plan d'un navire négrier du début du XIXe siècle
Moi, Comlan, 13 ans, esclave
Je suis né près d'Ajimako (actuel Ghana), au bord de l’océan en 1757.
Je suis né dans une famille de l’ethnie Fanti, c’est le nom de mon peuple.
Nous sommes pêcheurs, guerriers et marchands. Un de mes cousins gagnait son
pain en pêchant la langouste. Quand j’étais petit, il amenait souvent des langoustes
à la maison. Et alors des langoustes, grillées sur les braises, je pouvais facilement
en manger quatre, c’était souvent lors des grandes fêtes que mes parents
organisaient.
Mes parents étaient riches. Ma mère portait toujours des robes en tissu
léger de très grande
qualité et des boucles d’oreilles en or que lui avaient vendues des marchands
touaregs. Nous avions quatre servantes et plus de quinze ouvriers.
Mes parents faisaient sécher des poissons
qu’ils vendaient aux marins blancs. Ils cultivaient des céréales aussi, pour
faire de la farine
qu’ils vendaient également aux marins blancs.
Un jour, quand j’ai eu treize ans, j’ai été envoyé chez un de mes oncles au
Nord, dans la forêt.
Il y avait de très grandes forêts là-bas. Nous étions loin de la côte. Souvent,
j’avais peur la nuit.
Nous entendions les cris des lions, des chacals et aussi des éléphants.
Ils barrissaient et j’en
étais effrayé. Je me relevais alors sur ma paillasse, attentif aux signes de la nuit.
Là-haut, au Nord, nous mangions beaucoup de fruits: des mangues,
des papayes, des abricots
et de la viande d’animaux sauvages : du porc-épic, de la gazelle, de la pintade.
J’avais souvent
peur d’aller en forêt mais mes cousins, les fils de mon oncle, pas du tout.
Eux adoraient aller
dans la forêt pour jouer, chasser ou rencontrer près de la rivière des filles
et des garçons
d’autres villages. Ils étaient très bons chasseurs et rien ne les effrayaient.
Un soir, les femmes du village sont rentrées très agitées des champs en
signalant que des
cavaliers inconnus avaient dressé un camp dans une clairière non loin du village.
Moi, j’étais
effrayé. Je sentais que quelque chose se tramait et ce soir-là je ne traînais
pas hors de la
maison après le dîner, préférant filer me cacher dans ma chambre à coucher.
Mes cousins,
évidemment, eux, étaient restés dehors le soir. Au matin, une fois réveillé,
assis pour le
petit déjeuner, ils se moquaient de moi, me traitant de “bébé” et riant du fait
qu’eux avaient
été assez valeureux pour voir le camp de ces cavaliers. Toute la soirée ils
avaient observé
leurs feux et leurs grandes tentes. Ils s’étaient promis d’y retourner le soir
même pour leur parler.
Le soir, une fois le dîner terminé (du délicieux porc-épic rôti et de la mangue
en tranche)
mes cousins se moquèrent encore de moi. Ils avaient préparé des sacs avec
des fruits et
fabriqué des lances-pierre. Ils comptaient aller offrir le tout aux cavaliers de la
clairière et
ainsi engager la conversation avec eux. Okor, mon cousin le plus âgé, était
persuadé
d’avoir vu des femmes avec eux, de belles jeunes femmes aux visages fins et aux
“mangues mûres” c’était son expression. Comme il souhaitait séduire,
ce soir-là, avant
de rejoindre la forêt, il avait bien coiffé ses cheveux et frotté sa peau avec
de huile parfumée.
Dans la forêt, nous avons facilement trouvé le campement des cavaliers.
Effectivement,
il y avait des femmes avec eux. Ils nous accueillirent très cordialement.
Toute la soirée
nous avons bu et chanté autour de grands feux. Nos cadeaux ont été
bien acceptés et
mes cousins, Okor et Kofi sont partis s’isoler avec des femmes.
Moi je restais près du
feu où des hommes buvaient en racontant des histoires drôles.
Au bout d’un moment,
je me suis endormi.
Au matin, mes cousins avaient disparu. Je tentais de partir les rejoindre
et de retourner
au village mais mes nouveaux compagnons m’en empêchaient prétextant
qu’il fallait tout
de suite retourner vers la côte. J’expliquais qu’il me fallait retourner chez moi
mais toujours
on me répondit qu’il me fallait marcher avec eux vers la côte.
Nous circulions à travers la
forêt épaisses, bientôt d’autres cavaliers se joignirent à la troupe
qui semblaient eux aussi
accompagnés tous de jeunes garçons et de jeunes filles qui semblaient
un peu perdus,
comme moi. Beaucoup étaient des captifs et des captives d’une guerre
ayant eu lieu chez
les Ashanti. Nous étions correctement nourri. J’étais souvent surveillé
par une jeune fille,
Adjo, qui parlait la même langue que moi.
Nous marchâmes plusieurs jours, d’abord libres, puis enchaînés,
après qu’un jeune garçon
eut profité de la traversée d’une rivière pour s’enfuir. Moi, la présence
d’Adjo me rassurait
et je ne songeais pas à m'enfuir.
Enfin nous arrivâmes à l’océan après plus d’un mois de marche. Là,
nous fîmes encore
la fête, mais on me garda enchaîné. L’endroit était sinistre.
Il ressemblait à un fort militaire
mais je n’y voyais aucun canon. Je passais la nuit à dormir sur de la terre battue.
Adjo avait disparu à l’arrivée au fort.
Au début de la matinée, avec les autres porteurs de chaînes,
nous fûmes dirigés vers un
port dont on ne me donna pas le nom. D’énormes navires à plusieurs
mâts attendaient.
C’est là que pour la première fois de ma vie je vis un homme blanc.
Il m’échangea contre un pistolet, un petit sac de balles de plombs et un
rouleau de tissu rouge. Soudain, je me suis mis à pleurer.
1. Relevez et expliquez les mots inconnus.
2.Qui sont les personnages rencontrés, d'où viennent-ils?
3.Comment Comlan est-il fait esclave?
4.Où Comlan est-il emmené? Contre quoi est-il échangé?
5.Quels sont les deux moyens visibles pour devenir esclave?
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