PREMIERE STMG 2022-2023 La Révolution française (partie 1)

 

CHAPITRE 1 - LA RÉVOLUTION ET L’EMPIRE (1789-1815)


PROBLÉMATIQUE : Comme la révolution française bouleverse-t-elle l'Europe entière, à partir de 1989 ?  


A. 1789-1790 : vers l'Égalité


La première partie de la Révolution française (1789-1791) est marquée par un objectif de rationalisation et de lutte pour l'égalité en France. 


Dans quel contexte apparaît la Révolution ?


Ce sont d'abord les problèmes financiers de la couronne qui amèneront les premières réformes.  


En 1788 le déficit financier est colossal. Louis XVI (monté sur le trône en 1774) ne peut plus honorer ses dettes. Pour résoudre ses difficultés financières le roi accepte de convoquer les États Généraux pour le 5 mai 1789. 


Plusieurs raisons à cette faillite toute proche des comptes royaux : 

  • le financement des guerres contre l’Angleterre au XVIIIème siècle,

  • le soutien militaire et financier apporté aux insurgés américains (la guerre d’indépendance des Etats-Unis a démarré en 1776), 

  • le train de vie de la Cour de Versailles et les pensions octroyées par le roi, aux nobles. L’affaire dite “du collier de la reine” à beaucoup choqué les Français.

  • De plus, les impôts récupérés par le trésor royal ont été faibles en 1787 et 1788 du fait des mauvaises récoltes.


Pour le roi, l’idée est de faire enregistrer par des représentants élus dans les provinces de nouveaux impôts et ainsi d’éviter au pouvoir royal la faillite. Comme il est d’usage de profiter  des États Généraux pour remonter au roi des revendications, les Français rédigent donc au cours de l’hiver des Cahiers de doléances dans lesquels ils synthétisent leurs difficultés et revendications dans l'attente du mois de mai 1789 et l’ouverture des États Généraux. Sur le conseil de Jacques Necker, son ministre des finances, Louis XVI a accepté pendant l’hiver l’idée du doublement des députés du Tiers-État.  


Le Tiers-État aura autant de députés (600 députés) que les deux autres ordres (la Noblesse et le Clergé, dont les membres sont également souvent nobles) réunis. Mais le vote se fera toujours par ordre (un ordre égal une voix).


La mise en place de réformes : le temps de la Constituante.


Dès la première séance du 5 mai, les ordres s’affrontent. Les députés du Tiers-État refusent le vote par ordre et le 17 juin les députés du Tiers-État font sécession et se déclarent Assemblée nationale. Ils considèrent désormais qu'ils sont les seuls représentants de la Nation. Ils invitent chaque député des autres ordres à les rejoindre dans leur salle, dite du “jeu de Paume” (un jeu de tennis primitif).


1.Localisez le roi, les représentants du Clergé, les représentants de la Noblesse et ceux du Tiers-État. 

2.Pourquoi l’organisation des États Généraux est-elle défavorable au Tiers-État? 


Le 20 juin, réunis dans la salle du jeu de paume, ils prêtent serment de ne pas se séparer avant d’avoir élaboré une constitution pour la France. L’Assemblée se déclare alors Assemblée nationale constituante et dans Paris on parle de “Constituante” pour la désigner.


Le 23 juin, les députés du Tiers refusent tout travail par ordre. Alors qu’un courtisan envoyé par le roi demande qu’ils quittent la salle le député du Tiers, Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau l'apostrophe : 

« Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et qu'on ne nous ne sortirons que par la force des baïonnettes! » 

Louis XVI aurait alors répondu très vulgairement:

« Hé bien, foutre! Qu’ils restent! » 


Pour soutenir cette nouvelle assemblée que Louis XVI tarde à reconnaître, des milices se  forment dans Paris, les gardes françaises. Des émeutes éclatent dans les faubourgs et des magasins sont pillés. Beaucoup de parisiens sont affamés car le blé coûte de plus en plus cher. 


Le 14 juillet 1789, craignant que le roi n’étouffe la révolution naissante une foule de parisiens et de miliciens s’empare de la Bastille, symbole royal de l’oppression dans le but de trouver des armes pour défendre l’Assemblée nationale constituante d’une possible attaque des troupes royales.


1.Que venaient chercher les citoyens à la Bastille?

2.Pourquoi la chute de la Bastille symbolise-t-elle la chute

de l’arbitraire royal? 


Au cours de l’été la Révolution s’accélère. 

Dans les campagnes, c’est la Grande Peur, des paysans affamés pillent les magasins et attaquent également les châteaux seigneuriaux pour brûler les registres où sont conservés les impôts et tous droits seigneuriaux.


La nuit du 4 au 5 août 1789, l’assemblée constituante confirme cette destruction des impôts et droits seigneuriaux entamés dans les campagnes en abolissant l’ensemble des privilèges et des droits seigneuriaux pour l’ensemble du territoire français. En une nuit, l’Ancien Régime, l’ordre organisationnel du royaume de France né au début du Moyen-Âge disparaît.


Le 26 août 1789, l’Assemblée Nationale constituante proclame l’égalité entre tous les citoyens dans un texte fondateur des droits humains : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, où sont affirmés les principes d’une société juste : liberté, égalité, fraternité.  



1.Que font les personnages représentés?

2.Retrouvez : les représentants de l’Assemblée Nationale, les membres de la Garde Française, les sans-culottes, le chœur des femmes, les musiciens, l’arbre de la Liberté avec sa cocarde?

3.En quoi les cérémonies de plantations d’arbres de la Liberté (entre 1790 et 1794) permettent-elles d’affirmer (d'enraciner) la Révolution au cœur du territoire français? Quel idée symbolique est défendue ?


B. 1790-1792 : La fin de la royauté


À partir de l’été 1789, Paris, où siège l’Assemblée nationale redevient le centre de la vie politique française. 

Le 14 juillet, la Bastille est tombée. 


Au début de l'automne, (le 6 octobre) le roi et la famille royale s'installent à Paris dans le château des Tuileries (près du Louvre) sous la contrainte de l’Assemblée et d'une marche de femmes venues réclamer du grain et une audience royale. Le 12 octobre 1789, l'Assemblée s'installe également à Paris (dans le manège des Tuileries

contre le palais du roi).


L’Assemblée nationale devenue assemblée constituante (puisque qu’elle s’est donnée la mission de “donner à la France une constitution” le 20 juin lors du serment du jeu de Paume) réorganise la France. 


Quelques grandes réformes de la “Constituante”:

- Nationalisation des biens du clergé (2 novembre 1789) et création du “domaine national” par agglomération des biens du clergé et des biens de la Couronne dans le but de rembourser les dettes de la couronne et de gager les “assignats” (la première monnaie papier nationale). 

- Suppression des rentes, redevances et des dîmes (impôts payés à l'Église) et création de nouveaux impôts payés par tous.

- La Constituante affirme l’unité du pays. 83 départements sont créés afin de simplifier l'administration.

- Suppression des corporations et des associations professionnelles.  

- Interdiction de la torture.

- Création du mariage civil, de l’état civil et autorisation du divorce. 

- Constitution civile du clergé (12 juillet 1790), les prêtres doivent prêter serment au nouveau pouvoir.

- Rationalisation et unification des poids et mesures (adoption du mètre le 26 mars 1791).

- Fin des discriminations légales à l’endroit des protestants et citoyenneté octroyée aux juifs.



Cette carte montre bien l'objectif de rationalisation tous azimuts de l'Assemblée Nationale constituante. Cette carte, présentant une ébauche de départements de forme carré est présentée à l'Assemblée le 29 septembre 1789.



1.Dans quelle mesure cet assignat, un moyen de paiement, apparaît-il également comme un outil d’affirmation de la nation? 

2.Quelles mesures sont prises (dans sa fabrication) pour empêcher les contrefaçons?


Le 14 juillet 1790 le gouvernement célèbre lors de la fête de la Fédération l’unité et la réconciliation des Français mais les difficultés demeurent. Les célébrations sont présidées 

par le marquis de Lafayette, homme faisant le lien entre la Révolution et la famille royale.

L’Église est divisée face à la constitution civile du clergé  et face au salariat des prêtres. 

Par ailleurs Louis XVI est de plus en plus hostile à la Révolution. 



1.En quoi le marquis de La Fayette s’affirme-t-il ici, dans ce portrait (peint en 1834 mais le représentant en 1791) comme un soutien de la Révolution?


Le 3 septembre 1791, la constitution est enfin adoptée. Olympe de Gouges, une femme politique et également célèbre pour ses écrits de théâtre rédige et publie en septembre 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle réclame l’égalité des droits; comme elle soutient l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. 


La France devient une monarchie constitutionnelle où le pouvoir est partagé entre le roi et une assemblée élue. Mais dès le début de son application, le système fonctionne mal. Louis XVI s’oppose par veto à l’assemblée et freine l’application des lois votées. Il soutient publiquement les prêtres réfractaires, il est ouvertement opposé à l’abolition des privilèges. De plus en plus isolée, effrayée par les "Sans-Culottes" (les partisans les plus radicaux de la Révolution, qui souhaitent une république) opposée à l’Assemblée et aux réformes, la famille royale organise une tentative de fuite pour le printemps 1791. 


Le 20 juin 1791 le roi et la famille royale ont quitté Paris déguisés en direction de la frontière de l’Est. Louis XVI et la famille royale sont reconnus et arrêtés à Varennes, en Argonne le 21 juin 1791 (Louis XVI a été reconnu par le maître de poste, Jean-Baptiste Drouet, à l’aide d’un assignat ou d’une pièce de monnaie portant son portrait, comme ci-dessous).




Dans les clubs politiques l’idée s’impose de la déchéance du roi. Les clubs sont des endroits publics ou des questions politiques et philosophiques sont débattues, les plus célèbres sont le club des Jacobins et celui des Cordeliers à Paris). Celle-ci est votée le 10 août 1792 la monarchie constitutionnelle est suspendue. La France est de fait, désormais, une république. 



Deux portraits de révolutionnaires. Robespierre “l’Incorruptible” à gauche et Danton à droite, deux Jacobins favorables à l’instauration de la République.

Deux portraits de révolutionnaires. Robespierre “l’Incorruptible” à gauche et Danton à droite, deux Jacobins favorables à l’instauration de la République. 


Mais depuis l’étranger, la réaction des nobles s’organise. 

Les monarchies (Prusse et Autriche) soutiennent les “émigrés” (des nobles qui ont quitté la France à partir de l’été 1789 et qui complotent et s'arment contre la Révolution).  

Le 20 Avril 1792, l’Assemblée vote la déclaration de guerre contre l’Autriche et organise le combat contre les émigrés. 


C. La Première République


Le 20 septembre 1792, l’armée prussienne alliée de l’Autriche attaque la France et est vaincue à Valmy. C’est une grande victoire pour les soutiens de la Révolution.


Le général Kellermann harangue ses troupes à Valmy le 20 septembre 1792 (affiche scolaire des années 1950.

Le 22 septembre 1792 l’Assemblée législative proclame officiellement la République et le 21 janvier 1793, le roi est guillotiné à Paris. L’Assemblée prend le nom de Convention nationale et devient le centre unique du pouvoir.

En Europe, suite à la mort du roi, une nouvelle coalition se forme parmi les souverains étrangers contre la France. Dans l’Ouest, en Vendée et en Bretagne, aidés par l’Angleterre, des paysans, des bourgeois et des nobles se soulèvent contre la République: c'est l'insurrection de Vendée (celle-ci durera jusqu'en 1796), les insurgés se surnomment eux-mêmes les Chouans.

La guerre et les révoltes intérieures affaiblissent l’économie française. Les Sans-culottes réclament alors des décisions radicales pour sauver la République. Un gouvernement révolutionnaire, le Comité du Salut Public est créé, il est dirigé par Maximilien de Robespierre, une figure du parti des “montagnards”, un Jacobin.

La loi des suspects et la mise en place d’un tribunal révolutionnaire permettent d’arrêter, de juger et d’exécuter sans appel les personnes désignées comme ennemis de la Révolution.

Les députés les plus modérés sont arrêtés à partir du mois de juin 1793 et exécutés (comme les Girondins arrêtés collectivement et guillotinés le 31 octobre 1793, comme Jacques-Pierre Brissot de Warville). 

Robespierre, assisté de Saint-Just et de Billaud-Varenne a instauré un gouvernement révolutionnaire et décrète la Terreur, instaurée par la loi des suspects le 17 septembre 1793 puis par la loi du 22 prairial an II qui ouvre  la période de “Grande Terreur”. Ce gouvernement d'exception sauvegarde la République mais il est marqué par une répression importante et souvent injustifiée.

Quelles décisions marquent la radicalité du gouvernement de Robespierre?

- Le commerce et l’industrie sont encadrés. On parle de “dirigisme économique”.

- Les lois sur le "maximum des prix" encadrent les prix et les sans-culottes surveillent le commerce des grains pour permettre d’écarter la famine. 

- Des mesures sociales sont prises : aides et assistances aux pauvres, aux veuves. Le 5 octobre 1793, le calendrier est déchristianisé, l’année 1792 devient l’an 1 de la liberté. Les mois portent des noms de phénomènes naturels. La décade est adoptée.

Mais la répression est terrible, 17 000 personnes sont guillotinées, 20 000 sont fusillées, dont de nombreuses femmes. On estime que les répressions de la Terreur entraîneront la mort d’environ 100 000 personnes en France, hommes, femmes et enfants.

1) Comment est mis en scène dans cette gravure le soutien populaire à l’exécution de Louis XVI? 


Robespierre fait interdire la religion chrétienne et instaure un nouveau culte dédié à l’Être Suprême. Des églises sont profanées, transformées en ateliers ou en prisons. Le mariage est uniquement civil et désormais le divorce est autorisé. 


En octobre 1793 les tombeaux royaux de l’abbaye de Saint-Denis sont profanés. 


Le 16 pluviôse an II (selon le calendrier révolutionnaire) soit le 4 février 1794, l’esclavage est aboli. 


Isolé à la Convention, affaibli, Robespierre est accusé le 27 juillet 1794 (9 thermidor an II). Il est guillotiné le 28 juillet 1794 sans jugement après avoir été arrêté dans les locaux de la maire de Paris, où le maire est favorable à la Terreur. Avec sa mort et celle de ses derniers partisans, c’est la fin de la Terreur. 


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