CHAPITRE I - PRÉSENTATION DE L'ARCTIQUE
A - Définition
L'Arctique est le nom de la région majoritairement océanique qui entoure le pôle Nord de la Terre. Cette région est délimitée à ses abords par le cercle polaire arctique, un cercle imaginaire correspondant à la latitude minimale à laquelle il est possible d'observer le "soleil de minuit". L'hiver, la température atteint -60 degrés Celsius. À ces températures extrêmes l'océan gèle. Le cœur de cette région océanique, situé autour du pôle Nord, est d'ailleurs entièrement gelé toute l'année. Le sol de certaines régions entourant l'océan glacial Arctique comme la Sibérie demeure également gelé à cœur, on appelle ce sol gelé permafrost ou pergélisol. Seuls quelques mousses, lichens et herbes rares y prospèrent. Aucune agriculture n'y est possible et la pêche, la chasse et l'élevage extensif d'animaux adaptés aux froids polaires comme le renne et l'exploitation minière dominent l'espace sibérien. Huit pays ont des régions comprises dans l'espace arctique : le Canada, le Danemark (avec le Groenland), les États-Unis (avec l'Alaska), la Finlande et l'Islande, la Norvège, la Russie et la Suède.
La région arctique est caractérisée par son climat froid et sec, les précipitations y sont rares et majoritairement neigeuses. La population humaine y est peu dense. Seulement 4 millions de personnes habitent en Arctique, à majorité des européens et des peuples autochtones comme les Inuits du Canada ou les Nénètses de Sibérie.
Des icebergs dérivant sur les eaux de l'Arctique. Les icebergs, masses de glace de plusieurs tonnes dérivantes constituent de vrais dangers pour les navires qui se risquent dans les eaux de l'Arctique.
B - Un espace océanique largement glacé
La région est majoritairement recouverte d'un océan, l'océan glacial arctique, qui mesure environ 21 millions de km2. Cet océan est majoritairement recouvert de glace (à 90% l'hiver, et à 60% environ l'été), ce qui empêche la majeure partie de la navigation l'hiver.
Un brise-glace nucléaire russe dans les eaux arctiques. L'Union soviétique puis la Russie après 1991, ont investi depuis les années 1950 dans des navires brise-glace à propulsion nucléaire capables d'ouvrir des sillages navigables dès le printemps. ces navires sont indispensables par exemple pour l'acheminement du nickel extrait dans des villes minières russes de l'Arctique comme Norilsk. Le gouvernement russe, dont le littoral national arctique est moins découpé et dangereux à la navigation que le littoral canadien, forge de grand espoir en terme de navigation dans le futur. En effet, avec des hausses de température de 3° par siècle voir 2° par demi-siècle en Alaska, le gouvernement russe pense pouvoir ouvrir plus largement la navigation en Arctique aux navires étrangers, le passage de l'Europe au Japon par l'Arctique permettrait effectivement un gain très important de temps par le raccourcissement des distances.
Un exemple de record de chaleur en Arctique.
Le à la base canadienne d’Alert, base constituant le point habité le plus au nord de la planète, à moins de mille kilomètres du pôle nord, la température enregistrée, en atteignant 21,0 °C soit 1 °C de plus que le record précédent (le ) a battu tout les records de chaleur enregistrés depuis la création de la base. C'est la température la plus haute jamais relevée au-dessus de 80° de latitude Nord .
C - Une faune et une flore spécifique
Quatre espèce animales sauvages emblématiques de l'Arctique (le morse, le loup arctique, l'ours blanc, le renne).
CHAPITRE 2 - UNE RÉGION RICHE EN RESSOURCE
A - Des terres et une mer riches en ressources variées
L'Arctique est une région riche en ressources. Des ressources exploitées depuis des millénaires par les hommes.
EXERCICE : Cherchez la définition de ressource.
Moyen matériel exploité par une société humaine pour améliorer son sort.
Les premières ressources exploitées en Arctique ont été animales. Dès la préhistoire, les hommes viennent chasser en Arctique baleines, phoques, rennes et morses. Les eaux arctiques, riches en plancton attirent de nombreux mammifères marins, au chairs grasses, ainsi que des poissons de grandes tailles très savoureux comme la morue, le cabillaud, ou le flétan.
Capture d'un flétan en Arctique.
Mais aujourd'hui, ce sont les richesses du sous-sol, les richesses minérales, ainsi que la possibilité d'ouvrir de nouvelles routes maritimes, qui attirent les hommes.
B - De nouvelles routes qui attisent les appétits des armateurs
En effet, le transport maritime qui vise l’efficience économique, est soumise en partie aux contraintes de réduction des temps de trajet, et donc des coûts. Ainsi il est permet d'anticiper qu'en conséquence du réchauffement climatiques (fonte accrue et plus durable de la banquise arctique) de nouvelles routes maritimes, plus courtes sur certaines liaisons vont s'ouvrir.
La première route a connaître une extension de son trafic sera sans doute le passage du Nord-Est (le long des côtes russes).
"Le passage du Nord-Est était à l’époque soviétique une véritable route maritime: à son apogée, 1306 voyages y ont été assurés en un an par 330 navires, c'était en 1987. En 2012, on comptait 25 transits à l’Est, mais le principal avantage de ces routes maritimes, le gain de distance, n’est pas systématiquement corrélé avec un gain de temps en raison des particularités de la navigation polaire. En effet, la navigation en Arctique suppose des adaptations technologiques et organisationnelles qui, à l’heure actuelle, sont un véritable frein au développement et à la généralisation de la navigation commerciale dans ces eaux. Effectivement, la fonte des glaces est saisonnière et aléatoire (donc risquée). Malgré la fonte, la navigation suppose le recours à des navires répondant de classe polaire et dès lors tous les armateurs ne possèdent pas une telle flotte et l’acquérir génère un surcoût de même que le recours aux brise-glaces pour ouvrir le passage. Les primes d’assurances sont chères. Les équipages doivent être formés à ce type de navigation et les équipements des navires sont spécifiques. Au final, du point de vue de l’exploitation des navires, les surcoûts occasionnés et les risques de navigation encourus surpassent, pour l’instant et d’une manière générale, les gains de distance, d’autant plus que la vitesse de navigation commerciale est réduite. Enfin, du point de vue des marchés desservis, l’avantage concurrentiel des routes polaire n’est pas garanti. En effet, en raison de la saisonnalité de l’ouverture des passages, le changement de circuits logistiques n’intéresse ni les armateurs ni les logisticiens, surtout sur le marché des lignes régulières qui n’y voit pas son intérêt en raison de l’absence de sous-marchés intermédiaire. Autrement dit, ces routes arctiques ne permettent pas de transposer le système de "hubs and spokes", socle du marché des liners. Sur les marchés du tramping (vracs et colis lourds), les perspectives offertes sont alors plus intéressantes d’autant que les enjeux d’exploitation minière sont perceptibles."
Source : Note de SynthèseISEMARN°164–Avril 2014
1. Cherchez les mots inconnus, définissez-les.
2. Résumez le texte pour en extraire les idées importantes.
Par ailleurs des tours opérateurs proposent désormais en Arctique de véritables croisière touristiques.
Le Crystal Symphony, un navire de croisière créé en Finlande spécifiquement pour le tourisme en Arctique.
C - L’exploitation des ressources minérales et halieutiques
Les ressources minérales de la région arctique ne sont pas entièrement connues mais les estimations attisent déjà les intérêts des grands groupes miniers, en raison de leur diversité et de leurs quantités soupçonnées.
C’est le cas bien sûr pour le pétrole (13% des réserves mondiales estimées) et le gaz naturel (30% des réserves mondiales estimées, ce qui est énorme). Et c'est aussi le cas pour certains minerais comme le plomb, le zinc, l’or, le tungstène, l’uranium, les diamants et l’argent. À noter qu'évidemment, les conditions climatiques extrêmes (sous-sol marin, voire plateau continental éloigné et profond, océan partiellement ou totalement gelé, sols gelés – pergélisol) rendent leur exploitation ardue et surtout très coûteuse. Cela étant, l’ensemble du territoire est maintenant investi par le majors énergétiques. Le pétrole est exploité en Alaska, le gaz est exploité dans la péninsule du Yamal et le fer dans les îles de la mer de Baffin. Les activités d’exploitation génèrent un trafic maritime pour l’acheminement des matériaux, pour l’exploitation en tant que telle, pour la maintenance et enfin et surtout pour l’exportation des ressources extraites, impliquant des infrastructures portuaires et terrestres.
Source : Note de SynthèseISEMARN°164–Avril 2014
CHAPITRE 3 - EXPLOITATIONS DES RESSOURCES, MENACES ENVIRONNEMENTALES ET CONFLITS
Alors que l'Arctique était un espace hors des grands enjeux géostratégiques mondiaux, le réchauffement climatique et la découverte de nouvelles ressources accélèrent la militarisation de la zone, réactivant ou provoquant de nouveaux conflits.
A - Quelques conflits territoriaux en Arctique
En 1973, le Canada et le Danemark ont négocié et ratifié un traité de délimitation de leur frontière maritime commune qui est entré en vigueur en 1974. Le traité liste 127 points (latitude et longitude) du détroit de Davis entre Canada et Groenland
qui fixent la limite entre les deux États. Mais le traité n'a pa déterminé avec exactitude la limite entre une distance de 875 mètres où est situé un îlot, l'île de Hans.
En 1984, 1988, 1995 et 2003, drapeau danois a été planté sur cette petite île inhabitée. Le Canada a protesté à chaque fois.
À l'opposé, à l'Ouest du Canada, le gouvernement des États-Unis et celui du Canada ne s'accordent pas sur la limite à tracer entre Yukon et Alaska. Les États-Unis ont par ailleurs démarré des recherches d'exploration pétrolières dans la région, amenant le gouvernement canadien à protester diplomatiquement.
Enfin, entre les États-Unis, le Canada, le Danemark et la Russie existe un important conflit sur le contrôle de la dorsale sous-marine (chaîne de montages sous-marine) de Lomonossov. Selon la doctrine russe, la dorsale constitue la bordure du plateau continental du continent eurasiatique et donc la limite de la zone d'extension maximale de la ZEE (zone économique exclusive) marine, russe. Dans ce cas-ci, la Russie serait largement avantagée aux dépens du Canada, du Danemark et des États-Unis. Au contraire, pour les Danois, les Canadiens et les Américains, la ZEE doit être calculée à partir du trait de côte, en parallèle avec lui. Dans ce cas-là, la ZEE russe serait largement diminuée de taille. Ce conflit toujours ouvert porte sur des dizaines de milliers de kilomètres carrés. Il participe largement à la militarisation de la zone. La Russie a ainsi, face à ces tensions, remilitarisé des bases militaires arctiques laissées à l'abandon depuis 1991 (comme dans l'île de Kotelny ou dans l'archipel François-Joseph à l'Est du Slavbard norvégien).
B - Une terre menacée
Mais la présence humaine menace les équilibres écologiques locaux. La fonte de la banquise et du pergélisol participe à relâcher du méthane dans l'atmosphère, un gaz qui participe à renforcer l'atmosphère.
Les ours polaire par exemple, voit avec la réduction de la banquise la taille de leur zone de chasse se réduire. Les éleveurs de rennes sont souvent chassés des territoires exploités pour leurs ressources minérales comme l'argent, le diamant, le cuivre ou le nickel, exploités dans d'immenses mines à ciel ouverts. Par ailleurs, l'exploitation des ressources arctiques et le passage de nombreux véhicules participent à multiplier les rejets de suis et de fumées dont les retombées sur la glace participent à la rendre plus absorbante des rayons du soleil et donc à la faire fondre plus facilement. En se réchauffant, les sols arctiques rejettent, de plus, des gaz à effet de serre.
Trois générations de Nénètses. Les Nénètses constituent une population nomade sibérienne dont le mode de vie est mis en danger par le réchauffement climatique. En effet, la raréfaction des pâturages polaires favorables aux rennes rend plus difficile la vie de ses nomades.
Pour essayer de répondre à ses enjeux, certaines zones de l'Arctique ont été sanctuarisées (comme dans la partie norvégienne de l'archipel du Slavbard ou plusieurs parcs naturels protégés on été créés). Deux autres initiatives ont vu le jour pour favoriser le multilatéralisme en Arctique : la création du Conseil de l'Arctique en 1996 (Russie, Suède, Canada, Danemark, États-Unis, Islande, Finlande, Norvège) qui vise à gérer en communs entre les pays membres les problèmes de l'Arctique et l'initiative de l'Union Europénne "dimension arctique" qui visait à promouvoir un multilatéralisme ouvert en Arctique, pour permettre, selon la commission européenne une gestion ouverte de l'Arctique. Malgré de nouvelles discussions en 2008, l'idée d'un océan arctique géré en commun entre ses pays riverains et l'Union Europénne semble avoir échoué. L'Arctique constitue un océan dans lequel le "passage libre" de tous les navires du globe ne sera sans doute pas assuré.
Carte de synthèse des enjeux arctiques par le géographe Philippe Rekacewicz (Source : Le Monde Diplomatique)
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