TERMINALE GÉNÉRALE 2022-2023 HISTOIRE THÈME 1 - FRAGILITÉS DES DÉMOCRATIES, TOTALITARISMES ET SECONDE GUERRE MONDIALE (1929-1945) CHAPITRE 1 - LA CRISE DE 1929 ET SES RÉPERCUSSIONS SUR LES SOCIÉTÉS, AMÉRICAINES ET EUROPÉENNES

CHAPITRE 1 - LA CRISE DE 1929 ET SES RÉPERCUSSIONS SUR LES SOCIÉTÉS, AMÉRICAINES ET EUROPÉENNES  

Exercice introductif : commentaire de document 



Deux des cinq vues de la série "migrant mother" (représentant Florence Owens Thompson) prise par Dorothea Lange, le 6 mars 1936, près de Nipomo, en Californie. 

1. Présentez les deux documents (Nature, Auteur, Date).
2. Décrivez les deux documents (utilisez un vocabulaire approprié). 
3. En vous appuyant sur vos connaissances et les éléments contextuels de la prise de vue (donnés à l'oral ou trouvés sur Internet via les liens ci-dessous), en quoi pouvez-vous dire que cette photographie constitue à la fois une œuvre artistique autant qu'un témoignage journalistique voire scientifique (quel domaine) ?

Pour aller plus loin :
 https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8re_migrante 
et https://www.radiofrance.fr/franceculture/2-dollars-les-10-heures-aux-champs-la-photographe-le-sociologue-et-la-grande-depression-9456949

A. LES CAUSES DE LA CRISE ÉCONOMIQUE DE 1929 

Un krach boursier est à l'origine de la crise de 1929
Ce krach démarre le jeudi 24 octobre 1929, on parle de "Jeudi noir" ou  "Black Thursday". C'est le premier jour de la crise spéculative qui ouvre la crise de 1929 qui débouche sur la Grande Dépression

La crise est d'abord spéculative. Quel mécanisme ? En 1929 les valeurs des actions sont surévaluées par les acteurs des marchés financiers et si l'activité économique américaine a bien augmenté de 50% entre 1920 et 1929, les actions ont connu sur la même période une augmentation de valeur de 300%. Le décalage entre les résultats réels de l'économie américaine et leur appréciation par les acteurs financiers est donc très important. Les actions et tous les actifs boursiers américains sont surévalués.  

Par ailleurs, la bourse new-yorkaise autorise depuis 1926 l'achat d'actions contre un dépôt d'à peine 10% de couverture du prix total. Ce qui favorise la spéculation. Les acteurs achètent et vendent sans avoir forcément réellement les fonds nécessaires à régler leurs achats (c'est le système des call loans ou emprunts à appel).

Or depuis le début de l'année 1929, l'économie américaine connaît un moment de ralentissement de la croissance de ses profits et de la croissance de son activité en général. Un exemple, les ventes de voitures stagnent, et des financiers comme Charles Merrill (l'un des fondateurs de la banque Merrill Lynch) émettent les premiers soupçons quant à la poursuite des progrès des profits de l'économie américaine pour 1930, et déconseille les achats à crédit. Le jeudi 24 octobre, à l'ouverture de la bourse de New-York, très peu d'ordres d'achats ouvrent la journée. Un vent de panique secoue alors la bourse. Les acteurs financiers du marché commencent à vendre massivement leurs actions et en moins d'une semaine plus de 30 millions d'actions sont revendues à perte. Les valeurs boursières américaines perdent alors en une seule semaine environ 30 milliards de dollars en valeur, c'est plus que toutes les dépenses américaines liées à l'engagement dans la Première Guerre mondiale. 

Les valeurs boursières effondrées, c'est toute l'économie américaine qui se grippe. En effet, les banques, qui avaient gagé leurs possibilités de crédits sur les valeurs boursières hautes voient leurs réserves de fonds disparaître. Sans fonds propres, les banques doivent geler leur offre de crédit. Les banques cessant de prêter, les ménages et les entreprises qui s'équipaient massivement à crédit sont déstabilisés. Les investissements des ménages comme des entreprises sont freinés. Les achats d'équipement aussi. 

Dans le même temps, de nombreux propriétaires de capitaux cherchent à récupérer leurs fonds. Les épargnants vident leur compte en banque contre des liquidités ou de l'or. Certaines banques de dépôts font alors faillite (5000 banques américaines sur les 23 000 existantes disparaissent lors de la crise) précipitant de nombreux épargnants dans la misère. 

Or, à la même période, l'économie américaine qui avait mal anticipé la crise est en surproduction. L'offre de biens est supérieure à la demande. Les prix s'effondrent (c'est la déflation). Les investissements stoppent également, l'économie américaine entre alors dans une période durable de récession.

B. DÈS 1930 LA CRISE DEVIENT MONDIALE

Problème, à la faveur de la Première Guerre mondiale, les banques américaines et donc les épargnants américains étaient devenus les principaux créanciers de la reconstruction et du développement du continent européen. L'Allemagne et l'Autriche (en premier lieu), mais aussi la France et l'Angleterre, sont largement bénéficiaires de capitaux américains en 1929.

À partir du 24 octobre 1929 et du crach, tout change. Les banques et investisseurs américains retirent leurs capitaux d'Europe pour récupérer des fonds. Avec un à deux ans de retard, le continent européen plonge alors dans la crise. En 1930 pour l'Allemagne et l'Autriche, en 1931 pour la France et l'Angleterre.

Par ailleurs les États-Unis rétablissent leurs barrières douanières en 1930 (avec la loi Hawley-Smoot promulguée le 17 juin 1930, qui augmente de 40 % les droits de douanes sur le blé, le coton, la viande et les produits industriels), ils seront suivis par les autres grandes économies importatrices du monde. Ce retour du protectionnisme affecte particulièrement les pays ayant misé sur un développement intense de leur commerce extérieur comme l'Autriche, le Japon, l'Allemagne ou le Royaume-Uni). La France est touchée plus tardivement et moins profondément par la crise. Par contre les effets y seront plus durables et ce sont surtout ses secteurs exportateurs qui sont touchés (comme le vin). 

Les colonies des pays européens (Afrique et Asie) et leurs anciennes colonies (en Amérique Latine) voient se réduire les débouchés pour les matières premières dont elles sont exportatrices et sont frappées durement. Les exportations de la Bolivie et du Chili, entre 1929 et 1932, diminuent de plus de 50 %, voire de 70 % le Pérou. Au Chili, les exportations, suite à la baisse du prix du cuivre, s’écroulent de plus de 80 %. On parle pour ces pays plus spécifiquement de la crise des produits du dessert (le nom venant du fait que la crise a largement frappé les marchés du café, du sucre et des huiles de palme et d'arachide, des produits utilisés en pâtisserie).

C. LA CRISE MARQUE DURABLEMENT LES ÉCONOMIES DU MONDE

La crise de 1929 ouvre une période de dépression économique qui durera jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale : la Grande Dépression. Des millions d'agriculteurs et d'ouvriers perdent leur emploi et parfois leurs biens (voitures, maisons, appartements, exploitations agricoles ou boutiques). Dans les colonies, les conditions de vie des populations sont sacrifiées au profit du sauvetage des économies des métropoles. 

Les salaires baissent et le chômage explose. En Allemagne le nombre de chômeurs atteint 6 millions de personnes début 1933 quand Adolf Hitler est nommé chancelier. Le nombre de chômeurs américains grimpe en flèche. Ils sont 4 millions de chômeurs recensés en 1930, 8 millions en 1931 puis 12 millions en 1932, représentant alors plus d’un quart de la population active américaine.

Par ailleurs, entre 1934 et 1940, l'Amérique du Nord est frappée par des épisodes de sécheresse intense et une érosion dramatique des sols agricoles, accompagnés de véritables tempêtes de sable et de poussière. Le Colorado, le Kansas, le Nebraska, le Nouveau-Mexique, l'Oklahoma, et le Texas sont particulièrement touchés, on parle pour les portions de ces états les plus touchés dans la presse américaine du Dust Bowl (le "bassin de poussière").

Pour aller plus loin quelques lectures : 

La crise de 1929, de Pierre-Cyrille Hautcoeur, (2009) l'historien Pierre-Cyrille Hautcoeur analyse les ressorts de l'apparition puis de l'extension de la crise de 1929 (il existe aussi un très bon Que sais-je sur la crise de 1929, La Crise de 1929 par Bernard Gazier, 2011)

Hard times : Histoires orales de la Grande Dépression, de Louis Studs Terkel, l'édition de 2008 des éditions Amsterdam est accompagnée de photographies de Dorothea Lange, qui avait documenté les conséquences de la crise pour la Farm Security Administration. Le livre présente des témoignages bruts et directs de personnes ayant vécu la crise de 1929 et ses conséquences. Louis Studs Terkel, auteur et journaliste, surtout radio, est l'un des piliers de l'école américaine d'histoire orale. Il obtiendra le prix Pulitzer pour son histoire orale de la Seconde Guerre mondiale. 

Louons maintenant les grands hommes, de James Agee. Beau livre paru dans l'incontournable collection Terre humaine (Plon, 1993 pour la France), un peu moins vivant et global que Hard Times car les témoignages sont beaucoup plus longs et moins de dix familles sont ici interrogées. Mais toujours incontournable, surtout pour les photographies de Walker Evans.

Le long mais incroyable Les raisins de la colère, et le très court mais admirable Des souris et des hommes, de John Steinbeck (parus en 1939 et 1937). Deux œuvres de fiction qui vous plongeront dans les conséquences rurales de la Grande Dépression. Deux vrais drames. Remuants. Incontournables.

D'autres ressources dans cette liste de lecture Babelio : https://www.babelio.com/liste/5782/Grande-Depression-Les-tats-Unis-en-crise


D. LA CRISE MARQUE DURABLEMENT LES ÉCONOMIES DU MONDE

La crise de 1929 ouvre une période de dépression économique qui durera jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale : la Grande Dépression. Des millions d'agriculteurs et d'ouvriers perdent leur emploi et parfois leurs biens (voitures, maisons, appartements, exploitations agricoles ou boutiques). Dans les colonies, les conditions de vie des populations sont sacrifiées au profit du sauvetage des économies des métropoles. 


Les salaires baissent et le chômage explose. En Allemagne le nombre de chômeurs atteint 6 millions de personnes début 1933 quand Adolf Hitler est nommé chancelier. Le nombre de chômeurs américains grimpe en flèche. Ils sont 4 millions de chômeurs recensés en 1930, 8 millions en 1931 puis 12 millions en 1932, représentant alors plus d’un quart de la population active américaine.


Par ailleurs, entre 1934 et 1940, l'Amérique du Nord est frappée par des épisodes de sécheresse intense et une érosion dramatique des sols agricoles, accompagnés de véritables tempêtes de sable et de poussière. Le Colorado, le Kansas, le Nebraska, le Nouveau-Mexique, l'Oklahoma, et le Texas sont particulièrement touchés, on parle pour les portions de ces états les plus touchés dans la presse américaine du Dust Bowl (le "bassin de poussière").

Pour aller plus loin : https://histoire-image.org/etudes/crise-1929-etats-unis-allemagne

Pour aller plus loin quelques lectures : 

La crise de 1929, de Pierre-Cyrille Hautcoeur, (2009) l'historien Pierre-Cyrille Hautcoeur analyse les ressorts de l'apparition puis de l'extension de la crise de 1929 (il existe aussi un très bon Que sais-je sur la crise de 1929, La Crise de 1929 par Bernard Gazier, 2011)


Hard times : Histoires orales de la Grande Dépression, de Louis Studs Terkel, l'édition de 2008 des éditions Amsterdam est accompagnée de photographies de Dorothea Lange, qui avait documenté les conséquences de la crise pour la Farm Security Administration. Le livre présente des témoignages bruts et directs de personnes ayant vécu la crise de 1929 et ses conséquences. Louis Studs Terkel, auteur et journaliste, surtout radio, est l'un des piliers de l'école américaine d'histoire orale. Il obtiendra le prix Pulitzer pour son histoire orale de la Seconde Guerre mondiale. 


Louons maintenant les grands hommes, de James Agee. Beau livre paru dans l'incontournable collection Terre humaine (Plon, 1993 pour la France), un peu moins vivant et global que Hard Times car les témoignages sont beaucoup plus longs et moins de dix familles sont ici interrogées. Mais toujours incontournable, surtout pour les photographies de Walker Evans.


Le long mais incroyable Les raisins de la colère, et le très court mais admirable Des souris et des hommes, de John Steinbeck (parus en 1939 et 1937). Deux œuvres de fiction qui vous plongeront dans les conséquences rurales de la Grande Dépression. Deux vrais drames. Remuants. Incontournables.


D'autres ressources dans cette liste de lecture Babelio : https://www.babelio.com/liste/5782/Grande-Depression-Les-tats-Unis-en-crise


D. Des réponses gouvernementales variées. 


Aux Etats-Unis, l'administration du président Hoover (élu en mars 1929) n'avait pas voulu voir venir la crise. Il faut préciser que le président Herbert Hoover avait construit toute sa campagne électorale sur le soutien à la croissance économique, déclarant par exemple : « le chômage, avec son corollaire la détresse, est en grande partie en train de disparaître dans notre pays. Nous sommes aujourd'hui, en Amérique, plus près du triomphe final sur la pauvreté qu'aucun autre pays ne l'a jamais été » ou encore « A chicken in every pot, a car in every garage  ». En mars 1929 il déclare encore : « Achetez maintenant, la prospérité est au coin de la rue ».

Les gouvernements des pays du monde répondent différemment à la crise. 

Aux Etats-Unis, la nouvelle administration du Président Franklin Delano Roosevelt élu en 1932 lance la politique du « New Deal ». Plus de 11 milliards de dollars sont débloqués par l'administration américaine pour soutenir l'économie et imposer une planification légère. Ce plan, pragmatique et formalisé réellement après l'élection de novembre 1932 est largement inspiré par les travaux d'un jeune économiste, John Maynard Keynes, inspirateur du keynésianisme, théorisation des politiques de relance (prêt de l'état et achats publics pour soutenir l'économie à crédit sur le temps court, l'idée étant que les crédits dépensés sont ensuite récupérés par l'impôt). Des administrations spéciales sont créées comme l'Industrial Recovery Administration ou la Farm Security Administration (c'est cette administration, créée en 1937, qui emploie Dorothea Lange). 


Des mesures sociales sont mises en place. Au niveau local, des soupes populaires, au niveau national et étatique le gouvernement assouplit la législation du travail et abolit la prohibition. En 1935 les Etats-Unis instaurent un système d'assurance vieillesse par la loi dite Social Security Act. En 1935 également, les lois limitant l'activité syndicale et le recours à la grève sont supprimées. C'est le début du Welfare State ou état-providence aux Etats-Unis. 


En France, la crise provoque une série de grèves et de manifestations dont une journée de manifestation débouchant sur  une émeute violente provoquée par l'extrême-droite le 6 février 1934. 

Face à la menace de l'émergence d'un front fasciste uni en France, révélée par le 6 février 1934. La Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO, socialistes), le Parti radical (centre-gauche) et le Parti communiste (qui ne participe pas directement au gouvernement) s'unissent en vue des élections de mai 1936. Cette coalition de gauche prend le nom de Front Populaire avec à sa tête comme président du conseil Léon Blum. 


Encouragé par les grandes grèves de mai à juin 1936 (chez Renault, Breguet ou Latécoère, aviation), le gouvernement impose les accords de Matignon, en échange de l'évacuation des usines. Ces accords modifient largement l'organisation du travail en France : 

- création de deux semaines de congés payés avec tarif spécial de -40% sur les billets de train ("tarifs Léo Lagrange" du nom du sous-secrétaire d'État aux loisirs et au sport créé par le Front Populaire).

- hausse des salaires, 

- semaine de 40 heures, 

- première caisse de retraite publique (pour les mineurs), 

- allocations chômage, 

- nationalisations des usines d'armement et création de la SNCF. 


Le Front Populaire nomme le premier gouverneur noir (Félix Eboué, au Tchad) et permet la libre circulation des étrangers sur le seuil national. 


En Italie et en Allemagne également, l'état lance une politique de grand travaux (construction d'autoroutes, soutien à l'équipement) partiellement financé dans ces pays autoritaires par des systèmes d'épargne obligatoire et de souscription (par exemple pour la future « Coccinelle », financée par une souscription jamais réalisée par le Troisième Reich, les premières voitures livrées aux particuliers ne le seront qu'après la guerre). C'est également le réarmement, financé à crédit, qui permet de soutenir les économies allemandes, japonaises et italiennes dans les années 1935-1940.


Les états pratiquent également des politiques de dévaluation (la convertibilité de la monnaie en or est dégradée dans le but de favoriser les exportations et freiner les importations). Mais comme dans le même temps, les états industrialisés augmentent leurs tarifs douaniers, ces politiques ne font qu'appauvrir les populations. 


Après l'échec de la conférence de Londres en 1933, chargée de mettre en place une coopération monétaire autour des pays européen (dans le but pour l'Angleterre et la France de sauver la convertibilité en or de leurs monnaies) l'Angleterre et la France privilégient un repli sur leur empire colonial. Le Japon et l'Allemagne défendent une politique d'autarcie. Les consommateurs sont contraints à ne consommer que des productions nationales. Ainsi, dans le monde, entre 1929 et 1939, le commerce international chute de 30% en volume.


Japon, Allemagne et Italie lancent des expéditions militaires à visée coloniale : l'Italie envahit l'Erythrée en 1935, le Japon le Nord de la Chine 1937 et enfin l'Allemagne entreprend à partir de 1935 le réarmement de son territoire et son extension. Ainsi le 13 janvier 1935, après plébiscite, le territoire du Bassin de la Sarre revient à l'Allemagne, le 7 mars 1936, le pays occupe militairement la zone démilitarisée de la Rhénanie, le 13 mars 1938, l'Allemagne annexe l'Autriche lors de l'Anschluss, le 30 septembre 1938, le pays annexe les Sudètes au détriment de la Tchécoslovaquie (suivant les accords de Munich) puis le 15 mars 1939 crée le protectorat de Bohême-Moravie. Le 23 mars 1939, Hitler ordonne l'annexion du territoire de Memel, alors sous contrôle de la Lituanie. Enfin le 1er septembre 1939 est lancé l'invasion de la partie Ouest de la Pologne. C'est le début de la Seconde Guerre mondiale.



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