THÈME 1 - Environnement, développement, mobilité : les défis d’un monde en transition
Chapitre 2 - Les sociétés humaines en transition
A) Grandes notions du chapitre (cours à apprendre)
- Société : groupes d'individus entretenant des relations entre eux. On peut parler de sociétés animales pour les troupeau de moutons, les packs ou meutes de loups. Ici nous nous intéresserons aux sociétés humaines. - La transition, c'est l'ensemble des processus (économiques, politiques et sociaux) qui sont nécessaires à une société pour passer d'un état à un autre. Et aujourd'hui, donc, de sociétés énergivores (fortement consommatrice en énergies non renouvelables comme le pétrole ou le charbon) à des sociétés moins consommatrices d'énergies fossiles, voire, moins consommatrices d’énergie tout court. C'est la transition écologique. L'étude de cette transition d'une société à l'autre prolonge l’étude du développement durable (définition issu du rapport Brundtland de l'ONU, de 1987 : "est qualifié de développement durable ou soutenable un modèle de développement qui permet à une génération de répondre à ses besoins, sans comprendre la possibilité, pour les générations suivantes, de répondre à ses besoins".
- Nous nous intéresserons à travers des exemples variés spatialement au passage de sociétés nationales, locales, avec des économies divisées, à une grande économie humaine mondialisée. On insistera sur les grandes mutations en cours et les défis que ces mutations représentent pour les sociétés.
- Nous nous intéresserons aussi au processus de mondialisation, dont la définition a déjà été vue. (Autrement révisez les leçons de quatrième disponibles ici sur le blog!)
Nota bene : Ici le programme nous invite à considérer très (sans doute "trop") positivement la mondialisation, par exemple en nous invitant à "prendre le monde comme espace de référence". Mais que ce soit la crise des migrants, la nouvelle guerre froide entre la Russie et les États-Unis ou encore et surtout la crise sanitaire mondiale du coronavirus, vous voyez que la mondialisation est d'une part limitée, et que d'autre part celle-ci n'est pas toujours positive pour les hommes.
Ainsi, par exemple, par notre manque de capacité à pouvoir fabriquer des masques en France ou du matériel de réanimation ou à nous en procurer à l'étranger, la France a montré les limites de son inclusion dans la mondialisation.
En ne se fournissant en matériel médical, qu'en Chine, en ne possédant plus d'entreprises capables de créer du matériel sur le sol national, l'économie française a montré qu'elle était devenue fragile, et plus vraiment autonome. En cas de conflit militaire ou de crise sanitaire, le danger est alors réel pour la sécurité du pays.
Du coup, soyez plus critiques que votre programme scolaire! Initialement rédigé par une équipe rassemblée autour de la personnalité de Michel Lussault, le grand géographe français de la "mondialisation rêvée" (c'est une attaque qui lui a été faite, de ne présenter que les aspects positifs de la mondialisation) il ne cesse de rappeler qu'il se sent "citoyen du monde" et que nous sommes tous les habitants du "Monde", tous uni. Guerres et crises sanitaires actuelles montrent justement l'inverse : les particularismes locaux sont encore très forts et par ailleurs en cas de crises les sociétés se referment sur elles même (cf un article dans Libération du 31 mars 2020 pointant le fait que les grandes institutions mondiales comme l'OMS ou l'ONU sont aujourd'hui soient très silencieuses, soit pas du tout écoutées, d'ailleurs, depuis 30 ans l'OMS pointe le danger sanitaire que constitue les marchés d'animaux vifs chinois sans avoir réussi à en faire fermer ou réformer un seul). En cas de crise les pays se referment sur eux-mêmes.
- Les transitions actuelles (écologiques ou sociales ou politiques) impliquent des recompositions spatiales. La recomposition en géographie : c'est l'ensemble des changements spatiaux intervenus du fait des processus dont on a parlé : la mondialisation et de la transition énergétique (qui posent des questions géographiques, où se trouvent les lieux de commandement, les usines, les grands centres producteurs, les ressources, les risques?). Ces processus entraînent des restructurations spatiales.
Par ailleurs, quelles inégalités territoriales sont liées à ces mutations?
B) Étude de cas
Inde : les enjeux de l'accès à l'eau
QUESTIONS : En utilisant les documents suivants répondez aux questions suivantes :
1. Présentez les documents.
2. Cherchez le sens des mots et expressions inconnus.
3. Quels sont les enjeux de l'accès à l'eau en Inde? Autrement dit : quels problèmes rencontrent les populations indiennes pour accéder à l'eau? (Surtout les plus pauvres)
4. Quelle est la particularité du climat indien?
5. En quoi ce climat indien (très particulier en termes de précipitations) participe-t-il à faire de l'Inde un pays de "stress hydrique"?
6. Quelles solutions à ces problèmes d'accès à l'eau sont évoquées dans les documents?
Document 1. Un puits à Samba en Inde du Nord, le 2 juin 2019, photographie par Rakesh Bakshi pour l'AFP.
Document 2. Localisation de Samba, dans l'état indien du Jammu-et-Cachemire, capture Google maps, 2020.
Document 3. L'Inde manque d'eau,
Le Monde, Guillaume Delacroix (Bombay , correspondance), 24 juin 2019.
Retour sur terre pour le premier ministre indien Narendra Modi. Après une campagne électorale tout feu, tout
flamme, suivie d’une victoire historique aux législatives, fin mai, le
premier ministre indien était sur un petit nuage. Mais à l’orée de son
second mandat, il affronte une sécheresse des plus sévères, obligeant
son gouvernement à se retrousser les manches plus vite que prévu.
Émeutes au Madhya Pradesh, où la police est chargée de surveiller, nuit et
jour, les dernières réserves d’eau disponibles, fermeture des écoles au
Karnataka, où les cantines ne peuvent plus donner à boire aux enfants,
villageois du Maharashtra réduits à réutiliser leurs eaux de vaisselle
pour cuisiner… La panique s’empare de l’Inde et la nouvelle ministre des
finances, Nirmala Sitharaman, a été chargée de mettre les sujets
traitant de l’eau et de l’agriculture en tête des annonces qui seront
faites le 5 juillet, lors de la présentation du budget de la nation.
La
mousson, qui assure habituellement 70 % des précipitations annuelles,
accuse un retard dramatique que les experts attribuent au réchauffement
de la planète. Si les premières pluies ont fini par toucher le 8 juin
les côtes du Kerala, à la pointe sud du sous-continent, le cyclone Vayu
qui a balayé la mer d’Arabie la semaine suivante a retardé leur
traditionnelle progression vers le nord. Elles n’ont atteint Goa que
jeudi 20 juin, à l’ouest, puis les Etats bordant le golfe du Bengale le
lendemain, à l’est. Et elles ne devraient arroser la capitale économique
du pays, Bombay, qu’à partir de lundi 24 juin au mieux, soit deux
semaines plus tard que d’habitude. Et les précipitations sont minces.
« C’est le démarrage le plus tardif de ces dix dernières années »,
relèvent les météorologues, qui ajoutent que les averses dites de
« prémousson », qui se manifestent en général dès la fin de l’hiver,
accusent « un déficit pluviométrique de 44 % » par rapport à la
moyenne sur une longue période. Dans ces conditions, les autorités ont
recommandé aux paysans de patienter avant de se lancer dans les semis,
faute de quoi les graines risquent de mourir avant de germer, et les
rendements se révéler désastreux à l’automne.
L’inquiétude est grande, car si l’Inde est plus qu’autosuffisante en riz
et en blé, la sécheresse va entraîner dans quelques mois un plus grand
recours aux importations de légumes secs et d’huiles, et son corollaire,
une hausse des prix.
En
attendant, les exécutifs régionaux traitent les urgences comme ils le
peuvent. Vendredi 21 juin, le Tamil Nadu, dans le Sud, a commencé à
mettre en place un approvisionnement par train de sa capitale assoiffée,
Chennai. Les quatre réservoirs qui alimentent d’ordinaire cette
agglomération littorale de 10 millions d’habitants sont à sec. Durant
six mois, des convois ferroviaires vont lui livrer chaque jour 10 000
mètres cubes d’eau en provenance de différentes rivières situées à
l’intérieur des terres.
Cette
crise était néanmoins prévisible, si l’on en croit NITI Aayog, un
groupe d’experts qui accompagne le gouvernement dans ses choix
économiques. L’agence avait souligné, en juin 2018, l’ampleur du défi
qui attend un pays ne disposant que de 4 % des réserves d’eau de la
planète, alors qu’il abrite 16 % de sa population. « Six cents
millions d’Indiens souffrent de stress hydrique et la situation va
empirer. D’ici à 2030, la demande en eau sera deux fois supérieure à
l’offre, entraînant de graves pénuries pour des centaines de millions de
personnes », note-t-elle. Il serait également intéressant pour l'Inde de modifier ces cultures, en les tournant vers des céréales ou des pois comestibles moins consommateurs d'eau.
Dès
sa prestation de serment, le 30 mai, M. Modi a constitué un grand
ministère de l’eau, en rapprochant deux portefeuilles, celui des
ressources en eau et du développement des rivières, et celui de l’eau
potable et de l’assainissement, par souci d’efficacité et dans le but de
connecter en cinq ans tous les foyers à un réseau d’adduction. « L’Inde ne collecte que 8 % des eaux de pluie, c’est l’un des taux les plus bas au monde »,
fait remarquer Parameswaran Iyer, haut fonctionnaire au sein de cette
nouvelle administration, alors qu’elle est le pays qui pompe le plus au
monde dans les nappes souterraines, au moyen de 12 millions de puits, le
plus souvent illégaux. Le problème vient également du climat indien : la majeur partie des précipitations de l'année ne tombent que lors des quelques mois de la moissons d'été. Il faudra pouvoir stocker plus d'eau, plus longtemps.
Les solutions existent mais elles sont difficiles à appliquer : construire des logements économes en eaux (toilettes sèches) et capables de capter les eaux de ruissellement, réutiliser les eaux usées après les avoir captées et retraitées, consommer moins d'eau, juguler l'augmentation de la population, mais aussi lutter contre les puits illégaux et rénover le système de distribution d'eau souvent dégradé et plein de fuites.
Document 4. Courbe de la population indienne. 1960-2017. Source : Banque Mondiale 2017.
Document 5. La consommation (par personne et par jour) d'eau domestique pour un habitant de quatre villes d'Inde (villes accueillant les populations riches, à gauche : Pune, capitale de la high-tech dans la banlieue de Mumbai, Mumbai ou Bombay, la capitale économique de l'Inde, puis Solapur ville moyenne du centre de l'Inde, et enfin Latur, ville de taille plus réduite et plus pauvre du centre de l'Inde également), source : The Economist, 2019.
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