ordonne à l'armée allemande (renommée Wehrmacht) d'entrer en Rhénanie démilitarisée. 


Cette décision d'Hitler est fermement condamnée par la Grande-Bretagne et la France, mais aucune des deux puissances n'intervient.


Le 12 mars 1938, c'est l'Anschluss. L'armée allemande entre en Autriche. Là encore, Hitler empêche toute expression démocratique. Après un ultimatum lancé au gouvernement autrichien autoritaire de Kurt Schuschnigg, qui refuse l’annexion, le pays est incorporé à l'Allemagne. 


L’Autriche, déstabilisée économiquement et politiquement par des agents allemands depuis 1934 et abandonnée par les Alliés et l’Italie qui s’est associée à l’Allemagne via la signature du traité de l’Axe Rome-Berlin (le 1er novembre 1936) disparaît.  

 

Du 29 au 30 septembre 1938, c'est la conférence de Munich, où les puissances anglaises et françaises acceptent le démembrement de la Tchécoslovaquie : en octobre les Sudètes sont occupés par l'Allemagne, en mars 1939 la Bohême-Moravie est occupée et la République slovaque inféodée. En parallèle, la Pologne et la Hongrie occupent une partie de la Slovaquie.

 

Hitler annexe également le territoire de Memel en mars 1939 après un ultimatum imposé à la Lituanie.  

 

1. Présentez le document.

2. Interprétez-le. Quel est le message de ce document?


B / La consolidation des alliances (1937-1939).


Le 19 janvier 1937, le gouvernement de l'Empire du Japon avait dénoncé le traité naval de Washington qui limitait la taille et l'armement de sa marine et s’était lancé dans une remilitarisation effrénée sur modèle de la remilitarisation allemande. 


Le 1 novembre 1935 Hitler et Mussolini avaient signé le traité d’alliance de l’Axe Rome-Berlin, le 6 novembre 1937 Mussolini et Hitler lance le pacte anti-Komintern opposé à l’URSS. Le régent de Hongrie Miklós Horthy signe à son tour le 25 février 1939 puis l'Espagne de Franco le 27 mars 1939. Les alliés de l’Axe se mettent en place. 


2. LA SECONDE GUERRE MONDIALE : LE DÉROULÉ DES OPÉRATIONS


A / Des combats dès 1936. 


Le général Francisco Franco, qui lutte pour le pouvoir depuis le 17 juillet 1936 contre le gouvernement républicain est vainqueur le 1er avril 1939 grâce à l'aide de l'Italie et surtout de celle de l’Allemagne d’Hitler. Si la guerre d'Espagne cesse le 1er avril 1939 et si la monarchie est sauvée, c’est via l'instauration d'un régime autoritaire à Madrid.


Le Reich allemand appuie entre autres l’armée du général Franco grâce à la légion Condor. Cette escadrille envoyée par l’Allemagne est responsable de plusieurs crimes de guerre en Espagne dont le bombardement de la petite ville basque de Guernica le 26 avril 1937. Les démocraties européennes, là encore, n’interviendront pas.


Au mépris de l’attentisme des gouvernements démocrates européens, des individus s’engagent néanmoins pour l’Espagne républicaine. On peut citer André Malraux, qui en tirra un roman, L’Espoir, publié en 1937, ou encore Ernest Hemingway qui publie en 1940, Pour qui sonne le glas. Ces hommes participeront à la formation des Brigades internationales, des collectifs de volontaires étrangers qui lutteront aux côtés des républicains. Malheureusement, leur rôle s’effacent après l’arrivée de l’aide soviétique qui est conditionnée à une soviétisation de l’armée espagnole républicaine. Les envoyés du NKVD éliminent alors physiquement les éléments anarchistes et socialistes opposés au stalinisme.  



Carte postale célébrant l'alliance du Japon, de l'Allemagne et de l'Italie (vers 1939).


En Asie, les combats ont commencé dès le 7 juillet 1937 après l’incident du pont Marco Polo, une manipulation militaire japonaise. En novembre, après trois mois de combats intenses, les troupes japonaises occupent la ville de Shanghaï (200 000 soldats chinois et 70 000 soldats japonais y perdent la vie, plusieurs dizaines de milliers de civils chinois y trouvent la mort). 

Troupes japonais débarquant dans les environs de Shanghai en 1937.



B/ 1939-1942 : Une expansion de l'Axe qui semble inexorable.

 

Avril 1939 : l'armée italienne envahit l'Albanie qui devient territoire italien. 

22 mai 1939 : Signature à Berlin du Pacte d'acier, l'Allemagne et l'Italie sont désormais alliées dans l'idée d'une guerre offensive. 

23 août 1939 : après l'échec des négociations entre les représentants de l'Angleterre, de la France et de l'URSS, Von Ribbentrop et Molotov, les ministres des affaires étrangères du Reich et de l'URSS signé à Moscou un pacte de non-agression, le Pacte germano-soviétique, d'une durée de dix ans. Un protocole secret additionnel trace les zones d’influence soviétique et allemande en Europe de l’Est actant le partage de la Pologne en cas de guerre.


Le 31 août 1939 est déclenchée l'Opération Himmler, un simulacre d'opération polonaise de prise de contrôle de la tour hertzienne de Gliwice, près de la frontière polonaise, prétexte à l'invasion de la Pologne et dont l'ordre d'invasion a déjà été signé par Adolf Hitler.


C / Guerre à l'Est et guerre à l'Ouest.


Le 1er septembre la Wehrmacht franchit la frontière polonaise. Malgré des épisodes de défense flamboyants, comme la résistance de la garnison de Varsovie, dont témoignera le colonel polonais Stanislas Ordon dans son livre, publié en France en janvier 1940 Le siège de Varsovie. Journal de guerre d'un combattant, la Pologne est vaincue en 36 jours. 


Les gouvernements de France et d'Angleterre, malgré leurs déclarations de guerre à l'Allemagne le 3 septembre 1939 et la mobilisation générale, n'ont pas lancé d’offensive, mise à part une offensive sur la Sarre très réduite, et qui se replie en octobre 1939 !  


Les appels au secours du gouvernement polonais sont restés sans effet.


Les mots de Wiston Churchill prononcés au retour de la délégation de Munich : "Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre" sont alors vérifiés.


L'hiver se passe sur le Rhin sans autres combats que quelques escarmouches, quelques combats sur mer ont également lieu, c'est la "Drôle de guerre"


Les troupes françaises attendent retranchées pour partie derrière la ligne Maginot.


Par contre, en Scandinavie, le gouvernement de l’URSS, souhaitant élargir ses territoires de Carélie, déclare la guerre à la Finlande, c'est la "guerre d'hiver" du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940 ou guerre soviéto-finlandaise. La guerre est marquée par la résistance des troupes finlandaises, qui luttent parfois à 1 contre 200. Les pertes de la bataille de Suomussalmi, où 23 000 soldats soviétiques sont tués pour seulement 800 combattants finlandais, en témoignent ! Le sniper et franc-tireur Simo Häyhä surnommé “la mort blanche” par les soldats soviétiques totalise à lui seul 542 victoires homologuées, deux cent de plus demeurent non homologuées. La campagne est marquée par le courage et l’inventivité des troupes et francs-tireurs finlandais qui inventent par exemple le cocktail Molotov dont le but est de rendre inopérants les chars soviétiques en mettant le feu à leurs moteurs. Cette arme de fortune est nommée en l’honneur du ministre des affaires étrangères de Staline, artisan et partisan de la guerre avec la Finlande. 

 

Prenant conscience de la faiblesse soviétique, mais aussi de l'indécision des Alliés de l'Ouest qui mettent énormément de temps à réagir (la majorité du matériel envoyé par la France arrive en Finlande après la fin de la guerre) Hitler décide l'invasion du Danemark et de la Norvège, le 9 avril 1940, c'est l'opération Weserübung. 


Norvège et Danemark sont rapidement occupés, et cela malgré l'opération Narvik menée par la France et l'Angleterre pour occuper les ports de Norvège et des combats de résistance se poursuivront jusqu'en juin 1940. 


Le gouvernement norvégien se déporta alors à Londres où la famille royale avait fui et en premier lieu le roi Haakon VII de Norvège. Le nazi occupe la Norvège avec l'appui d'un parti fasciste norvégien (le "Rassemblement national" ou "Nasjonal Samling") dirigé par  Vidkun Quisling.


Le 10 mai 1940 le haut-commandement de la Wehrmacht, victorieux à l'Est, redéploie ses troupes vers l'Ouest. Dès le 10 mai, la technique allemande de blitzkrieg est engagée contre les lignes françaises, c’est la campagne de France. Celles-ci sont très vite rompues et le pays envahi. La Belgique tombe rapidement après l'action des parachutistes de la Wehrmacht les Fallschirmjäger.

Le 13 mai 1940 Winston Churchill déclare à la Chambre des communes du Royaume-Uni : « Je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, du travail, des larmes et de la sueur. » Les troupes britanniques ont envahi l’Islande le 10 mai 1940 pour sécuriser l'Atlantique Nord.

 

Hitler pose avec les membres du 'Sturmabteilung Koch' en 1940.


En quelques semaines, du 10 mai au 20 juin 1940 les armées françaises et britanniques sont vaincues. 


Quelles sont les causes de la défaite franco-britannique du printemps 1940?  


L'ensemble constitué par l'armée française et l'armée anglaise additionné est plus faible numériquement que l'armée allemande. Par ailleurs, les forces de la Wehrmacht ont su mettre en place lors de la campagne de Pologne une technique de combat rapide basée sur des mouvements de troupes motorisées contre laquelle l'armée de française de la "Drôle de guerre" peine à réagir efficacement. Le haut commandement français compte encore sur un front statique et organisé comme en 1918. Les régiments français, mêmes ceux d'élite comme les spahis s'appuient encore largement sur la force motrice du cheval y compris pour les unités combattantes. L'armée française de 1939 ressemble encore largement à l'armée française de 1918. Et si un armement moderne (comme le char Renault 1935 (R35)) existe, cet armement est cantonné à un rôle de soutien d'infanterie qui empêche toute initiative et rapide contre-attaque. Si les troupes allemandes comptent elles aussi sur la force motrice du cheval, les chariots hippomobiles allemands sont largement allégés par l’emploi de remorques à roues équipées de pneumatiques qui fatiguent moins les chevaux et sont plus efficaces, les unités de têtes sont entièrement mécanisées. 


Par ailleurs, les unités de pointe des panzergruppen sont entièrement mécanisées et peuvent donc avancer de plusieurs dizaines de kilomètres par jour, jusqu’à soixante-dix kilomètres par jour ! Les Allemands multiplient les surprises, provoquent des combats interarmes qui leur sont favorables (chars contre cavalerie, chars contre infanterie). L’adoption d’un commandement décentralisé est rapidement privilégiée par Hitler, il permet côté allemand la prise d’initiatives des cadres subalternes, jusqu’aux sous-officiers. Le général Heinz Guderian, promoteur de l’arme blindé allemande, peut ainsi jeter ses panzers vers la Manche sans retenue. Il y gagnera le surnom d’Heinz « le rapide ». 

L’aviation allemande est par ailleurs engagée en masse, plus de 1200 avions allemands sont détruits en un mois de campagne, bien plus que les 600 avions français mis hors d’usage. 


Les aéronefs de la Luftwaffe sont utilisés en nombre et détruisent en quelques jours la quasi-totalité des nœuds ferroviaires du Nord de la France. Les avions allemands et italiens mitraillent par ailleurs les convois sans distinction de types, de nombreux convois et de trains civils sont mitraillés. 


Un groupe motorisé allemand en France en 1940. 


Pour parler crûment, l’armée française manque de décision et se déplace trop lentement. 


D / Une guerre déjà inhumaine ?


Un autre élément aujourd’hui mis en avant par l’historiographie anglo-saxonne est la brutalité des troupes de l’Axe. 


Il a été mis en évidence que les unités allemandes et italiennes ont multiplié les crimes de guerre pour ouvrir la route de la Manche. La débâcle a en effet dès le 10 mai 1940 jeté sur les routes françaises des milliers de civils, c’est l’Exode. 


Ces convois de civils vont contraindre les déplacements de troupes des Alliés français, belges et Anglais. 


Au contraire, de nombreuses unités de l’Axe n'hésiteront pas à tirer sur les convois civils pour vider les routes encombrées devant elles. 


Par ailleurs, certaines unités allemandes engagées (comme la division SS Totenkopf) multiplient les crimes de guerre contre les civils, comme à Lille et Arras, ou les officiers et soldats noirs de l’armée française (on peut citer Charles N'Tchoréré, officier français originaire du Gabon, exécuté d’une balle dans la tête devant ses hommes après s’être opposé à la séparation des soldats blancs et noirs de l’unité, mais aussi en raison des brimades imposées aux soldats noirs lors de leur reddition (reddition intervenue après avoir utilisé toutes leurs munitions). Son corps, après son exécution, sera profané par les soldats allemands qui rouleront dessus avec un char.



 Un R35 dans un musée israélien en 2010.

 

On peut néanmoins noter quelques épisodes glorieux comme la mise en échec de l’armée italienne sur le front des Alpes en juin 1940. Certaines troupes aguerries ont également donné du fil à retordre à l’armée allemande. À Stonne dans les Ardennes, du 15 au 27 mai, les Français enfoncent le flanc de l’offensive allemande après la percée allemande de Sedan. Le village de Stonne sera pris et repris au moins 17 fois par les Allemands et par les Français, mais ceux-ci ne peuvent exploiter leur succès dans une armée qui s'effondre. Lors de la bataille de Stonne, on dénombre près de 26 500 pertes (dont 3 000 tués), côté allemand pour 7 500 Français hors de combat, dont près de 1 000 tués. L'armée française, au prix de sacrifices importants, retarde dans le Nord, comme à Bouchain, lors de la bataille de l’Escaut les troupes allemandes. Les fantassins du 45ème régiment d’infanterie stoppent entre le 21 et le 26 mai la progression de la Wehrmacht. Dans Lille, six divisions d’infanterie de la 1re armée retardent jusqu’au 1er juin l'entrée des Allemands dans la ville, favorisant ainsi l'embarquement des troupes anglo-françaises de Dunkerque. Célèbre également, la résistance des spahis à La Horgne le 15 mai 1940 ou les “cadets” de Saumur, élèves officiers, sur la Loire, du 18 au 20 juin 1940.


Sur l’Oise, où sur la Loire, les troupes françaises stoppèrent parfois plusieurs jours les forces allemandes. Mais privées des moyens de contre-offensive, ces coups d’éclat ne suffisent pas à éviter le désastre. 

 


 

Un spahi marocain en 1940. Face aux obusiers lourds, aux dizaines de panzers III, aux panzers IV et à l'infanterie motorisée allemande, les spahis français ne disposent que d'un canon de 37mm modèle 1916 et deux petits canons anti-chars, pourtant, ils tiennent le village toute la journée du 15 mai. Selon la légende, les derniers éléments de la 3e brigade auraient chargé les chars allemands à cheval, les officiers sabres au clair. 

Le carré militaire du cimetière de la Horgne où reposent au milieu de leurs spahis les deux chefs de corps de la 3eBS les colonels Emmanuel Burnol et Émile Geoffroy.


Après le "coup de faucille" du Maréchal Guderian, le gros des troupes françaises et britanniques est isolé dans le Nord de la France. La poche de Dunkerque tombe le 4 juin mais 350 000 soldats (majoritairement britanniques) ont pu gagner l'Angleterre. 

 

Le 20 juin les Allemands sont à Brest, le 24 à Bordeaux. Lyon a été atteint le 20. 

Le 22 juin 1940, le maréchal Pétain, qui appelait à l'arrêt des combats depuis le 17 juin, signe l'armistice. 

 

Le bilan de la campagne de France est terrible : 70 000 soldats français sont tués, 300 000 blessés, et 1 800 000 sont prisonniers. Par ailleurs, l'exode massif des civils face à l'avancée allemande a jeté 6 000 000 de français, hommes, femmes et enfants sur les routes. Le pays s'est effondré.


LE DIRECTOIRE - PREMIERE STMG 2022-2023

 

D. Le Directoire (1794-1799)


Après la mort de Robespierre (guillotiné 28 juillet 1794), la Convention est dominée par des Républicains dits modérés (économiquement libéraux et socialement plus conservateurs que Robespierre).

 

Ces hommes sont souvent venus de l'armée et éloignés du centre parisien, comme Lazare Carnot (héros de l’Armée du Nord,distingué à la bataille de Wattignies contre l'Autriche 15 et 16 octobre 1793) ou Paul Barras où ils ont échappé aux épurations de la Terreur. 

 

Opposés aux excès du gouvernement révolutionnaire, ils mettent en place un gouvernement de cinq directeurs tirés au sort, favorable au consensus plutôt qu'à l'affrontement des partis appelé : Directoire.

 

Document 1. Présentation du Directoire. 

 

"La réaction thermidorienne installe un régime stable mais peu démocratique:

- Rétablissement du vote censitaire, seuls les citoyens les plus riches votent (ils ne sont que 30 000 pour tout le pays).

- Élection des députés tous les cinq ans.

- Création de deux chambres : Le Conseil des Cinq-Cents (500 députés) et le Conseil des Anciens (250 membres choisis parmi les plus âgés des députés élus et âgés de plus de 40 ans). 

- Le Conseil des Cinq-Cents discute et propose les textes que le Conseil des Anciens, formés par deux cent cinquante députés valide.

- Le pouvoir exécutif (application des lois) appartient à cinq directeurs tirés au sort parmi les 250 anciens, assistés de ministres. Ils ont la charge de l'application des lois. Ils peuvent prendre des décrets mais sont très surveillés par les députés et choisis au sein du Conseil des Anciens.

- Le conseil des Cinq-Cent siège au palais des Tuileries tout au long du Directoire, le Conseil des Anciens, siège d'abord dans la salle du manège du palais des Tuileries puis au palais Bourbon (palais construit au XVIIe siècle par Louise-Françoise de Bourbon, fille illégitime de Louis XIV et actuelle assemblée nationale). 

- Les directeurs et leurs ministres travaillent eux au palais du Luxembourg, construit par Marie de Médicis, veuve d'Henri IV à partir de 1615."

Source : d'après l'encyclopédie Larousse, édition 2017

 

Question : Quels éléments du documents montrent que le Directoire est un régime constitutionnellement moins démocratique que la Convention nationale ? 

 

Le Directoire n'intègre pas à sa constitution promulguée en août 1795 la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1789. Les nouveaux principes constitutionnels thermidoriens mettent en avant les droits libéraux (liberté et propriété). L'égalité des hommes, les droits naturels et les droits sociaux (droit au travail, au logement, aux subsistances) de la constitution robespierriste de 1793 sont écartés.


Le Directoire est un temps de République bourgeoise, plutôt conservatrice. 

Deux temps forts du Directoire : l'échec de la conjuration des égaux (dirigée par Gracchus Baboeuf) en 1796 et l'échec du retour des monarchistes écartés lors de l'épuration des Conseils (1797).


En effet, le 18 fructidor an V (4 septembre 1797) les anciens conseillers républicains s'opposent aux résultats des élections qui amènent à la convention une majorité de royalistes. Les élections sont partiellement invalidées, les administrations et l'armée épurées partiellement. La réaction républicaine a été rapide et radicale : 160 émigrés revenus en France sont arrêtés et condamnés à mort, plusieurs centaines de prêtres opposés à la République déportés. 


Le Directoire est un temps de retour à une relative prospérité. Une prospérité assise sur l'essor de la grande bourgeoisie, qui s'est enrichie grâce à la spéculation sur les assignats et grâce à l'exploitation des biens nationaux vendus aux particuliers, mais également sur le pillage des territoires occupés par les armées de la République (en Italie, dans les Pays-Bas et en Allemagne). 


La bataille du pont d'Arcole, tableau d'Horace Vernet représentant les troupes franchissant le pont derrière le drapeau tricolore  

Napoléon Bonaparte, général sous le Directoire, lors de l'épisode du pont d'Arcole le 15 novembre 1796.  

 

 

Les conquêtes françaises et les républiques "sœurs"

 

 

 

"Incroyables et merveilleuses", un muscadin et une prostituée vêtue à l'Antique marchandent sans gêne devant un très jeune cireur, gravure exécutée vers 1798 par Tesca.

 

 

Imposant un faste pompeux inspiré par l'antique république romaine, le Directoire est paradoxalement un temps de renouvellement dans les Arts. 

 

3 figures féminines importantes du Directoire (les "trois grâces du Directoire" : 

 

- Joséphine de Beauharnais (riche héritière de planteurs martiniquais, femme de lettres et botaniste, elle est la première épouse de Napoléon Bonaparte),

- Thérésa Tallien (femme de lettres, femme politique, aristocrate mais soutien de la Révolution, engagée auprès des Girondins, elle est une fervente révolutionnaire, compagne de Tallien, député à la Convention qu'elle séduit alors qu'elle est emprisonnée, , puis de Barras après Thermidor et la chute de Robespierre, elle influence largement les Directeurs, elle refuse les avances de Napoléon et épouse le très fortuné spéculateur et fournisseur des armées, Gabriel-Julien Ouvrard, elle épousera en dernière noce un prince belge et prendra le titre de Princesse de Chimay),

- Juliette Récamier (femme de lettres, épouse du régent de la Banque de France, elle est une figure de l'opposition à Napoléon Bonaparte, c'est elle qui diffuse le style "à l'étrusque" et les robes à l'Antique, soutien des opposants à l'Empereur elle est amie avec Madame de Staël).

 

 Madame Tallien (1773-1835)

 

 Juliette Récamier (1777-1849)

 

 

 

 

Joséphine de Beauharnais (1763-1814)

 

QUESTION : Comparez le portrait suivant (la reine Marie-Antoinette par la peintre Elisabeth Louise Vigée-Lebrun) avec les trois portraits vus. Dans quelle mesure ces portraits incarnent-ils une liberté de moeurs et un idéal plus démocratique que le portrait de Marie-Antoinette? 

 

 

 

E. La fin du Directoire (1799)

 

Au cours de l'année 1799 des députés dits "néo-jacobins" sont élus au Conseil des Cinq Cent. Favorables à la rédaction d'une nouvelle constitution plus démocratique les néo-jacobins s'opposent aux Directeurs et participent à radicaliser de ceux-ci, en particulier l'abbé Sieyès qui devient alors favorable à l'organisation d'un coup d'état pour installer une nouvelle constitution installant en France un pouvoir exécutif stable et fort. 

 

Le coup d'état a lieu le 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) mais bien loin d'aider le projet de Sieyès à aboutir celui-ci met au centre du nouveau régime un autre homme fort, un général populaire et victorieux en Italie (victoire du pont d'Arcole 16 au 17 novembre 1796) et en Égypte (21 juillet 1798 bataille des Pyramides et 25 juillet 1799 bataille de la baie d'Aboukir après son retour de l'expédition de Syrie et la tentative ratée de la prise de Saint-Jean d'Acre), Napoléon Bonaparte qui devient Premier Consul du nouveau régime appelé Consulat le 26 décembre 1799. 


C'est la fin du Directoire et le début du Consulat.

 

 

 

 Napoléon Bonaparte en 1792


FAIRE LA PAIX - HGGSP 2022-2023

 II. FAIRE LA PAIX

Casque bleus en ex-Yougoslavie


1. DE LA GUERRE A LA PAIX 


La paix est communément définie comme l’absence de guerre. Elle est donc perçue en négatif. Au néolithique et dans l'Antiquité, c’est l’épuisement d’un ou plusieurs belligérants et donc l’absence de combat qui suffit à constituer la paix. 


Les premiers traités de paix rédigés apparaissent au Moyen-Orient. On peut citer : 

Vers 2400 av. J.-C. : l'accord politique entre Entemena de Lagash et Lugal-kinishe-dudu d'Uruk à Sumer.

Vers 2350 av. J.-C. : le traité entre Ebla et Abarsal, plus ancien exemplaire de traité de paix connu, entre Irkab-Damu d'Ebla et la ville d'Abarsal.

Vers 2250 av. J.-C. : le traité entre Naram-Sin d'Akkad et un roi d'Awan (Élam).

1775-1761 av. J.-C. : les quatre traités de paix retrouvés dans le palais du roi Zimri-Lim de Mari, dont un avec le roi Hammurabi de Babylone.

c. 1500-1200 av. J.-C. : le traité conclu entre Hattusili III et le roi égyptien Ramsès II, également connu par une version égyptienne.


En Europe on peut citer le traité de l'Èbre (en 226 av. J.-C.). Ce traité signé entre les autorités romaines et carthaginoises délimite la frontière entre les deux puissances dans la Péninsule Ibérique : à Carthage revient la partie de la péninsule située au sud du fleuve « Iber » (peut-être l'Èbre, ou le Jucar), et à la République romaine la partie nord de la péninsule ibérique.


En 219 av. J.-C., devant la puissance croissante d'Hannibal Barca dans la Péninsule, Rome, malgré le traité signé, décide de passer un accord avec la ville de Sagonte, située bien au sud du fleuve et la déclare sous protectorat romain. Au vu de la violation du traité, Hannibal assiège la ville, qui tombe après 8 mois de siège puis déclare la guerre à Rome : ainsi commence la deuxième guerre punique.


2. LA PAIX : UN OBJECTIF POLITIQUE DES ETATS 


La paix devient alors paradoxalement un motif de guerre. C’est au nom de la paix que Jules-César entreprend sa conquête de la Gaule entre 58 et 52 avant Jésus-Christ. La Paix romaine, qui se traduit en Europe par près de deux siècles sans invasion ni guerre importante contre Rome, est mise en place par une politique d’intégration des élites guerrières conquises ou par leur destruction. 


La paix est longtemps un objectif politique des États seuls. Les états modernes se sont construits sur le monopole de la violence, il est logique qu’il appartienne donc à ces mêmes états de régler les conditions de la paix. Paix extérieure entre États souverains, mais aussi paix impériales, à l'intérieur des grands ensembles géopolitique comme l’Empire romain ou plus près de nous les blocs idéologiques et militaires de la Guerre Froide. 


Les Traités de Westphalie (1648), le congrès de Vienne (1815) sont des solutions de paix négociées et ratifiées par les représentants d'État. 


3. LA PAIX DES PEUPLES ET DES CITOYENS


Au XIXème siècle apparaissent les premiers mouvements de citoyens pour la paix comme la Société de la morale chrétienne, fondée à Paris en 1821 par le duc de la Rochefoucauld-Liancourt, ou encore la Société de la paix de Genève (fondée en 1830).


Pour l’écrivain Victor Hugo (1802-1882), la paix doit passer par l’Union des peuples, et en premier lieu par la formation d’une nation européenne.


Il déclame, dans son discours d’ouverture au Congrès de la paix de Paris (21 août 1849)  : 


"Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits. leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu.


Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant d’événements et d’idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle. Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, Américains, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer. 

Nous aimer ! Dans cette œuvre immense de la pacification, c’est la meilleure manière d’aider Dieu !”


Pour Victor Hugo : 

- L’Europe (et même l’Occident à terme) doit devenir une « nation »

- L’Europe ne peut se faire qu’autour de la France et de l’Allemagne.

- L’Europe doit posséder un « droit d’ingérence » pour stopper les atrocités commises par les Turcs contre les Serbes dans les Balkans.


Le 24 juin 1859, un citoyen suisse, Henry Dunant, est témoin de la bataille de Solférino. Sur place, il  improvise des secours avec le concours des populations civiles locales. L’aide humaniste apportée aux soldats des deux camps sans discrimination de nationalité ou de religion est l’acte fondateur de la Croix-Rouge.


Henry Dunant met ensuite en avant deux propositions qui fondent le Droit Humanitaire moderne :


  • La neutralisation des services sanitaires militaires sur le champ de bataille.

  • La création d’une organisation permanente pour l’assistance aux blessés de guerre.


En 1936 est créé le Rassemblement universel pour la paix (RUP). De grandes personnalités européennes s’engagent pour soutenir la paix. Des hommes politiques venus de diverses démocraties européennes participent au mouvement qui organise de grandes manifestations pour la paix. Edouard Herriot (politicien français du parti radical), Norman Angell (homme politique conservateur britannique) participent au mouvement. 


Après 1945; le Mouvement de la paix, organisation pacifiste française qui s'inscrit dans la promotion de la culture de Paix lancée par l'ONU, est créé. Ces hommes et femmes, issus des grands courants de la Résistance, notamment ceux d'inspiration communiste, chrétienne ou de libres-penseurs, relance un mouvement proche du RUP.


Mais dans les années 1950 et 1960, le Mouvement de la paix devient un mouvement de masse transnational dont la plus grande partie des participants est formée par des militants et des sympathisants communistes et dont les Partis communistes locaux détiennent les leviers de commande. 


4. LE TEMPS DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES (SDN ET ONU)


Au XXème siècle, après la Première Guerre mondiale, voit le jour la Société des nations (SDN). En effet, le dernier des Quatorze points de Wilson de janvier 1918 préconise la création d’un forum des nations constituant une base de discussion stable pour régler les conflits entre États. La SDN voit le jour en 1919, au sein du traité de Versailles. Elle poursuit la recherche de la paix par la promotion du désarmement, mais aussi par la promotion du libre échange et la croissance de la qualité de vie, la prévention des guerres au travers du principe de sécurité collective et la résolution des conflits par la négociation.


Toutefois, le Sénat américain ne ratifie pas le Traité de Versailles et vote contre l’adhésion à la Société des Nations. Les États-Unis ne feront donc pas partie de la SDN.


L'approche diplomatique qui préside à la création de la Société des Nations est novateur car les négociations de la SDN sont publiques, et collectives. La diplomatie secrète, qui avait prévalue au XIXème siècle (celle de Clemenz Metternich, ou Talleyrand).


Par contre, la SDN n’aura jamais de forces armées propres et dépend des puissances membres pour l’application de ses résolutions. Par ailleurs, la SDN ne possède pas d'exécutif de taille réduite, capable d'agir rapidement et sans consensus.


La SDN apparaît rapidement comme incapable de régler les conflits importants. Seuls quelques conflits de taille réduite sont résolus par la SDN. Benito Mussolini déclare ainsi : « la Société des Nations est très efficace quand les moineaux crient, mais plus du tout quand les aigles attaquent ». Dans l’entre-deux-guerres, trois pays (l’Allemagne nazie, ainsi que le Japon en 1933, et l'Italie en 1937) quittent la SDN.


C'est pourquoi, lorsque l'ONU (Organisation des Nations Unies) est créée e 24 octobre 1945 par la ratification de la Charte des Nations unies, signée le 26 juin 1945 par les représentants de 51 États, un Conseil de sécurité de cinq grandes puissances est créé. Si l'ONU reprend de nombreuses agences sur le développement (UNICEF, UNESCO) et le libre-échange, l'ONU met en place des forces d'interposition (les "casques bleus") et un conseil exécutif réduit, le conseil de sécurité.


Les institutions spécialisées et organisations apparentées disposant de bureaux de liaison avec le Siège de l'ONU :

- l'Organisation internationale du Travail (OIT) - l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) - l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) - l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) - la Banque mondiale - le Fonds monétaire international (FMI) - l'Union internationale des télécommunications (UIT) - L'Organisation météorologique mondiale - l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle - le Fonds international de développement agricole - l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel - l'Organisation mondiale du tourisme - l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) - la Cour pénale internationale - l'Autorité internationale des fonds marins - le Tribunal international du droit de la mer - l'Organisation internationale pour les migrations


De grandes associations liées à l’ONU existent également, comme Interpeace. Créée en 1994, par les Nations unies, Interpeace devient indépendante en 2000, tout en gardant un lien privilégié avec ses créateurs. Agissant comme une ONG, elle permet de continuer le dialogue pour la paix et le développement hors de l'ONU.


La négociation internationale semble aujourd'hui la solution la plus viable, malgré ses échecs. Aujourd'hui, la Pax americana des années 1945-2003 apparaît comme la dernière paix impériale. La mondialisation dynamique globale et conflictuelle, et les progrès de l'armement, vouent désormais toute ambition impériale planétaire, même celle d’une Chine réveillée, à l’échec.


La seule paix mondiale possible doit reprendre le laborieux chemin de la paix contractuelle, démocratique et institutionnelle, exploré notamment par le philosophe allemand Emmanuel Kant (1724-1804), auteur de Vers la paix perpétuelle (1795). Où il pose le concept d'une paix rationnelle et négociée publiquement.


Pour aller plus loin : 

Une histoire mondiale de la paix, par Philippe Moreau Defarges, 2020.