CLASSE DE PREMIERE - LA RÉVOLUTION FRANÇAISE ET L’EMPIRE (1789-1815) (Partie 1 : 1789-1796)

CHAPITRE 1 - LA RÉVOLUTION FRANÇAISE ET L’EMPIRE (1789-1815)

PROBLÉMATIQUE : Dans quelle mesure les événements intervenus en France entre 1789 et 1815 (la Révolution française et l’Empire napoléonien) ont-ils entraîné des bouleversements politiques, économiques et sociaux majeurs en France et en Europe ?


A. 1789-1790 : vers l'Égalité

 

Au XVIIIe siècle la France est un pays rural. Même si la population française est l’une des plus importante d’Europe, en augmentation rapide (20 millions en 1700, 25 millions en 1750) elle demeure globalement rurale, pauvre et divisée. La majorité de la population ne profite pas des rentes d’impôts levées par le Clergé, l’état et les nobles. Le Tiers-État et le bas clergé, les “non nobles” et les curés, abbés, représentent plus de 90% de la population et seul le Tiers-État paye les impôts royaux et locaux. De plus, le Tiers-État profite très peu des dépenses publiques, l’état qui investit surtout pour la guerre et ses dépenses propres. De plus les Français sont peu éduqués et malgré les travaux d’assainissement menés par la couronne dans quelques grandes villes (on construit des fontaines et des égouts, mais ils restent très limités, Voltaire se plaint de la frivolité des élites municipales parisiennes et de celle du roi, il écrit : “Les gens se sentent moins floués quand l’impôt sert à construire des opéras comiques plutôt que d’utiles égouts”). Épidémies et disette frappent encore le pays. Au XVIIe siècle,
lors de la grande famine des années 1693-1694, plus de 5000 personnes meurent à Paris et plus d’un million 
reçoivent du bouillon à l’Hôtel-Dieu.

 

Louis XIV ordonne que l’on offre du pain aux parisiens au Louvre lors de la famine. Ces distributions sont l’occasion d’émeutes de la faim. 

 

Les philosophes des Lumières n’hésitent plus à remettre en cause la religion, et l’ordre social de l’époque. En, juin 1749 Denis Diderot fait publié anonymement sa Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient. Dans ce pamphlet, Diderot dénonce la croyance et prône l’athéisme et l’usage de la raison. Il est emprisonné à Vincennes pour “impiété” et qualifié de “jeune homme dangereux” le 24 juillet 1749 et libéré finalement suite à l’action de célèbres libraires parisiens le 3 novembre suivant. Il aura fait presque quatre mois de prison pour avoir écrit : “Vous êtes dans 

l'habitude de traiter de prodige tout ce qui vous paraît au-dessus de vos forces. Un phénomène est-il, à notre avis, au-dessus de l'homme ? nous disons aussitôt : c'est l'ouvrage d'un Dieu ; notre vanité ne se contente pas à moins. Ne pourrions-nous pas mettre dans nos discours un peu moins d'orgueil, et un peu plus de philosophie ? Si la nature nous offre un nœud difficile à délier laissons le pour ce qu'il est et n'employons pas à le couper la main d'un être (divin) qui devient ensuite pour nous un nouveau nœud plus indissoluble que le premier. Demandez à un Indien pourquoi le monde reste suspendu dans les airs, il vous répondra qu'il est porté sur le dos d'un éléphant et l'éléphant sur une tortue ; et la tortue, qui la soutiendra ?... Cet Indien vous fait pitié et l'on pourrait vous dire comme à lui : Monsieur confessez d'abord votre ignorance, et faites-moi grâce de l'éléphant et de la tortue.» Et ainsi, avoir remis en cause l’existence de Dieu. 

 

Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, font la promotion de la République. La France a soutenu la création de la jeune république américaine qui accède à l’indépendance définitivement en 1783 suite au congrès de Paris. À cette occasion une partie des “pères fondateurs” de la nation américaine Benjamin Franklin, John Adams, John Jay, William Temple Franklin et Henry Laurens sont reçus dans les salons parisiens. Leurs habits et leurs manières simples, qualifiées de “démocratiques” étonnent dans une France marquée par les différentes sociales et socialement cloisonnée. Benjamin Franklin avait déjà été reçu par Louis XVI dans les années 1770. 

 

Le soutien aux révolutionnaires américains (des navires de guerre commandés par La Fayette sont envoyés en soutien aux insurgés) coûtent cher, les travaux somptuaires de Louis XVI comme la construction de l’église Sainte-Geneviève (le futur Panthéon) et les pensions octroyées à la Cour assèchent les finances royales. 

 

En 1788 le déficit financier est colossal et le fossé se creuse entre le peuple et la couronne. L’affaire du “collier de la reine”, une extorsion de fonds mené à l’aide d’un sosie de Marie-Antoinette montre combien le fonctionnement de la cour est injuste et corrompu. Louis XVI ne peut plus honorer ses dettes. Pour résoudre ses difficultés financières le roi accepte de convoquer les États Généraux pour le 5 mai 1789. Pour le roi, l’idée est de faire enregistrer par des représentants élus dans les provinces de nouveaux impôts et ainsi d’éviter au pouvoir royal la faillite. Comme il est d’usage de profiter des États Généraux pour remonter au roi des revendications, les Français rédigent donc au cours de l’hiver des 

Cahiers de doléances dans lesquels ils synthétisent leurs difficultés et revendications dans l'attente du mois de mai. 

Une grande campagne publique des gazettes, des “beaux esprits” invite à faire des cahiers de doléances un moyen pour faire directement remonter au roi Louis XVI (roi depuis le 10 mai 1774) les revendications de la population.

 

Par ailleurs la “réaction féodale” amène les nobles à relever d’anciens impôts oubliés ainsi que les loyers des terres. Ainsi, le Tiers-État, alors que l’impôt royal est généralement de 10% se retrouve taxer dans certaines régions à plus de 50% de ses revenus (gabelle sur le sel, dîme due au Clergé local et autres redevances seigneuriales s’ajoutent à l’impôt du roi). Par ailleurs les révoltes fiscales sont durement réprimées, comme au XVIIe siècle. On peut citer la révolte du papier timbré ou dite des «bonnets rouges», qui secoue la Bretagne durant le règne de Louis XIV (1675). Les insurgés sont des paysans mais aussi des artisans, des bourgeois, qui souhaitent protester contre des nouvelles taxes imposées pour aider au financement de la guerre menée par Louis XIV en Hollande. L’une des mesures royales qui impose l’usage d’un nouveau «papier timbré» très onéreux pour les actes officiels révoltent les bourgeois breton. Les clochers ayant sonné pour appeler à la révolte sont rasés, les chefs rebelles condamnés aux galères et de très nombreux paysans pendus. Pour cacher le bilan des horreurs de la répression en Bretagne, Louis XIV donnera l’ordre de brûler l’ensemble des archives relatives à “La Révolte des bonnets rouges”. 

 

Sur le conseil de Jacques Necker, ministre des finances, pour montrer sa bonne foi, Louis XVI a accepté pendant l’hiver l’idée du doublement des députés du Tiers-État.  

Le Tiers-État aura autant de députés (600 députés) que les deux autres ordres réunis.  

 

Les députés arrivent à Paris de toute la France à partir du mois d’avril pour commencer leurs travaux préparatoires. Les représentants du Tiers-État veulent faire de la France un royaume plus juste, grâce à la rédaction d’une constitution. Dès la première séance du 5 mai, l’ambiance est délétère et les ordres s’affrontent. Les députés du Tiers-État sont placés en fond de salle, ils entendent et voient mal le dais royal. 

 

De plus, travaillant à part, dans une salle excentrée, la salle du “jeu de paume” ils refusent d’accepter le vote par ordre et le 17 juin se déclarent Assemblée nationale. Ils considèrent désormais qu'ils sont les seuls 

représentants de la Nation et invitent dès lors chaque député des autres ordres à venir les rejoindre dans leur salle.

 

La salle des États Généraux. Au fond, le dais royal.


Le 20 juin, autour de Louis-Antoine Bailly, président de l’assemblée, les députés du Tiers prêtent serment de ne pas se séparer avant d’avoir élaboré une constitution. Le 23 juin, alors que Louis XVI renouvelle sa demande de dissolution de la nouvelle assemblée les députés refusent de nouveau de cesser leurs travaux. Alors qu’un courtisan envoyé par le roi demande qu’ils quittent la salle le député du Tiers, Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau l'apostrophe : 

« Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple! Et que ne nous ne sortirons de cette salle que par la force des baïonnettes! » Louis XVI aurait alors répondu très vulgairement: « Hé bien, foutre! Qu’ils restent! »


Dans Paris on commence à qualifier la nouvelle assemblée de “Constituante”. Dans l'effervescence des événements des journaux sont créés comme “Le Point du Jour” (sous la direction de Louis-Antoine Bailly) pour faire état aux parisiens des travaux de la journée, au Palais Royal on discute de ses projets.

 

Pour soutenir cette nouvelle assemblée que Louis XVI tarde à reconnaître des milices se forment dans Paris, les gardes françaises. 

Des émeutes éclatent dans les faubourgs et des magasins sont pillés. 

Beaucoup de parisiens sont affamés et l’excitation se mêle à la faim. 

 

Désemparé par la résistance de l’Assemblée Louis XVI ordonne le 9 juillet aux autres députés (Noblesse et Clergé) de se joindre à l’Assemblée. L’Assemblée nationale se déclare alors définitivement Assemblée Constituante. Les représentants du Tiers-État sont vainqueurs, c’est la fin de l’absolutisme.

 

Le 14 juillet 1789, craignant que le roi n’étouffe la révolution naissante une foule de parisiens et de miliciens s’empare de la Bastille, symbole royal de l’oppression. La foule cherche des fusils, la résistance du fort est vive et fera plusieurs dizaines de morts, peut-être plus de cent. La chute de la Bastille symbolise la chute de l’arbitraire royal.

Au cours de l’été la Révolution s’accélère. 

Dans les campagnes, en juillet, c’est le début de la Grande Peur, des paysans affamés pillent les magasins et attaquent également les châteaux seigneuriaux pour brûler les registres où sont conservés les impôts et tous les droits seigneuriaux. Poussé par la pression populaire,

la nuit du 4 au 5 août 1789, l’assemblée constituante abolit l’ensemble des

 privilèges et des droits seigneuriaux, le 26 août 1789, 

elle proclame l’égalité entre tous les citoyens dans un texte fondateur des droits humains : la Déclaration  des droits de l’homme et du citoyen où sont affirmés les principes d’une société juste : 

liberté, égalité, fraternité.   

 La formation des départements | Histoire et analyse d'images et oeuvres

Carte de 1789, ou carte d’Hennequin, présentant un projet de découpage de la France en départements “carrés”.

Dans quelle mesure ce découpage vous apparaît-il rationnel? À quel courant philosophique le relier? Quels en sont les limites? 

  

Une cérémonies de plantation d’arbre de la Liberté (entre 1790 et 1794).

B. 1790-1792 : La fin de la royauté

À partir de l’été 1789, Paris, où siège l’Assemblée nationale redevient le centre de la vie politique française. Le 14 juillet la Bastille est tombée. Au début de l'automne, (le 6 octobre) le roi et la famille royale s'installent à Paris dans le château des Tuileries (près du Louvre) à la suite d'une marche de femmes venues réclamer du grain et une audience royale. Le 12 octobre 1789, l'Assemblée s'installe également à Paris (dans le manège des Tuileries contre le palais du roi). L’Assemblée nationale devenue assemblée constituante (puisque qu’elle s’est donnée la mission 

de “donner à la France une constitution” le 20 juin lors du serment du jeu de Paume) réorganise la France.

Quelques grandes réformes de la “Constituante”:

- Nationalisation des biens du clergé (2 novembre 1789) et création du “domaine national” par agglomération des biens du clergé et des biens de la Couronne dans le but de rembourser les dettes de la couronne et de gager les “assignats” (la première monnaie papier nationale).

- Suppression des rentes, redevances et des dîmes (impôts payés à l'Église) et création de nouveaux impôts payés par tous.

- La Constituante affirme l’unité du pays. 83 départements sont créés afin de simplifier l'administration.

- Suppression des corporations et des associations professionnelles (c’est la loi Le Chapelier de 1791, toujours en vigueur aujourd’hui).  

- Interdiction de la torture, création de la guillotine par Jospeh Ignace Guillotin. La guillotine, c’est l’application à la peine de mort de l’égalité et des principes des Lumières.

- Création du mariage civil, de l’état civil et autorisation

du divorce. 

- Constitution civile du clergé (12 juillet 1790), les prêtres 

doivent prêter serment.

- Rationalisation et unification des poids et mesures  

(adoption du mètre le 26 mars 1791).

- Fin des discriminations légales à l’endroit des protestants 

et citoyenneté octroyée aux juifs.

 

Un assignat, première monnaie papier. Le cours des assignats s’effondre dès 1792.

 

Le 14 juillet 1790 le gouvernement célèbre lors de la fête de la Fédération l’unité et la réconciliation des Français mais les difficultés demeurent. 

 Les célébrations sont présidées par le marquis de Lafayette, homme faisant le lien entre la Révolution et la famille royale.

L’Église est divisée face à la constitution civile du clergé et face au salariat des prêtres. Par ailleurs Louis XVI est de plus en plus hostile à la Révolution.

 

Le 3 septembre 1791, la constitution est enfin adoptée. 

La France devient une monarchie constitutionnelle où le pouvoir est partagé entre le roi et une assemblée élue. Mais dès de début de son application le système fonctionne mal. Louis XVI s’oppose par veto à l’assemblée et freine l’application des lois votées. Il soutient publiquement les prêtres réfractaires, il est ouvertement opposé à l’abolition des privilèges. De plus en plus isolée, effrayée par les "Sans-Culottes"  

(les partisans les plus radicaux de la Révolution) opposés à l’Assemblée 

et aux réformes, la famille royale a organisé une tentative de fuite pour le printemps 1791. 

 

En effet, le 20 juin 1791 le roi et la famille royale, ont quitté Paris déguisés en direction de la frontière de l’Est. Mais Louis XVI et la famille royale sont reconnus et arrêtés à Varennes le 21 juin 1791  

(Louis XVI a été reconnu par le maître de poste, Jean-Baptiste Drouet, à l’aide d’un assignat).

 Un assignat où le roi est représenté. 

Dans les clubs politiques s’impose l’idée de la déchéance du roi.  

(Les clubs sont des endroits publics ou des questions politiques et philosophiques sont débattues, les plus célèbres sont le club des Jacobins et celui des Cordeliers à Paris). Celle-ci est votée le 10 août 1792 

la monarchie constitutionnelle est suspendue.

 

Robespierre “l’Incorruptible” et Danton, deux Jacobins favorables à l’instauration de la République.

 

Depuis l’étranger, la réaction anti-révolutionnaire s’organise. 

Les monarchies européennes (dont la Prusse et Autriche en premier lieu) soutiennent les “émigrés” (des nobles qui ont quitté la France à partir de l’été 1789, qui complotent et s'arment contre la Révolution et plus tard, à partir de septembre 1792 contre la République).  

Le 20 Avril 1792, l’Assemblée vote la déclaration de guerre contre l’Autriche et organise le combat contre les émigrés. 

C. La Première République

Le 20 septembre 1792, l’armée prussienne alliée de l’armée d’Autriche 

est arrêtée et vaincue à Valmy. C’est une grande victoire pour les soutiens de la Révolution.

Le général Kellermann harangue ses troupes à Valmy le 

20 septembre 1792 (affiche scolaire des années 1950).

 

Le 22 septembre 1792 l’Assemblée législative proclame la République et le 21 janvier 1793, le roi est guillotiné à Paris. 

 L’Assemblée prend le nom de Convention nationale et devient le centre unique du pouvoir.

 

En Europe, une nouvelle coalition se forme parmi les souverains étrangers contre la France. 

Dans l’Ouest, en Vendée, aidés par l’Angleterre des paysans, des bourgeois et des nobles se soulèvent contre la République: c'est l'insurrection de Vendée (celle-ci durera jusqu'en 1796)

les insurgés se surnomment: les Chouans.

 

La guerre et les révoltes intérieures affaiblissent l’économie française. Les “Sans-culottes” réclament alors des décisions radicales pour sauver la République. Un gouvernement révolutionnaire, 

le Comité du Salut Public est créé, il est dirigé par Maximilien de Robespierre, 

une figure du parti des “montagnards”, un Jacobin.

La loi des suspects et la mise en place d’un tribunal révolutionnaire permettent d’arrêter, de juger et d’exécuter sans appel les personnes désignées comme ennemis de la révolution.

 

Les députés les plus modérés sont arrêtés à partir du mois de juin et exécutés (comme les Girondins le 31 octobre 1793). Robespierre, assisté de Saint-Just et de Billot-Varenne instaure un gouvernement  révolutionnaire et décrète : la “Terreur”, le 5 septembre 1793, un gouvernement d'exception qui permet de sauvegarder la République mais elle est marquée par une répression importante. 

 

Quelles décisions marquent la radicalité du gouvernement de Robespierre? 

 

Le commerce et l’industrie sont encadrés. On parle de “dirigisme économique”. Les lois sur le “maximal” encadrent les prix et les sans-culottes surveillent le commerce des grains pour permettre d’écarter la famine.


Des mesures sociales sont prises : aides et assistances aux pauvres, aux veuves.


La répression contre les révolutionnaires s’emballent. 17 000 personnes sont guillotinées, 20 000 sont fusillées. On estime que les répressions de la Terreur entraîneront la mort d’environ 100 000 personnes au total. 

 

Comment est mis en scène dans cette gravure le soutien populaire lors de l’exécution de Louis XVI?

 

La Terreur est aussi un temps de réformes. Le 5 octobre 1793, le calendrier révolutionnaire est adopté. Robespierre fait interdire la religion chrétienne et instaure un nouveau culte dédié à l’Être Suprême.

Des églises sont profanées, transformées en temple de la Raison, en ateliers ou en prisons.

 

En octobre 1793 les tombeaux royaux de l’abbaye de Saint-Denis sont profanés.

 

Le 16 pluviôse an II (selon le calendrier révolutionnaire) soit le 4 février 1794, l’esclavage est aboli. 

 

L’usage des poids et mesures du “système métrique” est systématisé. 

 

L’école est réformée. L’instruction primaire devient obligation. L’orthographe est réformée pour faciliter aux plus jeunes 

l’apprentissage du Français. 

 

« Le jour est arrivé où la plus grande des Nations, après avoir renversé d’un bras puissant la Tiare et le Trône, donne à ses enfants une morale saine, une philosophie digne de devenir le code de l’Univers et de faire entrer dans sa dynamique, les talents, les arts et les travaux.

Bientôt nos campagnes ne seront donc plus peuplées de fanatiques,

d’hommes gémissant sous le règne de l’erreur ; 

bientôt la terre n’ouvrira ses fertiles entrailles que pour un peuple libre, éclairé, sage et heureux.

Bientôt aussi l’instituteur, regardé par ses concitoyens comme le père social que la Patrie donne à ses enfans, verra doubler son existence par les progrès de ses élèves. Fonctionnaires d’un grand peuple, quelle responsabilité va peser sur vous ! C’est vous qui répondrez à chaque citoyen, à la France, à l’Univers entier, des vertus ou des vices que votre exemple aura fait naître dans le cœur de nos enfants, des talents 

heureux ou de l’ignorance fatale dont vos leçons auront fortifié ou étouffé le germe. »

Discours anonyme devant le jury d’instruction du district de Pithiviers le 1er nivôse an III (21 décembre 1794)

 

Mais isolé à la Convention, Robespierre est accusé le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II) et est guillotiné le 28 juillet 1794 sans jugement après avoir été arrêté dans les locaux de la maire de Paris, où le maire favorable à la Terreur l’avait accueilli. Avec sa mort et celle de ses derniers partisan, c’est la fin de la Terreur.


Étude de document : Un militant politique s’exprime sur l’importance pour lui de la Révolution Française.  

Durant mon enfance dans le midi, les grandes journées de la Révolution constituaient le substrat principal d’une culture collective historique enseignée par les instituteurs dès l’enfance et vivifiée dans les familles laïques. Les manuels scolaires comprenaient une partie importante sur cette période de fondation simultanée de la République et de la nation. Pour connaître la République et l’aimer, il fallait connaître la Révolution Française. 

Des illustrations évocatrices nous faisait frémir et faisaient ressortir l’essentiel pour chaque moment décisif de cette épopée. C’est journées c’était:

  • Le Serment du Jeu de Paume et Mirabeau prononçant sa célèbre 

    phrase du 23 juin.

  • Pierre-Augustin Hulin amenant ses canons face à la Bastille le 14 juillet 1789.

  • Valmy, sa bataille, ses volontaires jetant en l’air leurs chapeaux, son moulin et la phrase de Goethe "De ce jour et de ce lieu date une ère nouvelle de l’histoire du monde".

  • Les volontaires de la République montant au front en chantant la Marseillaise composée par Rouget de Lille à Strasbourg la nuit du 25 au 26 avril 1792 et la levée en masse.

  • Bara criant "Vive la république" éventré par les Chouans...

Ces six clichés concrétisent la caractéristique fondamentale de la Révolution française : une mobilisation populaire particulièrement massive, radicale, longue, s’étant donné des formes institutionnelles fondées sur la souveraineté populaire et sur la Raison, une vraie révolution populaire, par le peuple et pour le peuple!

Pour moi la phrase de Mirabeau ( "Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes !"), par exemple, résume à la fois : la mobilisation populaire lors de la préparation des états généraux (cahiers de doléances, élections, luttes...), la supériorité de la souveraineté populaire sur tout autre pouvoir, cette souveraineté populaire étant synonyme de souveraineté nationale.

J’en retiens le rôle du pouvoir législatif comme principal moyen de représentation de cette souveraineté populaire.

Quand au Serment du Jeu de Paume lui-même, la transformation d’une assemblée élue en assemblée constituante représente évidemment un symbole éminemment politique. 

Les “grandes journées révolutionnaires”

5 mai 1789 : Ouverture des États généraux à Versailles. La Révolution française, politique et juridique, est en marche!

17 juin 1789 Les députés du Tiers état se proclament Assemblée nationale.

20 juin 1789 Serment du Jeu de Paume, symbole du combat pour la souveraineté populaire.

23 juin 1789 : Le mot de Mirabeau "Nous sommes ici par la volonté du peuple et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes"

14 juillet 1789 : la prise de la Bastille symbolise la fin définitive de la monarchie "absolue" et l’accélération du processus populaire révolutionnaire.

Nuit du 4 août 1789 Abolition des droits seigneuriaux par l’Assemblée nationale

26 août 1789: adoption par vote de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

12 juin 1790: Avignon vote son rattachement à la France.

14 juillet 1790 : Fête de la fédération.

21 juin 1791: Arrestation de Louis XVI à Varennes (en Argonne).

17 juillet 1791: La fusillade du Champ de Mars. Une pétition réclamant la déchéance du roi circule dans Paris depuis le 15 juillet à l’initiative du club des Cordeliers pour demander la déchéance du roi. Le 17 juillet 1791 plusieurs milliers de pétitionnaire sont réuni sur le Champ de Mars pour réclamer la déchéance du roi, beaucoup dénoncent également le suffrage censitaire qui vient d’être adopté. 

27 août 1791: l'Empereur Léopold II d’Autriche et Frédéric-Guillaume II de Prusse se rencontrent à Pillnitz pour rédiger une déclaration commune et préparer la guerre contre la France si Louis XVI n’est pas rétabli dans ses droits. 

20 avril 1792 : Les députés de l’Assemblée législative déclarent la guerre à l’Empereur d’Autriche. 

11 et 12 juillet 1792: Décret de l’Assemblée Nationale : “La patrie est en danger !” Toute la population, partout en France, est invitée à se battre pour défendre la Révolution. 

10 août 1792: Prise des Tuileries, les sans-culottes réagissent entre autre à la déclaration du Duc de Brunswick de s’en prendre au Paris si le roi est malmené. Le peuple de Paris se soulève et prend le contrôle de la Révolution, entre autre sous la direction de Georges Danton.

26 août 1792: L’Assemblée nationale décerne le titre de citoyen français "aux hommes qui ont servi la cause de la liberté et préparé l’affranchissement des peuples" comme George Washington.

20 septembre 1792, Valmy, symbole fort d’une mobilisation populaire qui sauve la Révolution française.

21 septembre 1792 : Abolition de la royauté par la nouvelle assemblée créée par les premières élections au suffrage universel masculin : la Convention nationale. 

24 juin 1793: Constitution de l’An 1. Après la liquidations des “indulgents”, Robespierre entre le 27 juillet 1793 au Comité de salut public où il participe à l'instauration d'un gouvernement révolutionnaire et de la Terreur.

24 octobre 1793: création du calendrier républicain.

4 février 1794: Abolition de l’esclavage.

8 juin 1794 : fête de l’Être Suprême.

10 juin 1794 : Adoption de la loi du 22 prairial dite “Loi de la Grande Terreur”.

27 juillet 1794: Chute de Robespierre (9 thermidor).

28 juillet 1794: exécution de Robespierre. 

21 février 1795: rétablissement de la liberté de culte. 

3 mars 1795: Rétablissement de la Bourse.

22 mai 1795: “Les martyrs de prairial” dernière tentative des robespierristes. 



 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire