LA CONSTRUCTION EUROPEENNE VUE DU POINT DE VUE DU COUPLE FRANCO-ITALIEN (1945-1990)

LA CONSTRUCTION EUROPEENNE VUE DU POINT DE VUE DU COUPLE FRANCO-ITALIEN (1945-1990)


I - L'ITALIE, UNE JEUNE RÉPUBLIQUE


A - La création d'un état démocratique


Photographies américaines prises par l'armée américaine sur la route de Rome et au pied de l'abbaye de Monte Cassino en mai-juin 1944.





L'Italie a effectivement été un pays allié de l'Allemagne nazi pendant la Seconde Guerre mondiale mais une suite d'événement amène les Alliés à lui donner un statut particulier.

 

D'abord, après le débarquement des troupes alliées en juillet 1943 (opération Husky), Benito Mussolini est mis en minorité et destitué sur ordre du roi d'Italie. Le fascisme est mis hors la loi dès l'été 1943 et l'éphémère République Sociale Italienne ne peut s'organiser et exister jusqu'en avril 1945 que grâce au soutien direct des troupes allemandes. 


Après la guerre, en 1946, la monarchie italienne est aboli suite à un référendum institutionnel. La République italienne entre en vigueur, et avec elle une nouvelle constitution, le 1er janvier 1948.



B - L'héritage fasciste est balayé et les conflits liés aux "terres irrédentes" soldés ainsi que les réparations de guerre. 


Le 28 avril 1945, Benito Mussolini est exécuté. Toutes les structures du fascisme sont dissoutes. De nombreux résistants italiens font valoir auprès des Alliés le rôle des opposants au fascisme durant la guerre. 


Parallèlement, la nouvelle république italienne signe le traité de Paris, le 10 février 1947. Par celui-ci le territoire italien est amputé au profit de la France de Tende et La Brigue pour 560 km2 et trois milliers d’habitants qui deviennent français du jour au lendemain, plus des hameaux (Libre, Piène-Haute et Basse), la vallée de la Roya. 

 

À l'Est, la Yougoslavie obtient les îles dalmates de Veglia, Cherso, Lussino, Lagosta et Pelagosa, la vallée de l'Isonzo en amont de Gorizia, le Carso et la majeure partie de l'Istrie (qui est divisée en deux zones, A et B). Plus de 10 000 italiens seront massacrés dans la zone B occupée par l'armée yougoslave. 


L'Albanie et la Grèce annexent des îles italiennes de Méditerranée. L'empire colonial italien est démantelé. La jeune république italienne paye 360 millions de dollars de réparation à l'URSS, à l'Éthiopie, à l'Albanie, à la Grèce et à la Yougoslavie. Par ailleurs les déportation de Juifs ne commencent en Italie qu'après l'occupation allemande en 1943 et ne seront effectives que dans la partie Nord du pays occupée par eux. Le Sud-Tyrol (autour de Bolzano) devient une région autonome pour satisfaire les revendications autrichiennes. 


Le nouveau régime accepte de collaborer avec l'ONU. Ainsi la région de Trieste demeure ainsi une ville démilitarisée et administrée par l'ONU jusqu'en 1977. La République italienne accepte une large démilitarisation du pays contre une élargissement du plan Marshall. 


C - La peur d'un basculement dans camp communiste


Durant l'été 1948, d'énormes grèves insurrectionnelles secouent l'Italie suite à une tentative d'assassinat diligentée contre Palmiro Togliatti. Si elles ne débouchent pas sur une insurrection armée communiste, elles amènent le gouvernement américain à abandonner l'idée de réparation italienne et à maintenir leur présence sur le territoire italien. En 1949, l’Italie adhère à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) et en 1955, la République italienne est admise aux Nations unies. 



Carte des bases américaines et de l'OTAN en Italie après la Seconde Guerre mondiale. 


La CIA mais aussi le gouvernement américain vont financer les partis du centre et de la droite italienne à hauteur de 10 à 20 millions de dollars (jusqu'en 1960). De son côté le parti communiste italien reçoit des subsides via l'ambassade soviétique à Rome jusqu'en 1976 (autour de 5 à 10 millions de dollars).


II - L'ASSOCIATION AU SEIN DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE


A - LE TRAITÉ DE PARIS


L'Italie est le seul pays du Sud de l'Europe à participer dès le début à la construction européenne. 

Des plénipotentiaires italiens participent à la rédaction du Traité de Paris qui organise la CECA  (traité signé le 18 avril 1951) par la France, l'Allemagne de l'Ouest, l'Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas pour organiser un marché unique du charbon et de l'acier mais aussi soutenir les économies, augmenter les emplois, et élever le niveau de vie moyen des travailleurs au sein de la Communauté créée. 


Le 11 août 1952, les États-Unis sont le premier pays extérieur à la CECA à reconnaître la Communauté, le gouvernement américain crée une délégation américaine pour la CECA à Bruxelles. En réponse, le président de la CECA, le politicien français Jean Monnet choisit Washington D.C. comme lieu du premier bureau extérieur de la CECA. Jean Monnet (français), Robert Schuman (français) Alcide de Gasperi (italien, chef du gouvernement italien, démocrate chrétien) et Konrad Adenauer (allemand) inscrive en titre du premier bulletin de la CECA « Vers un gouvernement fédéral d'Europe ».


B - LE TRAITÉ DE ROME


Le 25 mars 1957, la CECA devient par la signature du traité de Rome, la Communauté économique européenne (CEE) accompagnée par la Communauté européenne de l'énergie atomique (CEEA ou Euratom). Ces deux nouvelles communautés amènent la création d'une union douanière et d'une communauté de l'énergie atomique. Le traité de Rome instaure le premier marché unique en Europe. 


Alcide de Gasperi soutient par ailleurs l'idée d'une communauté européenne de défense (CED), avec l'appui de Winston Churchill et de Konrad Adenauer, centrée sur une armée européenne commune commandée par l'OTAN. Mais le projet échoue car les parlementaires français refusent de ratifier le traité de création proposé par Pierre Mendès-France. 


C - LES VINGT GLORIEUSES ITALIENNES


L’industrie italienne profite du marché commun. Fiat produit 700 000 automobiles en 1955, 10 millions en 1965. 


L’autre symbole du redressement de l’industrie italienne c’est la Vespa, créée par Piaggio, une firme aéronautique italienne. Dès 1953, Piaggio revendique 10 000 points de vente dans le monde, jusqu'aux États-Unis. Dans le monde entier, la Vespa devient un produit typiquement italien, synonyme de liberté, de mobilité d’amour (avec le slogan “Chi Vespa… mangia le mele”) et de convivialité. Elle devient le symbole de l’art de vivre italien. Dès 1953, elle apparaît au cinéma. Gregory Peck et Audrey Hepburn dans Vacances romaines (1953) la chevauche. Elle apparaît aux côtés de Marcello Mastroianni et d’Anita Ekberg dans La Dolce Vita (1960). Et encore aujourd'hui, elle fait un caméo dans la saison 2 d’Emily in Paris.

Anita Ekberg et Marcello Mastroianni dans la fontaine de Trevi (extrait de la Dolce Vita, 1960, Federico Fellini).


Audrey Hepburn dans Vacances romaines, 1953, William Wyler.


En 1960, Rome est ville hôte des Jeux Olympiques. La pizza, la Vespa et les voitures Fiat participent au soft power italien.


III - LES ANNÉES NOIRES ET L'ARRIVÉE DE LA CRISE ÉCONOMIQUE


A - LES ANNÉES DE PLOMB


Dans les années 1970, l'Italie traverse une profonde crise politique, avec en particulier l'émergence de mouvements révolutionnaires pratiquant la lutte armée, à l’extrême-gauche et à l’extrême-droite. Se déclarant les héritiers des mouvements violents ouvriers des années 1940, les deux mouvements les plus connus à gauche sont : Les Brigades rouges et Prima Linea. En décembre 1970 Junio Valerio Borghese avec son Fronte Nazionale Rivoluzionario organise un coup d'État qui avorte au dernier moment. En 1978, les Brigades rouges enlèvent puis assassinent le chef du parti démocrate-chrétien, Aldo Moro. Plus de 600 attentats sont commis entre 1969 et 1989, ils font 362 morts et 172 blessés, le groupe des Brigades rouges étant responsable de 84 de ces victimes


B - LA LUTTE CONTRE LA MAFIA


L'État italien reste marqué par le pouvoir de la mafia au sein des élites, tant au niveau des partis politiques que du patronat. 

Le ministère de la justice diligente alors une série d’enquêtes c’est l’opération Mani pulite (« Mains propres ») réalisées au début des années 1990 et visant des personnalités du monde politique et économique italien. Ces enquêtes mettent au jour un système de corruption et de financement illicite des partis politiques. Des ministres, des députés, des sénateurs, des entrepreneurs et même des ex-présidents du conseil sont impliqués comme Bettino Craxi, chef du parti socialiste italien, ancien président du Conseil et ami de Silvio Berlusconi qui démissionne de ses fonctions.


Dans les années 1990, le gouvernement italien reconnaît l'existence du réseau Gladio. Une unité secrète sous commandement direct de l’OTAN. 


C - L'EURO ET LES NOUVEAUX GOUVERNEMENTS ITALIENS


Le 7 février 1992, l’Italie est signataire avec 11 autres pays, dont la France du Traité de Maastricht qui crée la Communauté Européenne. En 1999, l'Italie participe à la création de l'euro. 


De 2001 à 2006, le gouvernement italien est dirigé par Silvio Berlusconi, grand patron arrivé au pouvoir à la tête d'une coalition rassemblant Forza Italia (parti populiste de centre-droite), la Ligue du Nord (parti populiste autonomiste) et la droite Alleanza Nazionale (parti populiste conservateur).


En avril 2006, après des élections très serrées l'opposant à Silvio Berlusconi (Élections générales italiennes de 2006), qu'il emporte de justesse, Romano Prodi (leader de L'Unione, la coalition de centre-gauche) devient président du conseil italien.


Aujourd’hui c’est Giorgia Meloni, depuis le 22 septembre 2022, qui est la présidente du Conseil et dirige donc le gouvernement italien. 


Extrait d’une publicité Nescafé de 1994, “L’Italien”.





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