Géographie terminales - L’intégration inégale dans la mondialisation

Thème 2 – Dynamiques territoriales, coopérations et tensions dans la

mondialisation


Problématique : Dans quelle mesure le territoire de la Fédération de Russie, constitue-t-il un espace inégalement intégré à la mondialisation ?

I - Des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation


Le géographe Laurent Carroué dans son Atlas de la mondialisation, Une seule terre, des mondes publié aux éditions Autrement en janvier 2018, définit la mondialisation comme un processus continu d'intensification et de fluidification des échanges, porté par l'essor des transports et des mobilités (populations, entreprises, etc.) présent depuis la préhistoire et accéléré depuis les années 1970 par les systèmes contemporains de communication et de circulation de l'information et de la libéralisation des échanges


La mondialisation est donc un phénomène ancien, démarré dès la préhistoire avec la diffusion ancienne des populations d’humains sur l’ensemble de la planète et les premiers échanges techniques et commerciaux (les techniques d’allumage du feu, de taille du silex, d’élevage, la diffusion de la pirogue) entre les régions du monde, les continents.


La mondialisation contemporaine (c’est-à-dire le mouvement le plus récent, aujourd’hui) s’appuie sur l’affirmation ou à la réaffirmation des puissances anciennes européennes (Angleterre, France, Allemagne), américaines (Etats-Unis et Canada) et asiatiques (Japon) centrés sur les nouvelles technologies et les industries de pointe mais aussi sur l’émergence de nouveaux acteurs (la Corée du Sud, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud), les usines du monde, on parle aussi des BRICS, qui cherchent néanmoins à sortir de leur rôles de pays exécutants. Les territoires, quelle que soit l’échelle considérée (au niveau des associations d’États, des États, mais aussi à l’intérieur de ceci au sein des régions et des départements pour la France, voire des métropoles) ont inégalement accès à la mondialisation.


La distance est encore un facteur contraignant, d’autant plus que des protections et des barrières sont mises en place, limitant les échanges internationaux. La hiérarchie des centres de décision mondiaux est en constante évolution. Parmi les plus grands centres financiers, cinq sont aujourd’hui en Asie, trois en Europe (Londres, Zurich et Francfort) et deux en Amérique du Nord.


II - Coopérations, tensions et régulations aux échelles mondiale, régionale et locale.


Concernant les inégalités territoriales, l’Union européenne a permis un rattrapage considérable du sud de l’Europe par rapport au nord. Les disparités inter-régionales se réduisent toutefois plus lentement. Dans le reste du monde, de nombreux accords régionaux économiques se sont réalisés (ASEAN en Asie, ALENA en Amérique du Nord, MERCOSUR en Amérique du Sud et la CEI dans le cadre de l’ancien espace soviétique), mais certains sont peu porteurs de développement. Un cas doit attirer notre attention, la Russie. Un état en cours de ré-émergement. 


III - Un pays dans la mondialisation : La Russie, entre inégale intégration des territoires, coopérations internationales et tensions


A - La Russie : Atouts et contraintes d’un territoire immense


Carte générale du territoire de la Fédération de Russie


Les ressources naturelles russes sont à la mesure de l'étendue du pays : énormes. La Fédération de Russie étant de loin le pays le plus vaste du monde (plus de trente fois la superficie de la France, le pays s'étend d'Ouest en Est sur 9 000 km et du nord au sud sur 3 000 km tandis que sa superficie totale est de 17 125 191 km²). 


Si la Russie se situe parmi les premiers producteurs mondiaux de pétrole et de gaz naturel, de minerai de fer (et aussi d'acier), qui sont de plus en plus accessibles avec le réchauffement climatique, la situation est moins brillante dans les branches industrielles élaborées et de pointes (électronique, chimie, plastique, automobiles) où le pays peine à produire des produits bon marché et de qualité et à exporter. La guerre en Ukraine a contraint le pays, privé de l’accès aux produits informatiques occidentaux, et particulièrement américain (comme les puces Intel) à lancer la production de matériel informatique 100% russe. Mais les premiers modèles présentés, fonctionnant grâce aux microprocesseurs de la marque Baïkal coûtent cher (1200 euros minimum pour l’entrée de gamme) et sont produits en nombre limité. Moins de 2000 exemplaires en 2023, c’est peu dans un pays de 143,4 millions d’habitants. 


Le UAZ 452 ou UAZ “petit pain”, véhicule populaire russe adapté aux difficiles conditions des transports locaux en milieu rural. 


Dans l'agriculture aussi, où le volume de la production (blé et pomme de terre), du cheptel (bovins et porcins) ne doit pas masquer la faiblesse des rendements (secteur affecté de surcroît, en 2010, par une canicule accompagnée d'incendies dévastateurs). La Russie n’est pas autosuffisante en matière agricole, alors que sa réserve de terre arable est la plus étendue du monde. Depuis 1960, le territoire est importateur de céréales. 


La Russie cumule différents facteurs aux effets négatifs. D’abord, l’agriculture demeure largement organisée sur le modèle soviétique communistes. Le travail des agriculteurs est encore très centralisé, planifié, le manque de stimulation et d'innovation des agriculteurs russes et surtout des groupes agroalimentaires peinent à fournir les produits réclamés par les populations russes urbaines, mondialisées et peine à suivre les modes. 


Par ailleurs, la Russie ne bénéficie plus des importations à bas coûts organisées à son bénéfice au temps de l’URSS dans les pays limitrophes dominés. Le blé ukrainien, les fruits et la viandes kazakhs sont désormais importés en Russie au niveau des prix des cours internationaux, donc au prix fort. Aujourd’hui, suite au déclenchement de la guerre avec l’Ukraine, c’est vers la Chine et surtout l’Inde que la Russie se tourne pour importer des denrées agricoles. Mais ces pays, déjà très peuplés, peine à fournir les quantités suffisantes à nourrir la population russe. 


Par ailleurs la Russie, pays septentrional, souffre de phénomènes climatiques négatifs aux rendements agricoles : les aléas climatiques (hivers rudes et prolongés, sécheresses).


Les distances immenses entre lieux de production et lieux de consommation rendent les échanges ouest-est difficiles et coûteux. Le pays est divisé entre attraction asiatique (Chine) et européenne (UE). Ce phénomène provoque une  dissociation spatiale entre ressources et besoins. Les capitales historiques du pays sont toutes situées à l’ouest et sont devenues des métropoles bien intégrées à la mondialisation. Les métropoles concentrent les fonctions politiques, économiques et décisionnelles. Elles sont des centres d’impulsion de la mondialisation.


Ainsi, l’intégration de la Russie dans la mondialisation repose sur ces espaces urbanisés métropolitains peu nombreux qui se sont développés au détriment du reste du territoire. Les grandes villes du pays, et surtout Moscou et Saint-Pétersbourg concentrent les flux touristiques, les activités de services et la majorité des zones d’innovation scientifique. De plus, elles sont bien connectées à l’Europe grâce aux infrastructures de transport terrestres, aéroportuaires et maritimes. 



L'essor du secteur privé est cependant entravé par le sous-équipement (le matériel existant étant le plus souvent obsolète car adapté aux grandes exploitations) : la cherté des nouveaux équipements, additionnée à la rareté du crédit, a ainsi provoqué de nombreux abandons. Les investissements agricoles se tassent, et la diminution des terres arables (13 millions d'hectares en treize ans) témoigne du recul agricole russe et d’un repli vers les centres urbains. La politique soviétique, qui favorisait la conquête de nouvelles terres cultivables au détriment de l'amélioration des surfaces existantes, semble abandonnée.


Contrainte d'importer des céréales depuis les années 1960, la Russie est pourtant potentiellement capable d'atteindre l'autosuffisance alimentaire grâce à ses 186 millions d'hectares de S.A.U. (surface agricole utile) pourtant elle importante toujours massivement des denrées agricoles. Mais le pays se démarque en matière de production de produits sylvicoles. Disposant des plus grosses réserves forestières du monde (environ 20 % du total mondial exploitable) la Russie est le premier exportateur mondial de bois.

 

Au niveau industriel, la dissolution de l'URSS, la Fédération de Russie s'est engagée sur la voie de l'économie de marché. Mais la faible compétitivité a multiplié les fermetures d'usines et accru le chômage. Les inégalités sociales se sont développées, ainsi que les tensions ethniques (guerre en Tchétchénie). Les problèmes de l'environnement, liés notamment à la vétusté des équipements, sont à l'échelle du pays et de la négligence des autorités. La Russie est un des cinq membres des BRICS et est la 11e économie mondiale. Le PIB russe, établi à 4 milliards de dollars en 2017 a chuté en 2023 à 1,7 milliards de dollars. Si l’économie russe est la 7ème économie du monde. Le PIB par habitant est faible, environ 10 à 12 000 dollars par habitant par an. Ce qui montre combien les inégalités économiques sont fortes dans le pays. Les revenus les plus importants sont concentrés dans les deux métropoles de Moscou et Saint-Pétersbourg, dans les régions sibériennes, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, environ 200 euros. 


Pourtant, malgré ces difficultés et une absence de diversification la rendant très dépendante des exportations de ressources naturelles, l'économie russe reste une puissance notable (fragilisée toutefois aujourd'hui par les effets de la crise mondiale et les sanctions internationales nées de l’invasion de la Crimée en 2014 puis de la Guerre en Ukraine en 2022).


Le pays apparaît dès lors comme un pays aux ressources importantes, mais tiraillé et isolé. 


III - La France : un rayonnement international différencié et une inégale attractivité dans la mondialisation.


La France affirme sa place dans la mondialisation, d’un point de vue diplomatique, militaire, linguistique, culturel et économique. Elle entre en rivalité avec les autres pays et cherche à consolider ses alliances.


La France maintient son influence à l’étranger via son réseau diplomatique et éducatif, des organisations culturelles, scientifiques et linguistiques (instituts français, Organisation internationale de la francophonie, Louvre Abu Dhabi, lycées français à l’étranger…), mais également à travers les implantations de filiales d’entreprises françaises. Elle attire sur son territoire, plus particulièrement à Paris et dans les principales métropoles, des sièges d’organisations internationales, des filiales d’entreprises étrangères, des manifestations


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