Les enjeux contemporains de l’environnement et leur construction historique HGGSP Terminales 2022-2023




 Manuel de révision : 

Fiches bac Hatier HGGSP

Manuel Ellipses HGGSP


Les enjeux contemporains de l’environnement et leur construction historique.


Accroche : 


En 2021, le chercheur en sciences de l’environnement à l’Institute for Social Futures at Lancaster University (Angleterre) Lan Mike Berners-Lee publie un ouvrage à fort retentissement énonçant une série de constats mais aussi des solutions apportées par le chercheur pour lutter contre le réchauffement climatique : There Is No Planet B : A Handbook for the Make Or Break Years.


Le slogan “there is no planet B” sera repris dans le monde entier, entre autres par la militante écologiste Greta Thunberg. 


Définitions ( réflexion sur les termes du sujet ) : 


Ce slogan dit bien ce qu’il veut dire, l’humanité n’aura pas de planète de rechange. Si un frein n’est pas mis par les sociétés humaines à l’exploitation et à la dégradation de leur environnement commun, autrement dit ici, le monde physique qui entoure les hommes, pour reprendre un concept religieux le “Création”, les conditions de vie de nos sociétés risquent d’être compromises dans le futur : irrémédiablement. 


Les grands enjeux contemporains, c’est-à-dire les questions importantes qui agitent les penseurs, les décideurs et les citoyens, aujourd’hui, dans le monde, au sujet de l’environnement, de la gestion et de la protection de la Nature, ce sont les menaces qui pèsent sur lui. Mais ces menaces sont d’abord humaines, anthropiques. Ce qui nous amène à nous poser la question de l’histoire de l’anthropisation de l’environnement et des menaces nés de cette anthropisation et qui le menacent aujourd’hui.  


Autrement formulé : quelles ont été les étapes de l'anthropisation du monde et quelles menaces pèsent sur l’environnement aujourd’hui ? 


Au brouillon on note tout ce que le thème de l’environnement nous évoque : menaces (inondations, feux de forêt, avalanches, les animaux dangereux, les maladies, volcanisme, tsunamis, glissement de terrain, tremblement de terre, chute de météorite) exploitation, pollutions, réchauffement climatique, destruction du patrimoine naturel (déforestation), limite des ressources (pénuries : eau; pétrole, charbon, la question du partage des ressources, partage du partage des richesses), montée des eaux-fonte des glaces, acidification des océans, fontes du pergélisol, espèces disparues, incendies.


Le paradoxe né de notre réflexion c’est : le passage d’un environnement menaçant la vie des hommes et l’exploitation des ressources (1) à des humains exploitant tellement l’environnement que celui-ci s’en trouve menacé (2). 


PROBLÉMATIQUE : Comment, dans le cadre d’une réflexion géohistorique, l’environnement, qui entoure les sociétés humaines, est devenu, du cadre menaçant et du lieu d’exploitation de ressources qu’il était pour ces sociétés, un espace menacé, sur lequel les humains, posent un regard inquiet ?


DES LIENS ENTRE HUMAINS ET ENVIRONNEMENT CONSTRUITS PAR LE BINÔME EXPLOITATION / MENACE


Perspective historique : Les humains de la préhistoire ancienne (le paléolithique moyen et supérieur européen, Le Paléolithique moyen (environ de – 300000 à – 40000) et supérieur, systématisation et complexification des outils en pierre taillée, grotte de Lascaux, transition vers le mésolithique en - 10 000 ans) percevait leur environnement via le cadre mental d’un binôme dominant exploitation / menace (Jean-Loïc Le Quellec, 2022, La Caverne originelle: Art, mythes et premières humanités, collection Sciences sociales du vivant, Paris, éditions, La Découverte, ouvrage dans lequel J-L Le Quellec rappelle que l’homme préhistorique est d’abord un chasseur, mais aussi un individu dont la vie est fragile, anxieux, dont l’art même rend compte des difficultés quotidiennes, les figures peintes dans l’art pariétal montre du gibiers, peut-être pour provoquer la régénération des populations de gibiers, et des prédateurs, peut-être pour se prémunir de leur morsure). 


Tout change au néolithique (en Europe, autour de entre 5800 et 2500 ans avant notre ère environ), les humains deviennent sédentaires, défrichent massivement les forêts, cultivent, et élèvent des animaux. Notre binôme est bouleversé. L’empreinte humaine devient plus forte, les dangers, particulièrement les espèces menaçantes sont repoussées hors des espaces de vie. Demeurent des menaces naturelles (inondations, hivers rudes). 


Plus les sciences et les techniques se développent dans les empires antiques puis les états modernes et plus les menaces environnementales sont jugulées, dominées. On peut citer l’exemple dans l’Empire romain des aménagements de digues, créés le long du Rhin par l’Empire romain, au premier siècle après J.-C. (Source : L'implantation romaine dans le delta rhénan au Ier siècle de notre ère : transformation du paysage deltaïque par Mélissa S.-MORIN, université de Laval, 2014). 


Les trois révolutions industrielles (foyer : l’Angleterre du XVIIIème siècle) sont marquées par l’exploitation de nouvelles énergies : les énergies fossiles, le charbon de terre, puis le pétrole, et dans une moindre mesure, l’uranium, avec l’apparition de la production d’électricité d’origine nucléaire. 


PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT ET CRISE CONTEMPORAINE


L’ordonnance  des  Eaux  et  Forêts de  1669, dans le royaume de France, montre néanmoins que, dans le contexte d’affirmation du pouvoir absolutiste et centralisme fort, cherche à concilier exploitation et  préservation du milieu forestier, alors que celui-ci, sous la pression des déboisements, a tendance à reculer.


Mais, aujourd’hui, la surexploitation de ces ressources entraîne une généralisation de tension, de conflits et d’externalités négatives : pollutions, réchauffement climatique, conflits d’usage et de partage, inégalités d’accès, et épuisement des ressources. Autre problème, les humains, via la technique, sont aptes à provoquer des événements environnementaux dangereux comme des tremblements de terre (Le Teil en 2020 en Ardèche) ou des glissements de terrain (glissement de terrain à Joshimath en Inde en 2023). Nous pouvons également citer le sixième continent de plastique (découvert en 1997, il est localisé dans le Pacifique, 3,4 millions de km2, 110 fois la taille de la Belgique). Par ailleurs, le rythme de régénération des ressources naturelles renouvelables (comme les populations de poissons des océans, par exemple) n’est pas respecté.


Source : Cellule investigation de Radio France, Quand l'homme provoque des tremblements de terre, par Benoît Collombat, 

Publié le vendredi 14 février 2020 à 17h15 sur le site de France Culture. 


Pour aller plus loin : 

(Sur les tremblements de terre provoqués sans doute par les activités humaines en France)

https://www.radiofrance.fr/franceculture/quand-l-homme-provoque-des-tremblements-de-terre-3892409


Sur les glissements de terrain intervenus dans la ville himalayenne de Joshimath en Inde (Uttarakhand). Source : Le Monde, janvier 2023. Cette ville de 20 000 habitants située sur une pente, à près de 1 900 mètres d’altitude dans l’Uttarakhand, au cœur de l’Himalaya indien, menace de s’effondrer, en raison d’un affaissement de terrain. Au total, 678 maisons et hôtels présentent déjà d’énormes fissures qui s’agrandissent chaque jour, les routes sont fendues comme après un tremblement de terre. Toutes les activités de construction autour de la ville ont été arrêtées. Les résidents ont commencé à être évacués. Un temple s’est effondré vendredi 6 janvier 2023. Les causes, le gouvernement indien, conduit par le nationaliste hindou Narendra Modi, s’est engagé dans un développement effréné des infrastructures pour favoriser le tourisme religieux. Il a fait construire, malgré l’avis des experts, sur des terrains instables, des routes, des barrages, des bâtiments, des tunnels, pour accueillir l’énorme flux de pèlerins et de touristes. Les habitants avaient pourtant alerté les autorités depuis plusieurs mois sur l’apparition de fissures et le ruissellement d’une eau boueuse. Mais l’ensemble de leurs avertissements sont restés sans réponse.


Un responsable de la gestion des catastrophes de l’Uttarakhand a invoqué comme origine des fissures un système de drainage défectueux, qui aurait entraîné des infiltrations d’eau sous les maisons et conduit à leur enfoncement. Mais les habitants et les écologistes mettent en cause les énormes travaux entrepris pour la construction d’un barrage hydroélectrique (Tapovan-Vishnugad), sur la rivière Dhauliganga, qui nécessite de creuser, à l’explosif, un tunnel de 12 kilomètres dans la montagne sous Joshimath coupables selon eux de provoquer des glissements de terrain voire des tremblements de terre, dans cette zone montagneuse sismiquement forte. Les experts indépendants soulignent également le rôle de l’aménagement d’une autoroute (Char dham), lancée en 2016 et destinée à relier les divers lieux de pèlerinage hindous et faciliter l’acheminement des soldats vers la frontière chinoise. L’ensemble des travaux d’aménagement affaiblit la stabilité des sols, mais également sont pointés de possibles tremblements de terres anthropiques. 


LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : APPROCHE GÉOHISTORIQUE


Le climat est fluctuant sur la planète depuis des millions d’années. Ainsi, au Crétacé, il y a plus de 65 millions d’années, les calottes glaciaires étaient absentes de la planète. Le Moyen Âge et l'époque moderne sont marqués par des épisodes de fluctuations climatiques particuliers : le petit optimum climatique médiéval et le nouvel âge glaciaire. Le premier épisode se situe autour de l’an mil et définit une période de climat particulièrement chaud sur les régions de l’Atlantique Nord entre le Xe et le XIVe siècle alors que le second désigne une période de refroidissement climatique entre le  XIVe  et  le  XIXe  siècle en Europe. Ces  deux  grandes  périodes  ne changent toutefois pas fondamentalement le caractère relativement tempéré des climats européens et ont été elles-mêmes traversées par d’importantes fluctuations.   Néanmoins, le nouvel âge glaciaire a entraîné les premières crises de subsistances et les premières formes de migrations climatiques. Ainsi, des paysans d’Islande qui migrent vers le Sud durant le Moyen-Âge. En effet, à partir de 1220, les luttes internes connues sous le nom d'âge des Sturlungar mettent fin à l'État libre d’Islande et place l'île sous la couronne norvégienne. L'Islande conserve cependant son autonomie. Mais dans les siècles qui suivirent, l'Islande est devenue l'un des pays les plus pauvres d'Europe. Le sol infertile, les éruptions volcaniques, la déforestation et le climat impitoyable rendirent la vie dure dans une société où la subsistance dépendait presque entièrement de l'agriculture. Dans cette société affaiblie, la peste noire fait des ravages. En 1402-1404 et de nouveau en 1494-1495, la première épidémie tue 50 % à 60 % de la population et la deuxième de 30 % à 50 %. 


Les disettes voire les crises frumentaires entraînent parfois des agitations sociales et politiques (jacqueries du Moyen Âge par exemple). C’est lors d’un ces épisodes qu’ont éclaté les révolutions européennes (Glorieuse Révolution de 1688 en Angleterre, Révolution française et révolutions du XIXe siècle).


LE  CLIMAT,  ENJEU  DES  RELATIONS  INTERNATIONALES


Les questions environnementales sont devenues des sujets de préoccupations politiques et médiatiques majeures, quand on pourrait les croire éloignées des questions géopolitiques traditionnelles. Les mouvements radicaux ou de masse comme le mouvement  Extinction  Rébellion,  Sea Shepherd et la Marche  pour  le Climat montre que l’environnement  est  donc également  le  théâtre  d’un  rapport  de  forces politiques. La création des premiers mouvements écologistes : l'ONG WWF (World Wide Fund for Nature) en 1961 ; l'ONG Greenpeace en 1971, fondée par un groupe de 14 militants pacifistes et écologistes. En France, le premier ministère de l'Environnement est créé en 1971. La première candidature à l'élection présidentielle française d'un écologiste, l'agronome René Dumont (1904-2001) en 1974. Il obtient un résultat faible (1,32 %) mais ses idées vont progresser dans la société (abandon de l'automobile, désurbanisation, limitation des naissances, etc.). La première victoire de l'écologie politique : en Allemagne, le parti écologiste « Die Grünen » entre au Parlement en 1983. Les premiers films d'anticipation qui ont pour thème la destruction de la planète par l'être humain : Soleil vert de Richard Fleischer, en 1973, met en scène un monde situé en 2022 et marqué par la surpopulation, la pollution, la canicule et l'euthanasie volontaire. Ce film remporte un grand succès.


La géopolitique actuelle interroge donc les jeux d’acteurs qui se nouent autour des politiques environnementales, afin de limiter les impacts négatifs de l’activité humaine. La sonnette d'alarme est tirée une première fois avec le rapport du Club de Rome, « The limits to growth », dit rapport Meadows, en 1972. À partir de 5 paramètres, il met en garde contre l'épuisement des ressources si l'être humain ne change pas son modèle économique.


Le rapport de l'ONU, dit rapport Brundtland, « Notre avenir à tous », en 1987, permet l'institutionnalisation du terme de « développement durable » qui prône une croissance économique soucieuse à la fois d'équité sociale et de respect de l'environnement.

Les scientifiques mandatés par l’ONU dans le cadre du GIEC depuis 1988 observent un réchauffement climatique depuis l’industrialisation et une accélération de celui-ci depuis les années 1970. 


Les spécialistes du climat attirent sur de multiples conséquences déjà visibles localement : disparition d’espèces et de milieux, épisodes de fortes chaleurs, moyennes annuelles de température de plus en plus forte. Le changement climatique global entraîne une multiplication des risques pour les sociétés humaines, accentuant  les conflits d’usage et ayant des conséquences géopolitiques majeures. On prévoit ainsi 140 millions de réfugiés climatiques en 2050 - auront des conséquences majeures sur les ressources, dans un contexte de pénurie et d’épuisement des ressources. 


Malgré quelques travaux précurseurs (autour, en France, par exemple, de la réduction du journal “La gueule ouverte”), la prise de conscience du réchauffement climatique par la communauté internationale apparaît dans  les  années 1970 - 1980 et s’inscrit dans un contexte général de réflexion sur les risques environnementaux générés par  le modèle de croissance économique choisi par les sociétés industrielles. Le sommet de la Terre de Rio en 1992 est un premier tournant : des États s’engagent  plus concrètement sur une nouvelle forme de gouvernance, la Conférence des Parties (COP). Le protocole de Kyoto en 1997 puis la COP 21 de Paris en 2015 sont d’autres étapes-clefs qui mettent le changement climatique anthropique au cœur des  relations internationales. Les Agendas 21 déclinent localement les objectifs des COP 21 et permettent des réalisations locales. Les collectivités locales semblent  avoir  une  marge  de  manœuvre  plus  importante en termes d’environnement. Mais les positions climatosceptiques de certains États comme les États-Unis de Donald Trump ou le Brésil de Jair Bolsonaro, pourtant importants pollueurs, freinent la mise en place d’une gouvernance globale en matière de protection de l’environnement.


LA NATURE ET L’ART


L’esthétisme romantique : un nouveau rapport artistique à la Nature, à l’environnement qui apparaît alors que les humains prennent conscience, avec les prémices de la révolution industrielle, qu'ils modifient, au moins à l’échelle régionale, leur environnement.


Le romantisme apparaît en Allemagne et en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle, en réaction au classicisme et au siècle des Lumières dominé par la France. C’est à partir de contributions de nombreux philosophes allemands (incluant Hegel, Schopenhauer, Nietzsche et bien d’autres) avec des interprétations souvent contradictoires que l’esthétique romantique est d’abord apparue. 

Le Romantisme proclame le triomphe du moi et l’expression exacerbée des sentiments ainsi que la glorification du passé et de la nature. C’est en réaction à la révolution industrielle, à l’aristocratie des normes sociales et politiques de l’époque des Lumières, à l’influence de la méthode scientifique et de tous les composants de la modernité que le romantisme se développe.

La nature, violente et sauvage, est exaltée : comme une image de la liberté.

Des écrivains comme Goethe, une partie de l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau (Les rêveries du promeneur solitaire), les peintres anglais John Martin ou William Turner et John Constable annoncent dans leurs créations la mise en avant d’une nature libre voire déchaînée.

John Martin - La Destruction de Pompéi et d’Herculanum, 1822. Huile sur toile.Tate gallery.


John Constable, Wivenhoe Park, Essex, 1816, Huile sur toile, National Gallery of Art, Washington D. C, Etats-Unis.


PLANS POSSIBLES : 


I) De la Préhistoire à l'époque moderne : l'environnement entre exploitation et menace. 


a) L’environnement comme menace (tremblement de terre de Lisbonne, 1755).

b) Un lieu d’exploitation indispensable (mines de silex préhistoriques aux trappeurs du XVIIIe siècle au Canada). 

c) Des sociétés régulées par la Nature (les épisodes climatiques glaciaires du paléolithique, épidémies comme la peste noire en Europe (1347-1352)) en équilibre avec elle ?



II) A partir du XIXe siècle, l’environnement, un espace menacé et un lieu de surexploitation.


a) La Révolution industrielle, un point de bascule (car passage à l’exploitation de ressources fossiles non renouvelables). L’homme impose son temps, ses techniques. 

b) Un environnement menacé (pollutions, réchauffement climatique). 


III) Une difficile réunion entre l’exploitation et la protection.


a) Les entreprises et le green shaming. 

b) L’écologie politique. 

c) Les climato-sceptiques. 




I) Un espace à conquérir, à exploiter, mais également, un espace producteur (de la Préhistoire aux sociétés modernes)

  1. L’environnement : le lieu de la survie des hommes du paléolithique.

  2. Un bouleversement l’exploitation de l’environnement par l’homme au néolithique.

  3. Les grands cataclysmes environnementaux : une menace pour les sociétés anciennes.


II) Le romantisme et la révolution industrielle (XVIIIème siècle) 


  1. Jean-Jacques Rousseau et les romantiques, un nouveau regard sur l’environnement.

  2. La révolution industrielle, un bouleversement en matière d’exploitation de l’environnement. 

  3. L’émergence de l’écologie.


III) L’ère de l'anthropocène : l’Homme menace pour son environnement.


  1. La menace des polluants d’origine humaine.

  2. Le danger du réchauffement climatique.

  3. Des mobilisations encore éparses et désunies.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire